« L’économie tunisienne à l’épreuve de la démocratie acteurs, institutions et politiques»,», tel est l’ouvrage que vient de publier deux économistes du pays en l’occurrence, Abderrazak Zouari universitaire et ex-ministre du développement régional et local (2011) et Hamadi Fehri, professeur et coordinateur de l’unité de recherche Economie et finance à l’Institut des hautes études commerciales de Carthage (IHEC).
Paru dans les éditions leaders, l’ouvrage est présenté en ces termes par l’éditeur :« Au croisement de la recherche économique et de la pratique, les professeurs Abderrazak Zouari et Hamadi Fehri analysent des thématiques majeures d’économie politique et de politique économique, à la lumière de grilles de lecture théoriques et d’expériences de réussite et d’échec ».
Un ouvrage didactique
Et leaders d’ajouter : « rédigé dans un esprit didactique. Il apporte un éclairage aux interactions entre l’économique et le politique depuis la révolution de décembre 2010/janvier 2011 en Tunisie, pays en pleine effervescence, en quête de solutions aux problèmes économiques et sociaux structurels, des inégalités, du chômage, de la pauvreté, d’inclusion et de promotion sociale ».
L’ouvrage se veut essentiellement instructif. « L’ambition des auteurs est de fournir un contenu accessible, autant que possible, à un large public, susceptible de «remettre les pendules à l’heure» en dépassionnant les débats économiques et en utilisant la « boîte à outils » de l’économiste ».
« L’ouvrage est structuré en thèmes indépendants, sous forme de questions organisées en chapitres (au nombre de 11), qui peuvent se lire selon les préférences (ou les préoccupations) du lecteur/lectrice », lit-on dans la présentation de l’essai.
Préfacé par l’ancien gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli, le livre didactique dépasse les frontières de l’économie pour aborder des questions politiques cruciales.
Un ouvrage dont les idées sont déjà en cours d’exécution
L’œuvre reprend des idées, des conclusions d’études et de communications faites antérieurement par les deux universitaires que ce soit au temps de l’autoritarisme de Ben Ali ou du temps de la soi-disant transition démocratique (2011-2024).
Mention spéciale pour la qualité développementale des recommandations faites dans le livre blanc élaboré par Abderrzak Zouari à la fin de son mandat en tant que ministre du développement régional et local dans le gouvernement de Béji Caid Essebsi (2011).
Un grand nombre de pistes et d’idées évoquées dans ce livre blanc ont été reprises par plusieurs gouvernements qui se sont succédé depuis.
Il s’agit entre autres de la promotion du travail féminin et du besoin de compter de plus en plus sur les femmes. Cette option a été retenue dans le cadre du plan du développement élaboré au temps du gouvernement de Habib Essid (2015-2020).
Autres idées reprises par l’équipe de l’actuel chef de l’Etat Kaies Saied. Il s’agit de la réforme du système éducatif dans sa globalité, étant donné que les problèmes de l’enseignement supérieur proviennent également de la défaillance de l’enseignement primaire et secondaire.
Il s’agit également de la mise à niveau des régions en retard qui traînent un lourd passif de mal-développement. Cette approche, on la retrouve dans le projet de développement régional de Kaies Saied, s’agissant de la mise en place du Conseil des régions et des districts, composée d’élus locaux qui auront des liens avec le tissu économique et le développement de leurs régions.
La répartition géographique des districts de Kaies Saied reprend également une idée consignée dans le livre blanc d’Abderrazak Zouari. Celle-là même qui consiste à relier, dans le cadre dans un même district des zones en retard à l’ouest aux zones avancées du littoral. Objectif recherché : créer de nouvelles synergies et favoriser l’effet d’entraînement.
La liste des bonnes idées reprises est loin d’être clôturée.
Au final, nous pensons que l’ouvrage a le mérite d’être concoctée dans une période empreinte de démocratie et de liberté d’expression, c’est-à-dire une période sans pression et sans censure et autocensure. Il mérite le détour en dépit de son prix : 50 dinars.