“A chaque fois que je reviens à Tunis, et particulièrement à la médina j’éprouve le sentiment de me retrouver chez-moi avec toujours cette envie de découvrir ce qui nous rapproche encore plus et c’est ce que je montre à travers l’Abécédaire Sicilien” c’est ainsi que l’écrivain palermitain de renommé Roberto Alajmo s’est exprimé samedi après-midi lors d’une rencontre « Abécédaire méditerranéen » dédiée à l’histoire et la culture de la Méditerranée, et organisée au pavillon de l’Italie, invitée d’honneur de la foire internationale du livre de Tunis.

« Après les fous de Palerme », l’écrivain mais aussi journaliste, dramaturge et philologue explore encore une fois les mots pour raconter l’histoire de son île qu’il aime tant la Sicile et de sa ville natale Palerme en s’intéressant aux origines des mots et leur perpétuelle évolution dans un dialecte dont il tente de définir le caractère identitaire de toute une région, ou peut-être de toute l’Italie dans son contexte historique avec un regard tourné vers l’espace méditerranéen.

Dans les 200 pages de son livre “Abecedario Siciliano” (2023), l’anthropologue revient sur une centaine de mots qu’il tente de placer dans leur contexte historique en remontant aux origines de chacun pour déceler une signification et d’en expliquer le sens linguistique selon l’usage dans chaque expression dans la région de la Sicile qui demeure la source de son inspiration littéraire, et à l’origine d’une production prolifique qui compte plusieurs œuvres traduites en anglais, français, néerlandais, espagnol et allemand.

En définissant les extrêmes sémantiques de l’identité méditerranéenne et de la circulation des mots et de leur influence sur le dialecte, Roberto Alajmo et le journaliste et écrivain tunisien Hatem Bourial qui l’accompagne dans le dialogue, montrent à quel point les mots qui nourrissent le quotidien, ont ce pouvoir d’enrichir les pensées, les conversations et la mémoire car finalement les mots qui circulent en disent long sur notre passé, notre présent voire notre futur. C’est pourquoi la relation entre le mot et le dialecte est abordée selon une charge culturelle propre à une certaine civilisation, à un certain pays, à une certaine région, en rapport avec ce que véhicule ce mot dans son contexte.

Le sicilien a rappelé Hatem Bouriel a été une langue parlée en Tunisie jusqu’aux années 70 avec la présence d’une grande communauté italienne dans plusieurs villes tunisiennes qui gardent les traces d’une histoire commune et donc d’une culture partagée, ce qui mérite de faire objet d’un abécédaire des toponymes qui font partie aussi de l’identité et des valeurs culturelles, a-t-il lancé.