A croire de récentes études de think tanks spécialisés dans les nouvelles tendances d’attractivité des IDE dans le bassin méditerranéen, la Tunisie en tant que site de production internationale ne peut plus compter, dans le futur sur les atouts des bas salaires et des avantages fiscaux et financiers pour attirer les investisseurs étrangers de plus en plus enclins à investir dans le numérique.
Conscientes, depuis bien longtemps de cette donne, les autorités économiques tunisiennes et les économistes du pays ont perçu dans l’innovation une piste à explorer pour y remédier.
Les progrès accomplis en matière d’innovation sont mesurée sur la base de plusieurs critères. Il s’agit entre autres de la qualité des institutions, de l’éducation, de la recherche et du climat des affaires. A ces paramètres s’ajoutent la sophistication de la production et des exportations de services technologiques et créatifs.
Au rayon des réalisations accomplies en Tunisie, elles sont très maigres. Il y a lieu de signaler, au plan institutionnel, le changement de la dénomination de l’ancienne Agence de promotion de l’investissement dans l’industrie (API). Elle est, désormais, dénommée, depuis des années, Agence de promotion de l’investissement et de l’innovation (APII).
Prise de conscience de l’enjeu de l’innovation
A cela s’ajoute une prise de conscience généralisée de l’urgence de migrer vers l’innovation. Tout récemment, lors d’un récent séminaire, organisé au mois d’avril 2024, sur la relance des IDE en Tunisie, la première responsable de la promotion des IDE, Namia Ayadi, présidente de l’Instance tunisienne de l’investissement (TIA) a reconnu que « les stratégies industrielles adoptées dans le passé et qui sont orientées essentiellement vers l’exportation, sont devenues de moins en moins viables et de moins en moins efficaces ».
Les stratégies industrielles adoptées dans le passé, orientées essentiellement vers l’exportation, sont devenues de moins en moins viables et de moins en moins efficaces.
Pour elle, la tendance aujourd’hui est à l’innovation. « Nous avons besoin de passer d’un modèle qui est basé sur une industrie à faible valeur ajoutée vers un modèle où l’innovation et les nouvelles technologies doivent être au cœur de la croissance. D’où l’enjeu pour la Tunisie d’attirer des IDE innovants, utilisant les nouvelles technologies et prenant en considération des paramètres comme le défi climatique et la relocalisation », a-t-elle dit.
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Pour leur part, deux économistes chevronnés en l’occurrence, Abderrzak Zouari et Hamadi Fehri, auteurs, du récent ouvrage économique « L’économie tunisienne à l’épreuve de la démocratie : Acteurs institutions et politiques» estiment que la recette miracle pour créer un nouveau modèle économique attractif pour les IDE en Tunisie réside dans l’investissement et la promotion de l’innovation, la science et la technologie (STI).
Indépendamment de cette prise de conscience stérile au double plan administratif et de la recherche économique, ce qui est visible sur le terrain est loin de prouver que la Tunisie est sur la voie de mettre en place un écosystème favorisant l’innovation.
L’environnement général ne favorise pas l’innovation
Selon le classement 2023 de l’indice mondial de l’innovation publié, depuis 2007, par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), la Tunisie occupe certes la 79ème place sur un total de 132 pays listes. Seulement en dépit de cette bonne note positive, la Tunisie traîne d’importantes insuffisances en matière d’innovation.
Parmi celles-ci, l’index global d’innovation pointe du doigt la mauvaise qualité de l’environnement des affaires en général.
Nous avons besoin de passer d’un modèle qui est basé sur une industrie à faible valeur ajoutée vers un modèle où l’innovation et les nouvelles technologies doivent être au cœur de la croissance
Dans le détail, le rapport cite : des tarifs douaniers élevés, un écosystème de recherche peu développé, des exportations au contenu technologique réduit, un recours insuffisant à l’économie de la connaissance et une main d’œuvre non numérisée.
Le rapport évoque également la faible qualité des institutions, l’instabilité juridique, la faiblesse de l’investissement dans l’infrastructure dédiée à l’innovation, les rigidités du droit social et son principal corollaire le coût élevé des licenciements… Et la liste des insuffisances est loin d’être clôturée.
Augmenter les budgets et intensifier l’investissement dans l’innovation
Globalement, les observateurs de l’économie tunisienne pensent que la Tunisie a encore un long chemin à parcourir pour s’ériger en une niche attractive sur le marché internationale des industries numériques créatives.
La Tunisie a encore un long chemin à parcourir pour s’ériger en une niche attractive sur le marché international des industries numériques créatives
Pour y parvenir, ils recommandent aux autorités tunisiennes d’augmenter le budget alloué à l’innovation, d’investir gros dans la formation numérisée et d’ancrer dans les entreprises les deux principaux requis de l’innovation : le souci de l’excellence et le souci de la qualité.
Abou SARRA