L’évènement en matière d’infrastructure routière a été créé, ces derniers jours, par la finalisation du schéma du financement d’un important axe routier, le corridor devant relier les gouvernorats de Kasserine à Sfax en passant par les gouvernorats de Kairouan et de Sidi Bouzid sur une distance de 187 Kms. Zoom sur un projet structurant.

Il s’agit d’une étape importante sur la voie de la mise en œuvre du projet lorsqu’on sait que le processus de réalisation d’un mégaprojet routier en Tunisie dure en moyenne quinze ans, répartis en cinq ans pour l’identification du projet et la délimitation de l’itinéraire, cinq ans pour l’étude de sa faisabilité technico-économique et cinq ans pour la recherche des ressources de son financement.

D’un coût d’environ 850 millions de dinars, le Corridor précité s’inscrit dans le cadre du Plan National des Transports 2040. Cette stratégie vise à améliorer la connectivité régionale et à dynamiser l’économie des zones défavorisées. Le projet sera  financé par la Banque mondiale, la Banque européenne d’investissement et le budget de l’Etat.

La banque mondiale et la BEI financeront le corridor

L’accord de prêt avec la BEI a été signé, le 13 juin 2024, à Tunis, en marge du Forum de l’investissement en Tunisie (Tunis les 12 et 13 juin 2024). Celui conclu avec la Banque mondiale, soit un montant de 203 Millions d’euros, a été signé, le 26 mars 2024, à Tunis.

Le corridor Kasserine-Sfax fait partie des routes expresses qui tendent à désenclaver  les régions de l’ouest du pays et à les relier à la logistique portuaire et aéroportuaire de l’est du pays. L’ultime objectif étant permettre aux producteurs de l’arrière pays d’acheminer leur production dans de bonnes conditions de sécurité et de célérité vers des ports comme ceux de Zarzis, Gabès, Sfax, Sousse, Radès… Le gouvernement tunisien compte beaucoup sur ces corridors pour réduire le déséquilibre entre le littoral et l’arrière pays.

La littérature publiée à l’occasion de la finalisation du schéma de financement du projet nous apprend que les  travaux de réalisation devraient débuter au second semestre 2025, après l’appel d’offres prévu pour le second semestre 2024, et durer 36 mois.

Concrètement, il s’agit de moderniser la route nationale N°13, de transformer l’infrastructure existante en passant de 2×1 voies à 2×2 voies ( incluant des barrières médianes) et à améliorer les ouvrages d’art existants.

Les bailleurs de fonds soutiennent particulièrement le projet

Ce projet routier bénéficie d’une attention particulière de la part des bailleurs de fonds. Pour preuve, début juin 2024, le directeur des opérations pour le Maghreb et Malte, de la Banque mondiale, Jesko Hentschel a informé, de vive voix, les autorités tunisiennes que son institution souhaite cofinancer en priorité, cette année le Corridor de développement économique “Kasserine/Sidi Bouzid/Sfax”.

Le responsable de la banque mondiale est convaincu que ce projet va rejaillir bénéfiquement sur les communautés du centre ouest de Tunisie tant « il vise à réduire les disparités économiques régionales en améliorant la qualité du transport routier et en facilitant l’accès au financement des PMEs tout le long du corridor ».

Pour sa part l’union européenne croit fort en ce projet. C’est ce qui l’a amenée à garantir le prêt de la BEI dédié à ce projet.

Désenclavement de l’ouest du pays : le meilleur reste à venir

Quant à nous, nous pensons que la finalisation du schéma de financement de ce projet vient illustrer de manière éloquente un des premiers résultats visibles des émeutes qui ont  eu lieu, du 16 décembre 2010 au 14 janvier 2011 et dont un des motifs était justement la dénonciation du déséquilibre régional.

Le corridor Kasserine- Sfax vient renforce d’autres réalisations accomplies en matière de désenclavement de l’ouest du pays.  Au nombre de celles-ci, figurent le doublement de la voie entre Siliana – El Fahs (60kms), le doublement de la voie entre Kairouan-Sousse (55 kms), Zaghouan- Jebel oust (une trentaine de kms).

Mais le mégaprojet le plus attendu est, manifestement, la nouvelle autoroute qui devrait relier Tunis aux gouvernorats de Kairouan, Sidi Bouzid, Kasserine, Gafsa (ECOSO). Cette desserte autoroutière, longue de 386 kms dont une section prioritaire longue de 188 kms devant relier Tunis à Jelma, a été déjà entamée.

Pour être complet sur le sujet, nous espérons également qu’un financement pour réaliser le dernier tronçon de l’autoroute trans-maghrébine Bousalem-frontière algérienne (Nord ouest de Tunisie) sera trouvé dans les meilleurs délais d’autant plus que les études de faisabilité de cette autoroute sont fin prêtes depuis des années.

Et pour ne rien oublier, il n’est pas besoin de rappeler que l’ensemble de ces projets s’alignent sur les Objectifs de Développement Durable des Nations Unies et de la stratégie Global Gateway de l’UE, visant à renforcer les infrastructures économiques de la Tunisie et à y promouvoir un développement durable et inclusif.