Le musée national de Carthage, la Cathédrale Saint-Louis et les ateliers de restauration des pièces de mosaïque et muséales déposées dans des entrepôts en prévision de leur inventaire et numérisation étaient au centre d’une visite de Moncef Boukthir, ministre chargé de la gestion du ministère des Affaires Culturelles, ce jeudi 30 mai, sur le site de Carthage.

Le ministre était accompagné de Tarek Baccouche, Directeur général de l’Institut national du patrimoine, et Lotfi Naddari, Directeur général de l’Agence de mise en valeur du patrimoine et de promotion culturelle (AMVPPC), en plus d’un certain nombre de chercheurs affectés au projet de réhabilitation du musée de Carthage et de conservateurs du patrimoine.

Dans un communiqué publié jeudi soir, le ministère a annoncé que cette visité était consacrée « au suivi de l’état des espaces concernés par la reconstruction ainsi que des fouilles en cours dans le hall extérieur du musée national de Carthage ».

A cette occasion, Boukthir a appelé à redoubler d’efforts pour achever l’inventaire, la maintenance et la numérisation des artefacts, dans le cadre des directives du ministère sur le renouvellement de son intervention dans la protection du patrimoine culturel et civilisationnel et la modernisation des moyens de le valoriser », peut-on encore lire.

Le ministre a recommandé de renforcer « la coordination avec les différents ministères, institutions et organismes publics en vue d’instaurer une culture de sensibilisation à l’importance du patrimoine national matériel et immatériel, auprès de la jeune génération, à travers des visites dans les musées et les sites patrimoniaux et l’usage des technologies modernes et de la réalité augmentée ».

Boukthir a souligné que « le ministère des Affaires Culturelles à travers ses différents départements et institutions, cherche à consolider davantage la souveraineté nationale dans le domaine du patrimoine et à ne pas l’endommager ou l’exploiter en dehors du cadre législatif et des conventions internationales ratifiées par la Tunisie. »

Le ministre a notamment pris connaissance des différentes composantes du projet de reconstruction du musée de Carthage qui sera placé sous la supervision d’un comité de mise en œuvre et de comités scientifiques comprenant des experts et des chercheurs de l’INP après l’achèvement du processus de préservation du patrimoine archéologique composé de près de 100 mille pièces ».

La réhabilitation du musée national de Carthage est un projet financé par l’Union européenne à hauteur de 18 millions d’euros. Il consiste en la reconstruction complète du musée selon les standards internationaux. Ce projet va permettre de réinventorier, transférer, entretenir et numériser des artefacts dont le nombre avoisine les 100 mille pièces.

Dans une récente interview avec la Tap, le directeur général de l’INP a déclaré que le retrait des artefacts du musée devra être fait avant la fin de l’année en cours et la totalité des archives numérisées sera accessible en « ligne d’ici fin 2025 ». Il a également annoncé que les comités scientifiques et le Comité de mise en œuvre des travaux sont prêts à entamer ce projet piloté par un Bureau d’études allemand ».

Les principaux objectifs du projet architectural, paysager et muséographique envisagé pour la réhabilitation du musée, fermé depuis 2018, et la revitalisation de la colline de Byrsa consistent à trouver le meilleur concept architectural et de planification pour valoriser et revitaliser ce site archéologique compte tenu de son classement sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO tout en s’appuyant sur une scénographie muséographie innovante illustrant l’histoire de l’une des plus grandes métropoles de la Méditerranée.

Il s’agit également d’assurer une communication fonctionnelle entre un musée national, un centre scientifique et de recherche, et des installations récréatives et culturelles et d’inscrire le projet dans une démarche de développement durable et solidaire en réponse aux grands enjeux des transitions écologiques, énergétiques et environnementales.

Le musée national de Carthage abrite la plus importante collection d’objets archéologiques provenant du site de Carthage depuis la période phénico-punique et présentant une synthèse de l’histoire prestigieuse de Carthage (plus de 100.000 items). Le nouveau musée de Carthage apportera un nouvel éclairage sur Carthage, en poursuivant la valorisation de ses périodes fastes, en particulier puniques et romaines, mais aussi en mettant en lumière des éléments plus méconnus du grand public, telles que les périodes vandales, byzantines et islamiques ou encore sa redécouverte archéologique et la valorisation de ce patrimoine depuis les Pères Blancs jusqu’à nos jours.

Notons que la Cathédrale Saint Louis, au sommet de la colline de Byrsa, a fait sa réouverture, partielle et temporaire, le 8 mars dernier et ce après avoir été fermé depuis 2021. Datant de 1894, le monument connu depuis 1993 par l’Acropolium de Carthage a été ouvert jusqu’au démarrage des travaux du projet d’aménagement du Musée de Carthage financé par l’UE dans le cadre du programme d«Tounes wijhetouna» portant notamment sur la valorisation du patrimoine visant la mise en place d’un dispositif de concessions culturelles ou touristiques de bâtiments à intérêt historique et l’appui au réaménagement et à la valorisation du musée de Carthage et de ses abords.

Le site archéologique de Carthage est inscrit par l’UNESCO sur la Liste du Patrimoine Mondial depuis le 26 octobre 1979. Il bénéficie du classement d’un grand nombre de ses vestiges comme monuments historiques. Le bien comprend des vestiges de la présence punique, romaine, vandale, paléochrétienne et arabe. Les principales composantes connues du site de Carthage sont l’acropole de Byrsa, les ports puniques, le tophet punique, les nécropoles, le théâtre, l’amphithéâtre, le cirque, le quartier des villas, les basiliques, les thermes d’Antonin, les citernes de La Malaga et la réserve archéologique.