La situation critique des ressources en eau en Tunisie a été au cœur de la première édition du salon national de la technologie et de l’innovation agricoles « Tuni Agri Tech » qui se tient, les 20 et 21 avril 2024 à l’Ecole supérieure d’agriculture de Mograne à Zaghouan, à l’initiative de la Jeune chambre internationale de Zaghouan (JCI) en collaboration avec l’Union régionale de l’agriculture et de la pêche (URAP) et l’UTAP.
La dérive climatique et son impact sur la situation hydrique en Tunisie ont ainsi été largement débattus par Dr Raoudha Gafrej, experte internationale dans le domaine de la gestion intégrée des ressources en eau et de l’adaptation au changement climatique.
Gafrej a mis l’accent sur la nécessité d’une gestion intégrée de l’eau qui prend en considération la forte interdépendance entre l’eau, l’énergie et la sécurité alimentaire, respecte le cycle naturel de l’eau et les besoins des écosystèmes et valorise la biodiversité.
Soulignant l’aspect international et régional de la crise hydrique, l’experte a souligné l’importance d’une démarche de responsabilité et de conscience globale et générale basée sur une compréhension scientifique du cycle naturel de l’eau et des défis actuels et futurs qui y sont liés.
Considérant que l’eau c’est la politique, elle a ainsi insisté sur l’impératif d’une bonne gouvernance de la ressource eau afin d’éviter tout type de gaspillage au niveau des réseaux de distribution mais aussi de la part du consommateur final (gaspillage direct des ressources en eau, gaspillage alimentaire…).
Cette gouvernance devrait aussi rationaliser l’exploitation des ressources souterraines qui couvrent la majeure partie de nos besoins en eau en instaurant plus de rigueur en matière d’exploitation de ces ressources, en interdisant les forages anarchiques et en assurant le contrôle nécessaire pour éviter les dépassements dans ce sens.
Un appel à la conscience a été aussi lancé par Dr, Ayoub Fouzai, enseignant à l’Ecole supérieure d’agriculture de Mograne, dont l’intervention a porté sur la thématique de l’agriculture circulaire.
Fouzai a insisté à cet effet sur la nécessité de s’engager dans une démarche d’économie circulaire en remplacement de l’économie linéaire, qui a montré ses échecs et conduit à un épuisement des ressources, notamment celles en eau.
Il a fait remarquer que le rythme d’exploitation actuel des ressources est en train de dépasser, de loin, leur capacité de renouvellement ainsi que la capacité de régénération de la planète Terre qui abritera en 2100, environ 11 milliards de personnes.
Au cours du premier jour de ce salon, une séance de démonstration technologique de mécanismes d’agriculture de précision (systèmes d’irrigation, drone agricole, agriculture connectée…) développés par des startups innovantes a également eu lieu.
En marge de cette démonstration, Mohamed Mekki Maalej fondateur de la Startup IrWise qui a développé un système intelligent dédié à l’irrigation de précision a annoncé que ce système sera offert à l’Ecole supérieure d’agriculture de Mograne pour servir de base de recherche aux étudiants de l’école mais aussi pour que sa mise en application soit vulgarisée auprès des agriculteurs.