Dans l’attente de la promulgation de la nouvelle loi de change et la loi Startup Act 2.0 toujours en gestation, alors que la première, celle de 2019, prise pour référence par l’Union africaine, a inspiré d’autres États comme l’Algérie, le Sénégal et le Rwanda, qui eux progressent pendant que la Tunisie recule, les start-uppeurs tunisiens avancent même si le rythme des politiques nationales de développement technologique est trop lent et trop réducteur pour leurs idées.

Le gouverneur de la BCT Fathi Ennouri, a promis un code de Change qui changera le paysage de l’investissement et de l’entrepreneuriat en Tunisie, prions pour que cela se vérifie après promulgation.

Alaya Bettaieb, DG de Smart Tunisia rappelait dans le rapport annuel de Startup Tunisia 2021 la grande réalisation que fût la promulgation de la loi Startup en 2019 “amorçant une toute nouvelle dynamique dans le pays et constituant le premier des 3 piliers de l’initiative Startup Tunisia” mais qu’en est-il aujourd’hui, alors que le monde entre de plain pied dans l’ère de l’intelligence artificielle, de l’évolution technologique en Tunisie et quel avenir pour les startups labellisées qui avancent à un rythme de 20 nouvelles créations par mois ?

“Bravant le contexte économique difficile, les startups tunisiennes arrivent à tirer leur épingle du jeu et à réaliser des chiffres d’affaires relativement importants.”

Des startups qui partent excédées par la lourdeur de l’appareil administratif et la complexité administrative. En 2021, on a dénombré 103 startups fondées par des Tunisiens installées à l’étranger. Elles se trouvent aux 4 coins du monde. 64 startup sont installées en France qui a la part du lion, 10 en grande Bretagne, 8 en Allemagne, 4 à Dubaï, 2 en Chine, 1 au Japon, 2 en Suisse, 1 en Belgique, 1 en Hollande, 1 en Pologne, 1 en Espagne, 1 au Liechtenstein, 1 en Turquie, 1 à Bahreïn et 1 en Arabie Saoudite.

Pendant que certains présumés économistes créent de nouvelles théories et tirent le pays vers un obscurantisme économique jamais vécu par le pays auparavant, les émules des nouvelles technologies avancent à pas de géants préférant quitter un pays qui ne reconnaît ni modernité, ni progrès !

La Tunisie d’initiatrice de la startup Act 1 risque de se retrouver à la traine !

La Tunisie a, il est vrai, grâce au startup Act 1, été avant-gardiste mais ce n’est plus le cas.

C’est un pas condamné à initier des mouvements de développement économique et technologique et à s’arrêter au milieu de la route se laissant surpasser par les autres. Si la Tunisie ne prend pas conscience de la rapidité des avancées technologiques et de la lenteur de ses réalisations en l’absence des stratégies concrète et réalisables, elle risque de sortir de la carte mondiale des nouvelles économies.

“Créer de nouvelles startups, croire encore dans un système, aussi approximatif soit-il, est la preuve que les jeunes sont résolus et s’engagent avec détermination sur le chemin du développement de l’entrepreneuriat dans les nouvelles économies.”

Cela alors que bravant le contexte économique difficile, les startups tunisiennes arrivent à tirer leur épingle du jeu et à réaliser des chiffres d’affaires relativement importants. En 2021, elles ont réalisé un CA de 120 millions de dinars, soit une hausse de 67% en glissement annuel et en pleine période post covid.

La configuration des startups se présente comme suit selon une étude d’Entrepreneurs of Tunisia : 35,65 % sont fondées par des femmes, 79 % ont été créées par plus d’un fondateur. 164 évoluent dans le secteur “Software, Big Data et analytics, 138 dans le E-Commerce et Marketplace et 82 dans les “Medias, gaming & Other Creative Content”.

Les secteurs qui ont rayonné en 2023 évoluent dans la “Healthtech” avec la création de 8 startups, le Business Software and Services avec + 18 startups, l’Agritech +7 startups, les “Consumer Products And Services” + 7 startups, le “Cleantech & Energy” +7 startups et “Transport, logistics et mobility” + 7 startups.

Créer de nouvelles statups, croire encore dans un système, aussi approximatif soit-il, est la preuve que les jeunes sont résolus et s’engagent avec détermination sur le chemin du développement de l’entrepreneuriat dans les nouvelles économies malgré des infrastructures très approximatives et un réseau qui ne figure pas parmi les plus rapides dans le Nord de l’Afrique.

“Il faudrait peut-être prendre connaissance de l’état de développement des start-up une fois labellisés: le capital, l’accélération ainsi que les barrières de toutes natures.”

Ainsi nous pouvons lire sur le site “speedtest global index” que l’Algérie a enregistré une amélioration substantielle de la vitesse médiane de téléchargement du haut débit fixe entre 2020 et 2023, multipliée par 4,5 pour atteindre 11,34 Mbps tout comme d’autres pays, à l’exception de la Tunisie, qui ont vu leurs vitesses médianes de téléchargement du haut débit fixe plus que doubler au cours de la même période.

Le Maroc a connu une augmentation significative de la vitesse médiane de téléchargement, avec une multiplication par plus de 22 pour atteindre 19,09 Mbps au troisième trimestre 2023. Les autres pays d’Afrique du Nord ont connu des améliorations plus modestes des vitesses de téléchargement, allant d’une multiplication par 1,5 en Algérie à une multiplication par 2,5 en Tunisie.

Dans cet état de choses, nous ne pouvons ignorer l’exceptionnalité des jeunes tunisiens qui créent, innovent, rayonnent malgré toutes les entraves techniques et réglementaires. A ce propos, comme mentionné par El Moez sur la page Entrepreneurs of Tunisia, “Il faudrait peut-être prendre connaissance de l’état de développement des start-up une fois labellisés: le capital, l’accélération ainsi que les barrières de toutes natures”.

Amel Belhadj Ali

https://www.speedtest.net/global-index/tunisia