Une cérémonie en hommage à l’écrivaine palestinienne Adania Shibli, auteure de “Minor Detail”, a été organisée, lundi soir, au centre culturel des arts et métiers de Semmama, à Kasserine. Adania Shibli est en Tunisie dans le cadre de sa partcipation à la 38ème édition de la Foire internationale du livre de Tunis, organisée du 19 au 28 avril.
A Kasserine, l’écrivaine a reçu un bouclier en fer conçu par l’artiste-plasticien, Yamen Abdelli, une couronne en romarin, une médaille en fibres d’Alfa teinte aux couleurs du drapeau palestinien et des créations d’artisanes du Mont Semmama.
Des artistes, artisans, bergers et enseignants au Centre des arts et métiers de Semmama, ont assisté à la cérémonie organisée “en solidarité avec l’écrivaine suite à l’annulation de la cérémonie en l’honneur de Adania Shibli “, en marge de la 75ème édition de la Foire du Livre de Francfort (Allemagne), a déclaré l’activiste et directeur du Centre culturel des arts et métiers de Semmama, Adnene Helali.
Dans une déclaration à la correspondante de TAP à Kasserine, le fondateur de la fête des bergers, a dit que le Centre culturel de Semmama, perpétue une tradition qui date depuis son inauguration en 2018, à travers des manifestations en faveur de la cause palestinienne.
Adania Shibli est invitée en Tunisie après avoir été privée fin 2023 du prix littéraire LiBeraturpreis et l’annulation de la cérémonie de remise du prix de LiBerturpreis» pour son roman “Minor Detail” (Détail mineur) dans le cadre de la Foire du livre de Francfort.
L’Association LitProm organise ce prix allemand, décerné, chaque année, à des oeuvres récentes d’écrivaines issues d’Asie, d’Afrique, du Monde arabe et de l’Amérique latine. Elle avait décidé de reporter la cérémonie du 20 octobre 2023 consacrée à l’attribution du prix à l’écrivaine et essayiste palestinienne.
“Minor Detail” (Détail mineur) est un roman traduit en plusieurs langues qui raconte le récit d’une palestinienne violée puis tuée par des soldats israéliens en août 1949, soit un an après la Nakba, le premier exode forcé des Palestiniens. Ce livre de l’écrivaine native de la ville d’Al Khalil en Cisjordanie et vivant actuellement en Allemagne, était qualifié d’antisémite.
Suite à l’annulation de la cérémonie de remise du prix, un large élan de solidarité a été manifesté par plusieurs institutions, écrivains et éditeurs arabes et tunisiens. L’Union des Editeurs Arabes avait décidé de boycotter la 75ème édition de la Foire du Livre de Francfort, rejetant sa position favorable aux attaques des forces l’occupation sur la Bande de Gaza et la décision d’annuler la cérémonie en hommage à l’écrivaine palestinienne.
En Tunisie, la maison du livre (Dar Al-Kitab) avait annoncé sa décision de prendra en charge toutes les œuvres de Adania Shibli, pour en assurer la publication et la distribution dans tous les pays du monde et dans les foires arabes et internationales, en signe de solidarité avec le droit de visibilité aux voix palestiniennes.
Dans une rencontre, organisée, ce dimanche 28 avril, dans le cadre de la Foire internationale du livre de Tunis, l’écrivaine a déclaré que “la littérature palestinienne est interdite dans les territoires occupés et les publications sont soumises à la censure dans une tentative d’effacer la Langue arabe”. “Malgré les restrictions strictes des forces de l’occupation sur le livre palestinien, les Palestiniens parviennent toujours à trouver les moyens de se procurer des livres”, a-t-elle ajouté.
“Outre la littérature, la lecture constitue aussi un acte de résistance”, a fait savoir Adania Shibli, estimant que “la langue n’est pas uniquement un moyen de communication, mais un moyen pour preuve son existence”. A cet égard, elle est revenu sur la période de la Nakba durant laquelle « l’occupation israélienne avait démoli 485 villages mai n’a jamais réussi à effacer les noms de ces villages, pourtant disparus de la carte”.
Adania Shibli a indiqué que les écrivains palestiniens oeuvrent à se réunir, à échanger leurs positions respectives et à s’exprimer dans la revue “Majallat 28” (un chiffre qui renvoie au nombre des lettres dans l’Alphabet arabe).
“Actuellement, l’écrivain palestinien est beaucoup plus préoccupé par la souffrance de la population dans la bande assiégée de Gaza que par l’acte d’écriture”, a-t-elle dit.
L’écrivaine de “Minor Detail” a affirmé avoir reçu des offres de la part de réalisateurs en France et au Danemark pour adapter son roman au cinéma. Cependant, elle s’est montré “peu enthousiaste” par crainte que l’adaptation cinématographique ne soit pas fidèle au contenu de son roman et “ne coïncide pas avec l’idéologie palestinienne”.