Bien qu’il soit un véritable moteur de développement économique, l’entrepreneuriat bleu chez les jeunes en Tunisie demeure aujourd’hui “mal ou sous exploité”, et ce, en raison de plusieurs facteurs liés essentiellement, à leur manque de connaissance du milieu marin, révèle une étude menée par le Centre International des Technologies de l’Environnement (CITET) sur les opportunités pour les éco-entrepreneurs dans les secteurs de l’économie bleue en Tunisie.
” Certains stéréotypes sont à l’origine de la réticence des jeunes, notamment, ceux inactifs (sans emploi et ne poursuivant ni études ni formation) et ceux non spécialisés dans les questions marines, à se lancer dans l’économie bleue. Pour eux, ce secteur reste l’apanage des pêcheurs”, a expliqué Emna Sohlabji, consultante en droit de la mer, auprès du CITET qui a présenté cette étude, lors d’un atelier tenu, mardi, au siège du centre.
Menée en collaboration avec MedWaves, le centre d’activités régional pour la consommation et la production durables du Plan d’action pour la Méditerranée du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE/PAM) et financée par l’Union européenne, cette étude évoque d’autres facteurs qui découragent les jeunes à entreprendre dans le secteur de l’économie bleue, lesquels sont d’ordre administratifs et réglementaires.
Ces facteurs se caractérisent notamment, par l’absence d’un cadre juridique adapté à l’économie bleue et l’incertitude juridique à propos des droits d’utilisation de l’espace maritime, de la propriété et de l’exploitation des ressources. Cela explique en partie la désaffection des jeunes entrepreneurs pour l’entrepreneuriat bleu.
En outre, le manque de coordination institutionnelle entre les secteurs de l’économie bleue rend les processus d’autorisation complexes, longues et opaques, ce qui entrave l’accès des jeunes entrepreneurs à des informations, à des conseils et à des ressources nécessaires.
Hormis ces obstacles, l’étude cite aussi des difficultés financières, dans la mesure, où certaines activités maritimes demandent un investissement lourd et ne sont pas soumis à des avantages financiers, ce qui démotive les jeunes à exercer dans ce secteur qui englobe pourtant différents autres sous-secteurs comme le tourisme, le pescatourisme (activité de diversification, permettant aux pêcheurs professionnels, à titre d’activité complémentaire rémunérée, d’accueillir à bord de leur navire des personnes pour leur faire découvrir leur métier, mais aussi l’environnement marin) ainsi que la gastronomie.
Développer des programmes de mentorat pour accompagner les jeunes
Pour relever ces défis, ladite étude suggère de prendre des mesures consistantes notamment, à développer des programmes de mentorat et d’immersion professionnelle avec les professionnels de la mer, afin d’assurer un accompagnement des jeunes candidats à mieux explorer leurs idées de projets et de s’entourer de mentors du métier pour être épaulé, le long du parcours de l’incubation du projet.
Et d’ajouter qu’il serait également intéressant d’établir à travers le réseau SAADE (Services d’Aide au Développement des Entreprises, des connexions et de construire un réseau professionnel solide dans le domaine, en profitant des services et conseils des acteurs publics et privés et de partenariat avec des organisations pour mieux élargir leur spectre d’intervention et acquérir les compétences nécessaires, en termes de formation.
En guise de conclusion, l’étude souligne que les nouveaux métiers de la mer méritent une attention particulière, une bonne gouvernance et des infrastructures et des exigences de traçabilité adéquates afin de favoriser le développement de l’entreprenariat bleu en Tunisie.
Ces nouveaux métiers doivent être aussi accompagnés par des nouvelles études sur l’état des lieux des secteurs de l’économie bleue en Tunisie, notamment, face aux phénomènes des changements climatiques, afin d’adapter ces nouvelles activités économiques aux réalités environnementales changeantes.
Une stratégie d’apprentissage de l’économie bleue qui doit s’appuyer sur les politiques et programmes de développement et de formation existants relatifs à l’économie bleu et au changement climatique est également nécessaire, estime la même source.
En Tunisie, les activités en relation avec la mer et le littoral représentent près de 16% du PIB, selon un rapport qui vient d’être publié par l’association « Racines et Développement Durable » (RDD). A la tête de ces activités figurent le tourisme balnéaire, qui à lui seul dépasse les 13% (y compris les services connexes liés au tourisme), la pêche et l’aquaculture, l’extraction de pétrole et de gaz offshore et le transport maritime représentent, quant à eux, 3% du PIB.