Une étude réalisée par le Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux (FTDES) sur le rôle de l’économie solidaire et sociale dans les régions (le gouvernorat de Kasserine à titre d’exemple) a montré que l’investissement social est positivement impacté par le nombre d’associations de développement et le nombre de projets financés, contribuant ainsi à l’inclusion sociale des groupes marginalisés, à la création d’emplois et à la réduction des inégalités sociales.
Lors d’une conférence organisée à Tunis pour présenter les résultats de cette étude, Sana Nakir, professeure au département de sociologie de l’Institut Supérieur des Sciences Humaines, et auteure de l’étude, a expliqué que l’économie solidaire et sociale joue un rôle crucial et fondamental dans la création de valeur économique et sociale, en tant que modèle alternatif coopératif où les institutions de soutien et les entreprises sociales participent au développement local et à la stabilité sociale des régions.
Elle a indiqué que cette étude a commencé par une enquête sur les principaux points forts et faibles des institutions de soutien et d’appui au développement dans la région de Kasserine et par une analyse des institutions liées à l’économie sociale et solidaire, qui se divisent en trois grands types : les mutuelles, les coopératives et les associations.
L’intervenante a relevé l’existence de plusieurs institutions et structures d’appui au développement dans ce gouvernorat, classé comme étant le plus pauvre du pays avec trois délégations où le taux de pauvreté dépasse 50%, “ce qui en fait un contexte très adapté pour l’économie solidaire”, a-t-elle affirmé.
Elle a ajouté que le principal problème ou point faible est l’absence d’une structure dédiée au soutien direct des entreprises solidaires et sociales, ou d’une institution bancaire offrant un financement et un appui spécifiques à ces entreprises.
L’étude a porté sur les associations de développement visant à améliorer et à promouvoir le développement économique et social durable et à améliorer les conditions de vie, selon une méthodologie structurelle basée sur l’intelligence artificielle.
L’étude a conclu que l’investissement social dans le gouvernorat de Kasserine est positivement influencé (90%) par le nombre d’associations de développement (13) et le nombre de projets financés, contribuant ainsi à l’inclusion sociale des groupes marginalisés, à la création d’emplois et à la réduction des inégalités sociales dans la région.
Sana Nakir a salué la richesse du tissu associatif de Kasserine, actif dans divers domaines tels que la culture, les arts, les sciences et l’environnement. Elle a cependant noté l’absence d’interventions ciblées et efficaces des associations dans des domaines spécifiques, comme la lutte contre la pauvreté.
Une deuxième étude, portant sur un modèle de coopératives à Kasserine, à savoir la Coopérative des Services Agricoles “Al-Wafaa”, a montré que ce modèle, qui regroupe 187 agriculteurs, a réussi à améliorer les chaînes de valeur à tous les niveaux : économique, social, technique, commercial, financier et managérial.
La spécialiste en sociologie a indiqué que les principaux programmes de la coopérative visent à moderniser la production de tomates dans le cadre d’un projet de 374 000 dinars, avec l’objectif d’introduire une nouvelle unité de production de tomates séchées et moulues, pour valoriser la production.
Elle a précisé que ce projet a contribué, sur le plan économique, à la création de richesse, à l’augmentation de la production et de la productivité, et à la création d’emplois (20 femmes parmi 35 travailleurs), renforçant ainsi l’autonomisation économique des femmes. Sur le plan commercial, il y a eu une diversification de la production et la conquête de nouveaux marchés et clients (le marché italien) après le renouvellement de l’emballage et du conditionnement.
Elle a ajouté que la modernisation des outils de production et l’aménagement des lieux de travail ont amélioré les indicateurs commerciaux et financiers, augmenté la rentabilité et généré des profits importants, et amélioré la gestion.
Elle a souligné que les coopératives agricoles de la région ont contribué à revitaliser l’économie régionale, à améliorer les indicateurs, à réduire les inégalités sociales, à diminuer le coût des matières premières, à faciliter la compétitivité, tout en atteignant l’objectif principal d’amélioration des conditions de vie des citoyens.