L’Afrique devra combler un déficit de financement annuel d’environ 402 milliards de dollars américains (Md$) d’ici 2030 pour accélérer sa transformation structurelle et rattraper les pays en développement, selon le rapport “Perspectives économiques en Afrique” de la Banque africaine de développement (BAD) dans son édition 2024.
Ce déficit de financement suppose que le continent donne la priorité aux investissements dans les domaines de l’éducation, de l’énergie, de la productivité et des infrastructures, en rapport avec les principaux objectifs de développement durable (ODD) plus directement liés à l’amélioration de la transformation structurelle, précise ce rapport qui a été dévoilé jeudi lors d’une conférence tenue en marge des Assemblées annuelles 2024 de la BAD.
Selon la même source, la mobilisation de ressources supplémentaires au niveau national, y compris par le biais d’investissements dans les immenses ressources naturelles du continent, en particulier les minéraux critiques et les terres rares, associée à une efficience accrue des dépenses publiques, pourrait contribuer à combler une grande partie de ce déficit de financement.
Parallèlement, le rapport souligne que les seules ressources nationales ne suffiront pas pour combler le déficit de financement de la transformation structurelle dans de nombreux pays africains d’ici à 2030.
“De nombreux pays africains disposent d’une marge de manœuvre budgétaire limitée et d’une faible capacité fiscale. En outre, le secteur privé demeure très averse au risque et sa participation est relativement faible, notamment en ce qui concerne l’investissement dans les secteurs critiques de la transformation structurelle”, relève la BAD.
Ainsi, considérant le peu de temps restant avant l’échéance des ODD, la majorité des pays pourrait ne pas réussir à mobiliser au niveau national les énormes ressources nécessaires pour combler leur déficit de financement d’ici à 2030.
Pour atteindre un objectif et une combinaison d’options de financement plus raisonnables, la BAD recommande à ces pays, dispersés dans les cinq régions du continent, d’adopter un processus de transformation structurelle graduel mais régulier sur une période plus longue, garantissant ainsi la mobilisation de ressources intérieures et extérieures.
“Mais quelle que soit l’échéance visée, une participation accrue du secteur privé sera nécessaire pour compléter les ressources publiques”, souligne le rapport.
Les Assemblées annuelles de la BAD, dont les travaux se poursuivront jusqu’au 31 mai courant, permettront aux gouverneurs de la Banque de partager leurs expériences sur les progrès réalisés par leurs pays respectifs dans la transformation de leurs économies, les principaux obstacles rencontrés dans ce processus et les réformes clés entreprises pour les surmonter (ou au moins réduire au minimum leurs effets négatifs).
Ces gouverneurs exposeront aussi leur position face aux réformes proposées de l’architecture financière internationale et échangeront sur la manière dont le système financier mondial actuel a entravé le financement de leurs ambitions en matière de transformation structurelle.