Yassine Rezgui RyBsenUn monde où chaque goutte d’eau est valorisée, recyclée et réutilisée à l’infini serait-il possible ? Non seulement il est possible, mais le process de recyclage de l’eau est déjà adopté dans nombre d’industrie. Yassine Rezgui, fondateur de la 31 a créé une machine de recyclage de l’eau à l’infini dans l’industrie de l’imprimerie. Grâce à cette nouvelle machine brevetée à l’international, on préservera les ressources en eau, on pourra réduire les coûts opérationnels et minimiser l’impact environnemental.

Le point avec Yassine Rezgui :

Quel est votre cursus universitaire ?

J’ai suivi des études d’ingénieur en informatique pour ensuite rejoindre la prestigieuse école d’arts graphiques “Les Gobelins à Paris”.

Comment vous est venu l’idée de créer votre propre startup ?

Depuis mon retour de Paris en 2011, j’occupe le poste de Responsable Technico commercial pour l’Afrique du Nord au sein de la société MGT, leader dans le domaine de l’imprimerie industrielle. À l’origine, je n’avais pas pour objectif de créer ma propre start-up.

En 2015, je recherchais une solution pour mes clients afin de résoudre un problème fondamental dans l’imprimerie conventionnelle : la contamination rapide de l’eau lors de la production. Après avoir cherché en vain une solution à travers le monde pour la représenter, j’ai commencé à réfléchir à la fabrication d’un produit qui pourrait atténuer ou remédier à ce problème. Je n’ai pas spécifiquement choisi le domaine de l’eau, j’étais plutôt à la recherche d’une solution pour mes clients imprimeurs afin de répondre à un problème spécifique.

 Pourquoi une Machine breveté qui recycle l’eau utilisé par les imprimeries alors que le monde est de plus digital ?

Je suis conscient que la tendance mondiale s’oriente vers la digitalisation et le numérique.

Cependant, face aux défis écologiques et à la pénurie d’eau à l’échelle planétaire, l’impression offset conventionnelle, notamment dans le secteur du packaging et de l’emballage, connaît une croissance sans précédent même si les avancées rapides dans les technologies d’impression ont considérablement élargi les possibilités en matière d’emballages.

Les fabricants investissent dans ces technologies pour répondre aux attentes des consommateurs et améliorer leur compétitivité sur le marché. L’essor du secteur de l’emballage s’étend du Craft à l’emballage recyclable, englobant une gamme variée de produits tels que les cosmétiques, les articles de luxe, les biens essentiels, les bougies, les savons, etc.  Le dépôt d’un brevet pour ma technologie signifie que j’ai non seulement enregistré mon idée, mais aussi sécurisé le potentiel que j’y ai perçu. Cela me permet de la développer sereinement, avec la certitude que l’innovation et l’originalité de la solution seront préservées. Breveter est une étape cruciale pour protéger l’investissement en temps et en ressources consacrées à la recherche et au développement, et cela ouvre la voie à des collaborations futures tout en garantissant mes droits en tant qu’inventeur.

Comment le marché a accueilli votre machine ? Et quels sont vos marchés à l’international ?

L’accueil du marché vis-à-vis de notre machine a été, comme c’est souvent le cas avec les innovations technologiques, initialement marqué par un certain scepticisme. Les industries sont généralement réticentes à adopter des changements, surtout lorsqu’il s’agit de remplacer des méthodes éprouvées par de nouvelles approches. Cependant, grâce à la collaboration de partenaires stratégiques dans le domaine de l’imprimerie, qui ont accepté de tester notre prototype, nous avons rapidement constaté une évolution positive. Les premiers essais ont révélé des améliorations significatives et ont démontré le potentiel de notre produit.

Notre technologie n’a pas seulement répondu à un besoin existant ; elle a également initié un changement dans les pratiques industrielles. En effet, elle a encouragé les industriels à repenser leurs processus et à adopter de nouvelles méthodes plus efficaces et écologiques. En ce qui concerne notre présence internationale, nous avons débuté en Tunisie et avons depuis étendu notre activité à Abidjan et à Alger. Actuellement, nous sommes en pourparlers avec Business France pour établir un distributeur en France, ce qui représenterait une porte d’entrée stratégique vers le marché européen.

Avez vous effectué des levées de fonds ?

Notre stratégie initiale était axée sur la conception et la fabrication d’une machine destinée aux industriels, avec l’ambition de l’introduire sur le marché et de gagner sa confiance. L’objectif était de démontrer la valeur et l’efficacité de notre produit avant de chercher à obtenir des financements. À présent, nous envisageons une levée de fonds pour la fin de l’année 2024. Cette étape cruciale nous permettra d’industrialiser notre produit et de passer à une production en série, afin de répondre à la demande croissante et de maximiser notre impact sur le marché.

Qui vous a accompagné tout au long de votre parcours en tant que startupper et en tant que chercheur ?

Nous avons eu la chance d’être soutenus par des partenaires visionnaires qui ont cru en notre projet dès ses débuts. Le groupe UTIC a joué un rôle clé lors de la phase de test et de prototypage, nous offrant les ressources nécessaires pour transformer notre concept en réalité tangible. L’incubateur Team Link a été un accompagnateur essentiel lors de la création de notre société, nous guidant à travers les étapes cruciales de notre développement initial.

En matière de stratégie marketing, nous avons bénéficié de l’expertise de Redstart Tunisie, dont les conseils avisés ont été déterminants pour affiner notre approche du marché. Enfin, notre partenariat stratégique avec la société Nielsen, dirigée par Mokhtar Zannad, a été un catalyseur dans le domaine de l’innovation en matière de recyclage intelligent, nous permettant de repousser les limites de ce qui est possible dans notre industrie.

Quels sont vos projets futurs ?

Nos ambitions pour l’avenir s’articulent autour de l’adaptation de notre processus de recyclage d’eau à divers secteurs industriels, en particulier ceux qui consomment de grandes quantités d’eau potable. Nous envisageons de développer des machines de filtration d’eau potable autonomes, alimentées par l’énergie solaire, afin de répondre aux enjeux écologiques actuels. L’objectif est de proposer des solutions innovantes et durables qui contribueront à la préservation des ressources en eau et à l’optimisation de leur utilisation dans l’industrie.

Quel est le nombre de vos employés ?

À ce jour, notre équipe est composée de trois personnes. Nous avons opté pour un modèle économique axé sur la sous-traitance, ce qui signifie que nous faisons fabriquer la majorité des pièces par des leaders dans leur domaine respectif. Ensuite, L’assemblage final est effectué dans nos ateliers, où nous intégrons notre technologie logicielle et nos systèmes automatisés. Cette méthode nous permet de rester flexibles et de concentrer nos efforts sur notre expertise fondamentale : la recherche et le développement en innovation.

A.B.A