Il est important d’établir des partenariats avec les pays africains pour créer ensemble de la richesse, dans un esprit de co-développement, a affirmé Lazhar Bennour, Directeur Général de la coopération économique et commerciale, au ministère du Commerce et du développement des exportations.
Intervenant à une rencontre sur «la triangulation franco-germano-tunisienne vers le continent africain : renforcer les horizons, renforcer les liens économiques» tenue, mardi, à Tunis, il a précisé que «les ambitions de la Tunisie consistent, surtout, à ouvrir des perspectives dans le continent africain, au secteur privé, alors que historiquement les échanges du pays sont concentrés vers l’Union européenne.
Cette diversification doit avoir lieu en coopération avec les partenaires européens dans une approche gagnant-gagnant, a –t-il ajouté. A cet égard, le responsable a cité le projet du corridor africain vers les pays enclavés de l’Afrique, relevant du ministère du commerce. C’es un projet tuniso-libyen de développement commercial, économique et social qui va ouvrir à ces pays enclavés, les possibilités d’avoir un accès à la Méditerranée à travers la Tunisie.
Une étude préliminaire de cadrage de ce projet a été déjà réalisée avec l’appui de la GIZ, a avancé Bennour, affirmant que la Tunisie est très engagée dans ce projet qui va changer le modèle de développement du pays, basé depuis les années 70, sur la sous-traitance au profit des entreprises européennes.
De son côté, le PDG du Centre de promotion des exportations (CEPEX) Mourad Ben Hassine a mis l’accent sur l’importance pour la Tunisie de déployer davantage d’efforts pour booster le commerce interafricain, d’autant plus que ce continent est en train d’enregistrer une évolution économique assez importante.
En 2023, les revenus de l’export de la Tunisie ont atteint 62 milliards de dinars, mais la part des exportations vers l’Afrique subsaharienne représente seulement 3,5% du total des exportations. Par rapport à l’année 2022, les exportations vers l’Afrique sont restés presque stables, marquant une légère baisse de 1%.
«Cette situation amène la Tunisie à réfléchir sur l’adoption de nouvelles méthodes pour promouvoir davantage les échanges interafricains” a t-il relevé, rappelant la stratégie subsaharienne mise en place conjointement entre le CEPEX et le ministère du Commerce et les mémorandums d’entente signés par le CEPEX avec un certains nombre des partenaires africains, ainsi que les partenariats conclus avec des centres de promotion des exportations dans certains pays d’Afrique subsaharienne.
De son côté, le Directeur général du climat des affaires au ministère de l’Economie et de la planification, Mohamed Ben Abid a souligné que la Tunisie œuvre à renforcer la présence des entreprises tunisiennes sur le continent africain, à travers la refonte de la loi sur l’investissement, actuellement en cours, en dédiant un chapitre à la promotion de l’internationalisation des entreprises tunisiennes notamment les PME.
Il s’agit, également, de la suppression des autorisations pour les activités économiques et la révision des cahiers des charges, la facilitation de l’accès au marché tunisien et la préparation d’un projet de loi sur l’économie du savoir et de l’innovation, qui est un cadre réglementaire permettant de mettre en place un écosystème propice à l’innovation. Il vise à l’internationalisation des PME innovantes et des startups et l’exportation du savoir-faire tunisien.
Abondant dans le même sens, le secrétaire d’Etat aux PME au ministère de l’Economie et de la planification, Samir Abdelhafidh a relevé que l’Etat tunisien est engagé dans l’internationalisation des entreprises et la conquête du continent africain, mettant l’accent sur l’importance d’agir ensemble avec les partenaires européens notamment l’Allemagne et la France pour surmonter les obstacles à cette conquête.
“Cette vision stratégique permettra aux entreprises tunisiennes, allemandes et françaises de s’associer pour développer leur présence sur le marché subsaharien”, a t-il indiqué, rappelant les atouts que la Tunisie offre pour les entreprises allemandes et françaises, notamment les accords de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF ) et du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA).
Ces accords leur permettront de bénéficier des avantages en termes d’accès au marché subsaharien, lors de la réalisation des opérations d’exportation à partir de la Tunisie, a-t-il poursuivi.
L’ambassadrice de la France en Tunisie, Anne Guéguen a souligné l’importance de la triangulation franco-germano- tunisienne vers le continent africain, vu le fort potentiel que représente le continent africain avec 1,4 milliard d’habitants, en plus des atouts dont dispose la Tunisie, en termes de proximité géographique avec l’Europe, d’adaptabilité culturelle, de multilinguisme, et d’industrie manufacturière exportatrice performante dans les secteurs du numérique, de l’agroalimentaire, du Bâtiment et des industries pharmaceutique et automobile.
Et de rappeler “la présence de 1400 entreprises françaises, représentant un réseau dynamique ayant une capacité à exporter et à se co-développer avec les entreprises tunisiennes, en ouvrant la voie vers le continent africain”.
L’ambassadrice a évoqué le projet “Qawafel”, financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par expertise France. Une enveloppe de 3,8 millions d’euros est mise à disposition pour aider les entreprises à exporter et investir davantage et à s’implanter dans les autres pays du continent, à travers l’accompagnement d’un écosystème privé, associatif et public dans cette internationalisation vers les autres pays d’Afrique.
L’Ambassadeur d’Allemagne en Tunisie, Peter Prügel a indiqué que l’Afrique sera, à l’avenir, le premier partenaire de l’Europe dans tous les domaines, soulignant l’intérêt de soutenir cette intégration africaine dans le cadre d’une coopération gagnant- gagnant.
Il a rappelé le programme de Promotion des activités d’exportation vers de nouveaux marchés de l’Afrique subsaharienne (PEMA), qui est implémenté sous le mandat du Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ) et mis en œuvre par la GIZ. Près de 700 entreprises tunisiennes ont bénéficié de ce projet qui appuie les petites et moyennes entreprises afin qu’elles exploitent pleinement le potentiel des nouveaux marchés de l’Afrique Subsaharienne.