La deuxième phase du projet « BIODEV 2030 Tunisie », a été lancée, jeudi à Tunis.
Elle sera axée sur la « mise en œuvre de l’accord de Kunming-Montréal en favorisant des changements de pratiques productives conciliant biodiversité et développement ». Elle sera mise en œuvre jusqu’à fin 2026.
La Tunisie fait partie de 16 pays pilotes ciblés par ce projet, dans la première phase a été lancée en 2020.
La phase 2 de BIODEV2030, ambitionne de contribuer à la mise en œuvre de l’accord de Kunming-Montréal dans 15 pays (-16 Le Burkina Faso), y compris la Tunisie en favorisant des changements de pratiques productives réconciliant biodiversité et développement.
« Cette phase II engagera les acteurs à s’accorder sur les instruments de politiques publiques sectorielles à adopter, afin de préserver la biodiversité, mais aussi sur les pratiques productives et approches transformatrices à mettre en place à l’échelle d’un territoire pilote, pour contribuer à la mise en œuvre de l’accord de Kunming-Montréal », indique le WWF-Afrique du Nord.
A l’échelle des territoires identifiés, les parties prenantes vont développer un ensemble de projets de transition vers des pratiques « nature-positive », voire des solutions fondées sur la nature, qui seront présentées à des financeurs potentiels.
D’autres actions prévues dans le cadre de BIODEV2030 visent à accompagner la réforme des instruments de politiques publiques sectorielles pour favoriser le changement. Il s’agit également d’accompagner, au niveau de territoires pilotes, les acteurs à définir les changements de pratiques nécessaires et des projets associés et au niveau international, il s’agit aussi de développer les capacités des acteurs au niveau du financement des projets de biodiversité.
Durant la première phase qui s’est étalée sur la période 2020/2022, le projet a débouché, en Tunisie, sur trois engagements volontaires pour la préservation de la biodiversité, en l’occurrence, le secteur du conditionnement de l’eau, le secteur cimentier et le secteur bancaire à travers la signature d’une charte et de conventions, signées le 29 novembre 2022, avec le Fonds mondial pour la nature (WWF) Afrique du Nord, acteur chargé de la mise en œuvre du projet.
Il s’agit de la première initiative qui implique directement le secteur économique privé dans des démarches de préservation de la biodiversité et du patrimoine naturel.
En effet, le secteur bancaire s’est engagé à intégrer des critères environnementaux en faveur de la biodiversité dans les décisions d’investissement et d’évaluation des risques.
Le plus récent engagement est un partenariat stratégique signé, mercredi, 22 mai 2024, entre une banque privée de la place et le WWF dans l’objectif de protéger l’environnement, lutter contre le changement climatique et préserver la biodiversité.
Pour le secteur cimentier (la Tunisie compte 6 cimenteries), perçu comme un secteur pollueur, l’engagement a pris la forme d’une promesse de développement et de diffusion des connaissances sur la biodiversité au niveau des zones d’exploitation et la restauration des écosystèmes et des paysages après l’exploitation des carrières.
Pour le secteur hydraulique, l’Office national du thermalisme et de l’hydrothérapie (ONTH) et la chambre des producteurs des eaux conditionnées s’engagent à mettre en place des politiques de protection des sites naturels abritant des sources avec la définition des périmètres de protection immédiats et rapprochés ainsi que des périmètres de protection éloignés autour des sources d’eau.
Biodev 2030 est un projet financé par l’Agence française de développement, coordonné par Expertise France et mis en œuvre en Tunisie par le WWF.
Le nouveau Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal est en effet un programme d’action pour la nature à l’échelle internationale qui succède aux objectifs d’Aichi de la décennie 2010.
Il a été adopté lors de la 15e réunion des parties à la Convention sur la diversité biologique en décembre 2022 (COP 15).
Il comporte quatre objectifs globaux à l’horizon 2050 axés sur la santé des écosystèmes et des espèces et vise essentiellement à mettre fin à l’extinction d’origine anthropique d’espèces, l’utilisation durable de la biodiversité, le partage équitable d’avantages, ainsi que le financement.
Ce cadre prévoit également la conservation de 30% des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines, la restauration de 30 % des écosystèmes dégradés, la réduction de moitié de l’introduction d’espèces envahissantes, et la réduction des subventions préjudiciables à hauteur de 500 milliards de dollars par an.