Les exportations tunisiennes ont augmenté de 4,8% contre (+7%) durant la même période-janvier/avril en 2023. Elles ont atteint le niveau de 21245,2 MD contre 20266,4 MD l’année dernière. Le déficit commercial s’est établi, à -4772 MD contre -6238,2 MD en 2023 avec un taux de couverture qui a gagné 5,2 points pour se stabiliser à 81,7%.

Rendons grâce à l’huile d’olive et aux industries agro-alimentaires qui ont augmenté de (+56,4%) à la suite de la hausse des ventes en huiles d’olives dont la valeur a atteint 2450,2 MD contre 1167,7 MD l’année dernière. Les exportations du secteur de l’énergie ont progressé de 17,8% et celles du secteur des industries mécaniques et électriques de 3%.

En revanche, les exportations du secteur de mines, phosphates et dérivés ont baissé de 26,3% et celles des textiles, habillement et cuirs de 11%. Si le secteur du textile est victime d’un contexte international difficile, celui du phosphate relève des stratégies adoptées par l’État et de ses capacités à les mettre en œuvre.

“Les exportations tunisiennes ont augmenté de 4,8% contre (+7%) durant la même période-janvier/avril en 2023.” – INS

Le phosphate, une industrie lourde dans laquelle opère la CPG, le groupe chimique ainsi que les entreprises privées, qui font de la transformation, n’a pas réussi à ce jour à se remettre sur pied. Réponse d’un ancien haut cadre : “Il faut donner du temps au temps. En 2022, nous avons entamé la réhabilitation des usines qui étaient dans un état désastreux. Pour réparer les machines assurant la production, il faut après études et lancement de commande, un délai d’au moins 18 mois.  Il faut aussi relancer l’accord avec les Coréens et leurs associés tunisiens pour que les travaux reprennent à l’Usine El Mdhilla 2 de TSP (Triple Sulfate de Phosphate) occupée pendant des mois par des protestataires démarre ses activités”.

Des discussions ont également eu lieu entre Fatma Thabet, ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Mines et la société chinoise « Wengfu » pour la reprise des travaux de la laverie de phosphate ”Oum Lakhcheb”. Des mesures ont aussi été prises pour l’acquisition d’équipements de carrière pour extraire le phosphate.

“Rendons grâce à l’huile d’olive et aux industries agro-alimentaires qui ont augmenté de (+56,4%) à la suite de la hausse des ventes en huiles d’olives dont la valeur a atteint 2450,2 MD contre 1167,7 MD l’année dernière.”

En attendant, plus de 3 millions de tonnes stockées ne sont pas traitées à cause d’un problème de transport qui pèche par des infrastructures approximatives s’agissant du ferroviaire et souffre de grèves à répétitions pour des revendications sociales.

Pour rappel, la Tunisie a reçu un don de l’Arabies Saoudite pour améliorer les voix ferroviaires et a signé au mois d’août 2023, un accord avec le SFI (Banque mondiale) pour financer un projet de transport hydraulique qui vient d’être entériné.

L’Union européenne continue à être le premier client de la Tunisie

L’union européenne continue à être le partenaire commercial principal de la Tunisie totalisant 70,9% exportations et + 2,9% d’augmentation. Cette évolution est expliquée par des hausses vers l’Italie (+12,3%), l’Espagne (+47,6%) et la Belgique (+4,5%). Elles ont baissé de 0,8% avec la France et de 2,6 % avec l’Allemagne.

Les exportations ont augmenté avec l’Algérie de 48,3% et avec l’Égypte de 22,9%. En revanche elles ont baissé avec la Libye de 28,1%, à cause de la fermeture du poste frontières de Ras Jedir, et avec le Maroc de 21,4%.

Ceci pour ce qui est des exportations sur les 4 premiers mois de l’année, quant aux importations, elles poursuivent leur tendance baissière. -1,8% sur les quatre premiers mois de l’année contre +3,7% durant la même période en 2023. Soit 26504,6 MD en 2024 contre 26017,1 MD en 2023.

“L’union européenne continue à être le partenaire commercial principal de la Tunisie totalisant 70,9% exportations et + 2,9% d’augmentation.” – INS

​​​​​​​La baisse des importations (-1,8%) provient de celle des importations des matières premières et demi-produits (-9%) qui représentent 33% du total des importations, d’une stabilité du volume des biens d’équipement (+0,2%) et celle des biens de consommation (+0,04%). Les importations des produits énergétiques ont continué sur leur tendance haussière progressant de 10,8%.

Les importations de l’union européenne qui représentent 53,9% du total des importations ont reculé de 0,7%.  Hors union européenne, les importations ont augmenté avec la Russie (+25,5%), l’Ukraine (+4,7%) et l’Inde (+20,2%). En revanche elles ont baissé avec la Chine (-2,9%), les USA (-16,2%) et la Turquie (-4,9%).

La baisse des importations ne doit pas se faire aux dépens des PME/PMI

Nous ne pouvons parler de la baisse des importations sans mettre l’action sur l’impact du recul des importations de matières semi-finies sur les entreprises en Tunisie. L’absence de certains produits sur le marché peut entraîner des conséquences négatives sur la production, la qualité des produits finis et aussi la capacité des entreprises à répondre à la demande du marché.

Le système de contrôle préalable pour garantir la qualité de certains produits importés destinés au marché tunisien et assurer leur importation directement depuis les fabricants dans les pays d’exportation est important pour la sécurité des consommateurs et la préservation du marché national mais ne doit pas devenir un handicap pour les PME/PMI, les empêchant d’acquérir aisément les biens d’équipement et les intrants.

Le recul des importations de matières semi-finies peut avoir des implications négatives sur les entreprises selon leur secteur d’activité et leur dépendance par rapport aux importations.

“Il faut donner du temps au temps. En 2022, nous avons entamé la réhabilitation des usines qui étaient dans un état désastreux. Pour réparer les machines assurant la production, il faut après études et lancement de commande, un délai d’au moins 18 mois.”

Pour conclure, la réduction du déficit commercial peut-être une belle réalisation si elle était suivie d’une augmentation plus importante des exportations. Une étude réalisée par l’ITCEQ prône une nouvelle stratégie constituant à s’orienter “vers des produits moins standardisés et plus spécifiques sur le plan qualitatif, l’image et la qualité des produits étant devenues les principaux déterminants de la capacité d’un pays à s’adapter à la demande mondiale et, par conséquent, à améliorer sa compétitivité”.

L’ITSEQ a également appelé à réduire les bannières douanières à travers la poursuite du rapprochement des deux régimes onshore et offshore. Ce qui pourrait “contribuer à l’amélioration de la compétitivité du régime onshore et à l’élimination du gap avec le régime offshore qui demeure toujours excédentaire, accaparant la part la plus importante des exportations”.

Une meilleure maîtrise du déficit commercial a caractère structurel implique, nécessairement, la mise en œuvre d’une stratégie de restructuration du secteur exportateur, estime-t-on à l’ITCEQ. Où en est le ministère du Commerce des stratégies souhaitées par l’ITCEQ dont il a lui même publié les grandes lignes sur son site ?

Amel Belhadj Ali

Source : INS