L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rapporté une “surutilisation généralisée” d’antibiotiques chez les patients hospitalisés pour COVID-19 entre janvier 2020 et mars 2023, ce qui pourrait avoir exacerbé la propagation “silencieuse” de la résistance aux antimicrobiens (RAM).
Alors que seulement 8 % des patients hospitalisés atteints du COVID-19 présentaient des co-infections bactériennes nécessitant des antibiotiques, trois patients sur quatre, soit environ 75 %, ont été traités avec des antibiotiques “juste au cas où” ils pourraient aider, indique vendredi l’OMS sur son site.
“Lorsqu’un patient a besoin d’antibiotiques, les avantages l’emportent souvent sur les risques associés aux effets secondaires ou à la résistance aux antibiotiques. Cependant, lorsqu’ils sont inutiles, ils n’offrent aucun avantage tout en posant des risques, et leur utilisation contribue à l’émergence et à la propagation de la résistance aux antimicrobiens”, a déclaré Silvia Bertagnolio, chef de l’unité de l’OMS pour la surveillance.
Dans l’ensemble, selon l’organisation onusienne, “l’utilisation d’antibiotiques n’a pas amélioré les résultats cliniques des patients atteints de COVID-19. Mais cela pourrait plutôt nuire aux personnes sans infection bactérienne, par rapport à celles qui ne reçoivent pas
d’antibiotiques. Cela souligne la nécessité urgente d’”améliorer l’utilisation rationnelle des antibiotiques afin de minimiser les conséquences négatives inutiles pour les patients et les populations”.
Les données ont été collectées auprès de quelque 450 000 patients admis dans les hôpitaux pour COVID-19 dans 65 pays sur une période de trois ans entre janvier 2020 et mars 2023. Les résultats sont présentés dans une affiche scientifique de l’OMS partagée à l’occasion du congrès mondial de “la Société européenne de microbiologie clinique et de maladies infectieuses (ESCMID), qui se déroule à Barcelone, en Espagne, du 27 au 30 avril.