L’Afrique, forte d’un potentiel agricole et naturel confirmé et de productions agricoles riches et diversifiées, est perçue comme le futur grenier du monde. Toutefois, rendre l’agriculture du continent durable et l’accompagner des mesures de conservation de la biodiversité, fondées sur la nature, semble un grand défi, estiment les experts, responsables et représentants d’organisations africaines spécialisées, réunis, mardi, à Nairobi, la veille du premier Forum sur la conservation d’Afrique, de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Parmi les obstacles qui entravent la réalisation de cet objectif de conciliation entre agriculture et protection de l’environnement, les experts ont évoqué lors d’un panel sur « l’agriculture durable : des solutions africaines pour la nature et les populations », des obstacles économiques et le manque de soutien aux petits exploitants, ce qui les rend souvent peu convaincus du rendement des projets de restauration et de conservation.
Pour les motiver et les engager davantage dans les projets de protection de la nature, les panélistes ont appelé à les soutenir en leur garantissant des avantages économiques, à intégrer les petits exploitants dans les politiques agricoles et de développement en général tout en leur garantissant des marchés adaptés à même d’offrir des prix équitables et justes à leurs productions.
L’agrécologie est retenue, dans ce contexte comme la meilleure réponse pour conserver la biodiversité, maintenir le sol en bonne santé et restaurer les terres.
Il s’agit également, du manque de financement à long terme des projets de conservation, le manque de composants de chaînes de valeurs pour les systèmes de restauration (reforestation…), les conflits sociaux outre les obstacles d’ordre social et culturel. Ainsi, dans certaines communautés, les projets de reboisement sont réservés aux hommes et excluent les femmes.
Parmi les obstacles évoqué lors de ce débat, figure l’accès à la technologie. A cet égard, les paysans africains n’adhèrent pas aux solutions technologiques intégrées à l’agriculture et aux projets de restauration et de conservation. A cause du manque de connaissances et de sensibilisation, ils ne peuvent pas maîtriser certaines pratiques et préfèrent maintenir leurs expertises classiques, ont expliqué certains panélistes.
Intervenant lors de ce panel, la directrice générale de l’UICN, Grethel Aguilar a rappelé que le réseau environnemental qui regroupe plus de 1400 associations membres et 16000 experts veut travailler avec les gouvernements et la société civile en Afrique pour « soutenir les rêves des jeunes » pour transformer l’avenir de l’Afrique et concilier nature et progrès. L’Afrique compte, pour rappel, environ 1,2 milliard d’habitants d’une moyenne d’âge de 19 ans.
Elle a axé son discours sur trois messages clés : la nécessité de travailler ensemble, en dépit des divergences, l’exploitation du potentiel et du pouvoir de l’agriculture pour transformer l’avenir de l’Afrique, lutter contre les changements climatiques et réaliser la sécurité alimentaire et l’adoption des solutions fondées sur la nature pour restaurer les terres.
La responsable a évoqué, dans ce cadre, un projet soutenu par l’IUCN au Rwanda ou les travaux de restauration à travers la reforestation massive de 2000 hectares a permis de réduire l’impact des inondations et les glissements de terrains.
L’ouverture officielle du Forum africain de la Conservation est prévue, mercredi, 26 juin 2024.