Près de 40 000 Palestiniens ont été tués par la machine de guerre sanguinaire de l’État israélien. Plus de 140 mille ont été blessés. La majorité d’entre eux sont des femmes, des enfants et des nouveaux nés ! Cela n’a pas unifié les barreaux de France autour de leur cause, contrairement à l’arrestation de Me Sonia Dahmani.

L’Union Internationale des Avocats, la Conférence des Bâtonniers, le Conseil National des Barreaux (Les AVOCATES), l’International Observatory For Lawyers, les Avocats Barreaux Paris, Défense sans Frontières, Avocats Solidaires, CIT, Avocats sans Frontières, ne sont pas allés manifester devant l’ambassade d’Israël à Paris contre une occupation injuste, la spoliation des terres d’un peuple privé de tous ses droits. Oui, il y a eu des avocats français, et c’est tout à leur honneur, qui se sont engagés pour la cause palestinienne parce que le droit est un et indivisible, parce que la justice ne souffre ni corporatisme, ni discrimination et parce que tous les droits de l’homme se valent.

Mais il y a les autres !

Il y a ceux qui ne sont animés par les nobles causes que parce qu’ils font partie du lobby droit hommiste. Un lobby ou plutôt une secte qui ne réagit que lorsqu’elle considère que l’un de ses adeptes est touché. Les avocats gazaouis, ou ceux de Cisjordanie ne font pas partie de la “noble confrérie-secte-” des avocats français atterrés (sic) par l’arrestation d’une avocate tunisienne privée de ses droits !

Même si …dans la France des droits de l’homme et de la liberté d’expression, on peut payer très cher une simple allusion au chef de guerre israélien Netanyahu, ou une vidéo satirique perfide raillant les mensonges éhontés des lobbys sionistes !

Ainsi, Guillaume Meurice, l’humoriste de France Inter a été suspendu par Radio France parce qu’il a dit : « Netanyahou, un nazi sans prépuce ». Aussi, une influenceuse qui s’est exprimée sur un fait qui la “turlupinait”, et à juste titre d’ailleurs, à propos d’un bébé prétendument mis au four par les combattants du Hamas a été interpellée et a fait l’objet de poursuites par le parquet pour « injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion ».

En France, les militants qui expriment leur soutien à la cause palestinienne, parce qu’ils considèrent que les droits humains sont les mêmes pour tous, sont régulièrement convoqués par la police pour des accusations d’apologie du terrorisme.

En France, la répression, des étudiants qui osent dénoncer les deux poids deux mesures et s’insurger contre la complicité du gouvernement français dans les crimes de guerre des sionistes, est devenue légion !

En France, Macron et Attal se soucient peu de ce que Jean-Claude Samouiller, président d’Amnesty internationale, peut dire à propos du fait que « l’interdiction de toutes les manifestations de soutien aux Palestiniens constitue une atteinte grave et disproportionnée au droit de manifester ».

Pour la France, les dizaines de milliers d’enfants palestiniens massacrés et blessés par Israël ne comptent pas ! Ce ne sont pas des humains, ils sont tout juste des chiffres effacés du tableau de l’humanité parce que les Israéliens ont un permis de tuer et un blanc-seing des donneurs d’ordre mondiaux pour faire tout ce qui leur chante (sic) !

En revanche, l’arrestation d’une avocate tunisienne a suscité une vague d’indignation sans pareille chez les “intellos” droit-hommistes (resic). Devenue en l’espace de quelques heures une icône, elle a fait la une des grands journaux parisiens dont le magazine “Elle” qui la cite comme une figure de l’opposition !

Dieu, si le ridicule, l’ignorance et la suffisance pouvaient seulement disparaître de la planète terre, il y aurait peut-être plus de cohérence dans les discours et plus de respect pour autrui ! Parce que si la France avait un tant soit peu de respect pour la Tunisie, elle ne s’autoriserait pas à lui donner des leçons sur la liberté d’expression par le biais du Quai d’Orsay, où un certain Laurent Fabius, à l’époque ministre, considérait que le groupuscule terroriste “Jabhat Annossra” faisait du bon travail en Syrie alors qu’il commettait les pires horreurs sur une population innocente !

Une liberté d’expression qu’elle-même renie dès que la défense de la cause palestinienne revient sur la bouche de l’un de ses citoyens !

Si la France avait du respect pour les Tunisiens, elle les aurait considéré comme assez intelligents, éveillés et courageux pour, s’ils estiment le moment venu, défendre eux-mêmes leurs causes sans appuis diplomatiques ou médiatiques de qui que ce soit !

Comment ose-t-on donner des leçons à d’autres, lorsque la liberté d’expression a été effacée du lexique médiatique dans les conflits russo-ukrainien et palestino-israélien ! Et pour rappel, elle le fut bien avant, lorsque les soldats américains commettaient les pires horreurs à la prison Abou Ghraib en Irak, et les médias français, à l’exception de quelques rares journalistes, regardaient faire d’un œil complaisant ignorant l’objectivité journalistique, la neutralité et le désir profond de tout journaliste de chercher la vérité !

Dans le cas de Sonia Dahmani, défendue d’ailleurs avec beaucoup d’engagement par ses collègues et soutenue par les médias tunisiens parce que la déclaration d’un chroniqueur ou d’un journaliste, même si indélicate, ne doit pas subir le joug de la justice, la campagne de soutien venue de France suscite chez nous des interrogations que d’aucuns pourraient juger absurdes mais que nous posons quand-même :

  • pourquoi ces mouvements de solidarité et ces condamnations virulentes ne s’expriment que lorsque ce sont les islamistes, la gauche islamiste ou les opposants qui, sous divers noms, ont déstructuré l’État et ont été la cause du désenchantement des Tunisiens quant au rêve démocratique, élèvent la voix ?
  • il y a eu des précédents s’agissant des arrestations et l’emprisonnement des avocats : Me Mohamed Ali Abbess et Me Abir Moussi, pourquoi personne n’a bougé le petit doigt en Tunisie ou ailleurs pour les défendre tout comme c’est le cas pour Sami Ben Slama, ancien membre de l’ISIE qui comparaît régulièrement devant les tribunaux ? Le soutien aux droits de l’homme serait-il sectaire ou idéologique ?
  • pourquoi décrire Me Dahmani comme une opposante ? À notre connaissance, elle a toujours été très diplomate et tout au long de la décennie noire, elle ne s’est jamais positionnée en tant que telle. Elle s’en est d’ailleurs très bien sortie, s’étant faite une place dans les médias et délaissant sa véritable profession : avocate ;
  • qu’est-ce qui a le plus dérangé la France : le fait qu’elle soit avocate ou qu’elle ait défendu la cause des subsahariens qui représentent aujourd’hui une bombe à retardement qui risque d’exploser en Tunisie et dont la déflagration s’étendra à l’Europe?
  • pourquoi, en tant que Français, se sentir obligés de jouer le rôle de maîtres à penser et de donneurs de leçons à la Tunisie ?

“Ces professeurs et autres donneurs de leçons qui sont parfaitement satisfaits du peu qu’ils savent, se vantent de connaître un tas de choses dont ils n’ont en réalité pas la moindre idée”. Jostein Gaarder ne croyait pas si bien dire !

Amel Belhadj Ali