Constructeurs et états ont amorcé la transition énergétique. Le glissement vers la voiture électrique se fera graduellement. Le basculement surviendra inéluctablement.
La problématique ‘’Bas carbone’’ pour la Tunisie, au demeurant souci majeur de l’économie mondiale, a fait l’objet d’une vaste réflexion lors de la troisième édition du forum de la RSE, récemment organisé dans la ville de Hammamet. La question est de faire en sorte que l’obligation réglementaire générée notamment par l’adoption du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) devienne une opportunité pour le business.
Qu’en sera-t-il pour la filière de la mobilité, activité réputée polluante et par conséquent au cœur de cette réflexion ? Une esquisse du panorama d’avenir de cette activité structurante pour notre économie, exposée par Anouar Ben Ammar, DG de ENNAKL Auto, lors de son intervention au forum propose des clés d’analyse. Comment les mettre en perspective ?
Une finalité, deux retombées
La conversion des contraintes réglementaires en opportunités d’affaires n’est pas qu’une pirouette de circonstance. Il s’agit d’un choix stratégique de longue portée dira en substance Anouar Ben Ammar. En reconfigurant leur rentabilité, indiquera-t-il les entreprises induiront, en retour, un effet bénéfique pour les Etats.
En roulant propre, on consommera une énergie produite localement. Et par ricochet, cela ne manquera pas de soulager la balance commerciale de la Tunisie. Clairement dit-il, alléger la facture énergétique, contribuera inévitablement à en réduire le déficit.
La voiture électrique, un choix d’avenir
Avec force persuasion, Anouar Ben Ammar, s’est employé à dissiper le scepticisme qui pèse sur l’avenir de la voiture électrique. Il est vrai que la production actuelle connait des couacs passagers. N’oublions pas rappelle-t-il que nous n’en sommes qu’à un stade de prototypage. Selon lui les obstacles seront relativisés quand toute cette industrie ira vers la fabrication des autos électriques en grande série. Et de rappeler que les constructeurs s’y mettent avec résolution.
Il est permis de penser que l’industrie mondiale dans son ensemble fait ce choix. L’exemple d’Ennakl Autos distributeur de marques de standing mondial, est fort édifiant à cet égard. Elle distribue Porsche et cette marque prestigieuse commercialise son modèle phare la ‘’Tycan’’ électrique.
A l’évidence on comprend que tout le parc de mobilité sera concerné. Cela ira, comme il a été avancé de la voiture pour se propager aux bus, aux trains jusqu’au machinisme agricole et aux engins de travaux publics. Cette tendance planétaire est fortement accompagnée par des mesures réglementaires.
Et Anouar Ben Ammar, de rappeler que la Chine consent une réduction de 10% à l’achat. Pareil pour l’Inde qui autorise un crédit d’impôt pour l’acquisition de véhicule électrique et finance 75 % du coût du réseau de bornes de recharge. L’Allemagne, pour sa part exige l’achat de 20 % de véhicules électriques dans les Appels d’offres publics. La France n’est pas en reste et pousse les loueurs à convertir leur parc avec un objectif de 40% en 2027 et 70% en 2030.
À quand le basculement ?
Une interrogation majeure a émaillé la présentation de Anouar Ben Ammar. Cette tendance lourde quand connaître a-t-elle un basculement définitif ?. A ce stade, il introduira une nuance de taille. Le passage se fera vraisemblablement en deux temps. Le modèle hybride fera office de relai.
En effet l’hybride permet de rouler en cas de défaut de bornes de recharge. Cette question d’infrastructure demande l’engagement des énergéticiens. Ces derniers devraient accompagner cette dynamique afin de faire avancer l’extension du réseau de bornes vers la taille critique laquelle aiderait au basculement.
La voiture électrique est un choix sociétal et c’est en même temps un enjeu national. C’est un accélérateur de la délivrance énergétique pour la collectivité nationale. Anouar Ben Ammar rappelle que les carburants importés représentent près de 80% du déficit de la balance commerciale. On peut arrêter cette saignée. Outre qu’en monnayant les gains en quotas carbone qui en résulteraient, on peut inverser la tendance et générer des rentrées en devises.
Ali DRISS