A la veille des élections européennes qui auront lieu du 6 au 9 juin 2024 et leurs corollaires attendus l’élection d’un nouveau parlement avec tout ce que cela suppose comme changements géopolitiques, la Tunisie, par la voix de son ministre des affaires étrangères,  de la Migration et des Tunisiens à l’étranger Nabil Ammar a tenu à réaffirmer de manière claire son attachement au partenariat à l’Union européenne.

Nabil Ammar, qui intervenait, le 8 mai 2024, à l’occasion de la célébration de la journée de l’Europe a relevé que « la Tunisie tient à cette relation historique et naturelle avec l’UE ».

L’Union européenne demeurera le partenaire privilégié de la Tunisie

Cette affirmation vient dissiper toute tendance de la Tunisie à changer de partenaire géostratégique. Entendre par là que la Tunisie continuera à compter, en priorité, sur l’UE. « ce partenariat est d’abord politique. Et il est bien davantage que la somme ou l’annonce de lignes de crédit, de projets ou de dons », a déclaré Nabil Ammar.

Et le ministre d’ajouter : «mieux l’UE se portera, et mieux cela sera pour notre partenariat, tant nos défis et intérêts communs sont évidents et interdépendants », a-t-il dit. .

Le ministre devait, toutefois, saisir cette opportunité pour nuancer cet attachement de la Tunisie et esquisser les grandes lignes du nouveau  partenariat que la Tunisie souhaite promouvoir dans le futur avec l’UE, un partenariat qui devrait s’adapter,  d’après le ministre, au nouveau contexte mondial en gestation.

Les conditions de la Tunisie

Le premier souhait de la Tunisie serait que ce partenariat new look ne soit pas asymétrique, comme c’était le cas avec l’accord d’association conclu en 1995, mais plus équilibré. Selon lui ce partenariat « ne peut se concevoir que dans un cadre politique cohérent, et fondé sur le dialogue et l’entente équilibrés, au service de nos générations futures, pour qu’elles vivent en harmonie et dans la prospérité ».

La deuxième condition à réunir est d’ordre politique. Le partenariat rénové devrait respecter  la non immixtion dans les affaires internes de la Tunisie.

Evoquant en filigrane une éventuelle révision de l’Accord d’association entre la Tunisie et l’union européenne  et l’esprit dans lequel devrait se dérouler cette révision, le ministre a indiqué  que «notre relation devrait, pour prospérer dans le futur, être fondée beaucoup plus sur le partenariat que sur l’assistance, car le temps est bien venu de tirer le véritable bilan de ce qui a bien marché, et de ce qui a moins bien fonctionné dans nos rapports ».

Vers une révision de l’accord d’association

A ce sujet, il faut reconnaître que Bruxelles avait proposé, à maintes reprises,  à Tunis, une réflexion commune sur la révision de l’accord d’association. Mais les tunisiens ont trop traîné la patte avant de réagir.

Pour mémoire, il y a un an, intervenant lors d’un dîner débat organisé, le 26 avril 2023, sur le thème « IDE Tunisie-UE : comment bénéficier de stratégies de nearshoring dans un contexte financier difficile », l’ambassadeur de l’Union européenne Marcus Cornaro a surpris l’auditoire en proposant « aux tunisiens de réfléchir en partenariat avec les européens, sur une révision de l’accord d’association conclu en 1995 ».

Il a révélé que l’UE est en train d’entreprendre la même révision avec d’autres partenaires. Objectif : adapter cet accord aux nouveaux changements et lui intégrer d’autres paramètres tels que l’environnement, le social et la durabilité.

Par delà ces bonnes intentions qui animent les deux partenaires historiques, nous ne pouvons nous interdire de penser au final que quelque part, un climat de confiance est en train de se réinstaller entre Tunis et Bruxelles.