L’industrie tunisienne va devoir apprendre à recourir plus aux énergies renouvelables et se passer des énergies fossiles. Ce n’est plus un choix, c’est un processus irréversible pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la compétitivité de l’industrie nationale dans un monde qui s’oriente de plus en plus vers la décarbonation dont les enjeux ont été longuement débattus lors d’une conférence organisée vendredi 24 mai 2024 par l’Agence Foncière Industrielle (AFI).
L’AFI vient d’annoncer la couleur en signant une convention de partenariat avec l’ANME dans le domaine de la maîtrise de l’Energie et le développement des zones industrielles écologiques et durables.
Outre le fait d’optimiser les ressources pour les différents acteurs qu’il s’agisse des énergies, des matériaux, des déchets ou des équipements, une zone industrielle écologique et durable encourage les activités économiques performantes et efficaces et préserve les ressources naturelles, foncières et financières.
La Tunisie, dans son engagement de neutralité carbone d’ici 2050, a fixé des objectifs énergétiques et climatiques ambitieux
“La Tunisie, dans son engagement de neutralité carbone d’ici 2050, a fixé des objectifs énergétiques et climatiques ambitieux. Nous visons à réduire la consommation d’énergie de 30% en 2030 sur 4 par rapport au niveau de 2021 et porter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique à 35% dans le même horizon et à 50% en 2035. Ceci permettra de réduire l’intensité carbone de l’économie tunisienne de 45% en 2030 par rapport au niveau de 2010” a déclaré à l’ouverture de la journée d’étude Wael Chouchène, secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Industrie, des Mines et de l’Énergie, chargé de la Transition énergétique. D’où l’importance de la signature de la convention de partenariat dans le domaine de la maîtrise de l’Energie entre l’ANME et l’AFI.
“L’accord conclu par l’AFI et l’ANME vise à encourager les entreprises à investir davantage dans les énergies renouvelables solaire ou éolienne qui sont plus propres et plus respectueuses de l’environnement. En investissant dans ces technologies, les entreprises baissent leur empreinte carbone économiques à long terme, réduisent les coûts liés aux combustibles fossiles et gardent leur compétitivité” a déclaré à l’occasion, Kais Mejri, PDG de l’Agence foncière industrielle.
Pour précision, le Parlement européen a approuvé en 2023 une législation visant à introduire progressivement une taxe sur les importations de produits à forte teneur en carbone, basée sur le CO2 émis lors de leur production. La taxe vise à faire pression sur les pays extérieurs à l’UE pour qu’ils fixent un prix du carbone et bloque l’accès aux avantages que peuvent avoir les industries de l’UE qui délocalisent leur production dans des régions où la législation environnementale est tolérante quant aux émissions du gaz à effet de serre.
L’ANME travaille actuellement sur la mise en place d’une plateforme qui sera opérationnelle d’ici fin 2024. Cette plateforme permettra aux entreprises d’évaluer leur empreinte carbone.
“L’ANME travaille actuellement sur la mise en place d’une plateforme qui sera opérationnelle d’ici fin 2024. Cette plateforme permettra aux entreprises d’évaluer leur empreinte carbone. En parallèle, des ateliers seront organisés pour les responsables gouvernementaux afin de les sensibiliser à l’importance de la réduction des émissions de carbone. Aussi, un forum méditerranéen sur la réduction des émissions de carbone réunira, dans les prochaines semaines, des entreprises et des bailleurs de fonds pour élaborer un plan clair de réduction des émissions et permettre aux entreprises d’évaluer le contenu de leurs produits” a annoncé Fathi Hanchi DG de l’ANME.
En anticipant les besoins en matière de formation et de compétences à déployer pour accompagner la décarbonation, aussi bien l’AFI que l’ANME affirment leur volonté d’accélérer la transition vers les industries propres à faible teneur en carbone.
La baisse rapide des coûts des technologies renouvelables a ouvert des possibilités auparavant inimaginables dans le monde entier. Le coût des nouvelles technologies énergétiques a chuté de 60 à 80% au cours des dix dernières années et les progrès en cours dans de nombreux pays offrent des perspectives prometteuses en matière de sécurité, d’inclusion et de durabilité inhérentes à un secteur énergétique en transformation. Dans ce contexte, les ventes d’énergies renouvelables connaissent une croissance exponentielle et les flux de capitaux se déplacent des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables a rappelé Wael Chouchène, soit l’occasion pour les entreprises de minimiser leurs coûts et d’optimiser leur compétitivité.
Le secteur de l’industrie est le premier secteur exportateur, et contribue à hauteur de 23% dans la création de la valeur ajoutée en Tunisie. Il est classé deuxième en termes de consommation énergétique et devra contribuer à réduire les émissions de gaz à effets de serre du secteur de l’énergie de 16% sur la période 2023-2030 a affirmé le Secrétaire d’État chargé de la transition énergétique.
La baisse rapide des coûts des technologies renouvelables a ouvert des possibilités auparavant inimaginables dans le monde entier.
La Convention de partenariat entre l’AFI et l’ANME vise à établir une collaboration efficace dans le domaine de la maîtrise de l’énergie et favoriser l’usage de sources d’énergie renouvelables dans les zones industrielles. Les deux agences œuvreront au développement de services logistiques caractérisés par la sobriété énergétique et à la résolution des problématiques d’aménagement et de décarbonation des process. Elles accompagneront les entreprises industrielles dans leur transition énergétique et favoriseront le développement d’énergies renouvelables pour alimenter les industries.
L’AFI assure Kais Mejri, encouragera l’émergence de services communs entre les industriels et les zones aménagées via l’écologie industrielle en convertissant les infrastructures et les réseaux aux besoins de demain.
L’efficacité énergétique est la première mesure de décarbonation qui devrait être déployée, pour ce, l’ANME, chef de file-depuis 1980- est bien décidée à réussir la transition mettant à la disposition du secteur privé le Fonds de transition énergétique (FTE).
Le FTE appui les investissements matériels et immatériels visant la maitrise de l’énergie dans les établissements énergivores à travers différentes aides financières dont des “des primes pour les interventions immatérielles, ne dépassant pas 70% du coût avec un plafond qui varie entre 30 et 200 millions de dinars selon l’opération, des primes pour les interventions matérielles à des taux qui varient entre 20% et 30% avec un plafond compris entre 3 et 200 millions de dinars selon l’opération ainsi que des crédits bonifiés pour soutenir les investissements matériels pouvant atteindre 25 % du cout de l’investissement”.
Pour rappel, la Tunisie a ratifié l’Accord de Paris sur le changement climatique. Elle ambitionne de réduire de 41% l’intensité carbone, 30% la demande énergétique à l’horizon 2030 (15% bâtiment, 8% industrie, 7% transport.
En s’engageant, à travers la signature d’une convention, dans la transition énergétique, l’AFI et l’ANME “ont préféré prendre le changement par la main, avant qu’il ne les prenne par la gorge” *
Amel Belhadj Ali
*Citation de Winston Churchill