L’Observatoire tunisien de l’économie (OTE) a appelé à mettre en place une politique agricole prônant le principe de souveraineté alimentaire. Il a souligné, dans une récente note publiée sur son site, la nécessité de revoir l’approche actuelle de réduction du déficit commercial reposant sur une politique de pénuries délibérée.

“Il faudrait (…) revoir la politique de réduction du déficit commercial pour une politique agricole qui prône le principe de souveraineté alimentaire permettant de garantir l’autosuffisance et le droit à l’alimentation des tunisiens et protège des chocs exogènes des marchés internationaux et des impacts du changement climatique (pression sur les ressources en eau)”, lit-on dans cette note intitulée “2023 : Une balance alimentaire améliorée à travers une politique de pénuries délibérée”.

“Si l’on ne peut pas tout produire en Tunisie, l’exemple des céréales (blé dur, tendre et orge) témoigne d’une politique de “sécurité alimentaire” qui répond aux besoins alimentaires par une dépendance aux importations de produits céréaliers, représentant 89% du total des ventes de céréales en 2023 (données provisoires) plutôt que par une production locale et souveraine”, estime ainsi l’observatoire

La balance commerciale alimentaire a présenté, en 2023, un déficit de 211,4 millions de dinars (MD), en large baisse par rapport à l’année 2022. Le taux de couverture s’est ainsi élevé à 97,2%.

Tout d’abord, selon l’observatoire, un des facteurs ayant contribué à cette amélioration de la balance est certainement l’évolution à la baisse des prix à l’importation de la majorité des denrées (sauf le sucre) après la crise du Covid et le déclenchement de la guerre en Ukraine.

Mais cette amélioration s’explique surtout par une politique de réduction presque généralisée des importations en 2023 (-4,4% en 2023/22 contre +31,7% en 2022/21).

Cette réduction significative des importations s’observe sur une majorité de produits alimentaires tels que le riz, le blé tendre, le café et l’huile végétale. Les importations du sucre, du blé dur et du lait ont progressé mais n’ont pas suffi à compenser la demande intérieure. 2023 a été d’ailleurs marquée par des pénuries importantes et continues qui ont concerné plusieurs denrées alimentaires essentielles.