Comment aider les jeunes happés par le tabagisme à se prendre en mains et aller vers le sevrage ? Matcher entre coercition et persuasion serait le Mix gagnant.

En célébration de la Journée mondiale sans tabac qui tombe le 31 mai de chaque année, ‘’Med.tn’’ 1ère plateforme médicale en Tunisie, a réuni une table ronde, jeudi 30 mai. Anas
Laouini, Psychotérapeute, addictologue et Dr Modhater Marzouk, généraliste, étaient conviés à débattre du thème du tabagisme chez les jeunes. Cette table ronde animée par notre confrère Khaled Laabidi, radio IFM, tombe à point nommé étant donné la proximité des épreuves d’examen.

Cela pourrait conforter son audience auprès de la population cible. La problématique est posée avec justesse et discernement. Le tabagisme chez les jeunes progresse de manière inquiétante. C’est peut-être la porte ouverte vers une dérive de toxicomanie. Il faut trouver une parade à ce péril. Des campagnes de sensibilisation ont été réalisées sans parvenir à contrer le phénomène. C’est l’occasion pour s’interroger sur l’efficacité des actions futures à engager. Le sevrage instantané est difficile à réaliser. Faut-il transiter par les ‘’tabacs alternatifs’’ ? Voici les termes du débat.

Le danger de la banalisation du tabagisme

Quand la jeunesse est atteinte par le tabagisme le pays tout entier, y perd. La jeunesse, faut-il le rappeler, est notre capital humain du futur. Quand sa santé est en jeu la question prend une dimension d’intérêt national. C’est comme si le pays se trouvait obligé à manger son plein son blé en herbe. Le remplacement des générations est une affaire de plan de continuité nationale. Il s’agit d’une question stratégique pour le pays. Les classes d’âge concernées par le tabagisme s’étendent vers le bas. Auparavant, la ‘’Cibiche’’ séduisait les étudiants. Insidieusement elle a migré vers les lycées. Dangereusement elle a pénétré dans les collèges et-Ô sacrilège- elle va dans les écoles ! Quelle dégringolade ! Sous notre regard passif, les jeunes, les Teen agers puis les tous petits, sont contaminés à tour de rôle. Et on laisse faire. Et demain, sous notre même regard tolérant ce sera au tour des ‘’Piou Piou’’ ?  Ça suffit ! Il est vrai que les maladies tabagiques se déclarent sur le long terme, cependant la société est appelée à prendre les devants.  Et puis, risque conséquent, aujourd’hui les jeunes s’adressent aux buralistes pour acheter leurs ‘’Clopes’’. Demain comment les protéger des griffes des Dealers ? Il faut agir, voilà tout.

Les méfaits de la société permissive 

Le tabagisme chez les jeunes reflète un relâchement collectif. La société a baissé la garde, elle laisse faire. Les parents, premier cercle de défense de la jeunesse argumentent, lâchement. Bon après tout la cigarette c’est nocif mais à long terme. Et puis quand ils auront toute leur tête ils s’arrêteront. C’est un peu court et même quelque peu inconséquent. Médecins et psychiatres appellent à se protéger de la ‘’première cigarette’’ celle-là même par qui le désastre arrive. Quand un jeune craque une première fois, et bien il s’inscrit dans une logique de descente aux enfers. Le mal est que la société ne se dresse pas vent debout contre l’infiltration de la cigarette. Père et mère, au mépris de la nocivité du tabagisme passif, fument en présence de leurs enfants. Les réunions de famille deviennent aussi des cercles de fumeur. Enseignants et surveillants s’adonnent au tabagisme en cours de récré et parfois en classe. Voilà, l’exemple est donné. Le citoyen trouve normal que le guichetier, dans une administration, déserte son poste de travail le temps de ‘’Griller une sèche’’. Et puis ce même citoyen ne savoure-t-il pas son café au matin en ‘’allumant une’’. Scandale, il y a condescendance générale. Et, situation délirante, il arrive que les parents envoient leurs enfants pour leur acheter des cigarettes au débit de tabac du coin. Et celui-ci intéressé par son business le leur vend. La société marche sur la tête. Et les choses empirent quand en plus de toutes ces influences néfastes les Peoples entrent en scène. Un peu plus de 60% des comportements humains sont le fait de conformisme disent les spécialistes. Devant cette profusion d’influenceurs comment les jeunes ne céderaient ils pas au plaisir du mimétisme béat quitte à s’empoisonner la vie par le tabac. En pleine période de construction de leur personnalité les jeunes pensent s’affirmer en imitant les Bad Boys. Croyant s’affirmer par le tabagisme, comment leur faire prendre conscience qu’ils ne font que s’aliéner ?

Deux pistes, deux finalités

Il y a d’un côté les fumeurs impénitents. Accrocs du tabac, ils ne veulent pas y renoncer, prenant un malin plaisir à fumer. À ceux-là, des enseignes proposent des produits alternatifs dont le vapo et le tabac chauffé. Ces deux produits éliminent certains effets indésirables liés à la combustion du papier cigarette et du tabac. Le fumeur n’est pas privé de son plaisir mais il reste aliéné par la sujétion. Cela pour dire que le produit alternatif ne délivre pas le fumeur. De l’autre côté, il y a les jeunes fumeurs décidés à arrêter. L’ennui est que le sevrage ne se décrète pas. Dès lors comment y aller ? Les spécialistes préconisent la prise en mains thérapeutique. Elle serait nécessaire afin de provoquer chez le fumeur un choc émotionnel qui l’arrache à sa passivité. La situation est révoltante. On est en face d’un être rationnel et qui accepte délibérément de se faire mal. Oui disent les spécialistes le système limbique du cerveau, refuge du plaisir de fumer, annihile l’emprise de la raison.

Dans ce contexte la société est appelée à perpétuer des actions de sensibilisation à l’instar de toutes les campagnes de lutte contre l’alcoolisme.

Il y a bien sûr la coercition par la réglementation. Interdire de fumer dans les espaces publics et dans tous les espaces de convivialité de façon à contraindre le fumeur à s’abstenir. Il y a également les messages ‘’Fun’’ tel que ‘’Sans alcool la fête est plus folle’’. L’on voit bien que les messages d’alerte imprimés sur les paquets de cigarettes demeurent sans effets. Les jeunes les zappent. Il faut transiter par les véhicules  émotionnels. Et qui interpellent. Voilà le terrain est tout trouvé. Au travail ! ‘’Une cigarette? Halte ! Je n’ai pas envie de voir ma jeunesse partir en fumée’’, voici un projet de contribution de la part de votre serviteur. Au fait, vous avez du feu… ? Hep! Gare à la rechute. Une façon de mettre le feu aux poudres. En tous genres. Il y a urgence, agissons.