“Grâce à un meilleur accès au capital, à la technologie et à l’expertise, les entreprises africaines peuvent améliorer leur productivité et leur qualité, devenant ainsi plus compétitives sur le marché de la ZLECAf (Zone de libre-échange continentale africaine).
Les pays africains ont besoin d’investissements pour transformer les chaînes de valeur, s’industrialiser et promouvoir l’inclusion économique et sociale. Le potentiel des chaînes de valeur africaines réside dans l’augmentation de la productivité, l’approfondissement de l’intégration économique et le renforcement de la résilience face aux chocs économiques”, a déclaré Wamkele Mene, Secrétaire Général de la ZLECAf, lors de l’ouverture du FIAD 2024 le jeudi 27 juin à Casablanca (Maroc), un événement intitulé “Here We Invest”.
Le Secrétaire Général de la ZLECAf a insisté sur l’importance de développer les chaînes de valeur pour accélérer la mise en œuvre de la zone de libre-échange, rappelant qu’en 2019, la participation à la chaîne de valeur régionale n’était que de 2,7%, bien inférieure à celle d’autres régions comme l’Asie, où elle atteint 47%.
Les pays africains ne peuvent plus se contenter d’être de simples fournisseurs de matières premières pour le reste du monde. La ZLECAf ambitionne de développer un secteur industriel conséquent, de diversifier et d’améliorer les chaînes de valeur régionales, et plaide pour une plus grande participation du secteur privé dans des secteurs clés tels que l’agriculture et l’agro-transformation, l’automobile, les produits pharmaceutiques et le transport-logistique.
Les pays africains ne peuvent plus se contenter d’être de simples fournisseurs de matières premières pour le reste du monde
Au lieu d’exporter des fèves de cacao, certains pays africains devraient assurer leur transformation et les vendre sous forme de produits finis. “Dans le secteur de l’agro-transformation, nous développons des chaînes de valeur pour le poisson, le café, la volaille et l’alimentation animale. En collaboration avec la Fondation Mastercard et TradeMark Africa, nous avons lancé un programme de pêche visant à autonomiser les femmes et les jeunes, soutenant ainsi les chaînes de valeur régionales et facilitant le commerce. Ce programme vise à stimuler la production et le commerce du poisson. Environ 242.000 emplois pourraient ainsi être créés dans les pays affiliés à la ZLECAf.”
La Banque mondiale estimait en 2020 que sur les 450 milliards de dollars de gains potentiels résultant de la création de la ZLECAf, environ 300 milliards proviendraient des mesures de facilitation du commerce
La Banque mondiale estimait en 2020 que sur les 450 milliards de dollars de gains potentiels résultant de la création de la ZLECAf, environ 300 milliards proviendraient des mesures de facilitation du commerce visant à lever les freins bureaucratiques et à simplifier les procédures douanières, permettant à environ 68 millions de personnes de sortir de la pauvreté.
Priorités de la ZLECAf : Sécurité Alimentaire, Logistique, Industrie Automobile et Pharmaceutique, et Infrastructures
Outre la sécurité alimentaire, la fabrication de vaccins est une priorité pour la ZLECAf avec l’objectif d’atteindre une autosuffisance de 60 % d’ici 2040. “Nous voulons remédier à la forte dépendance du continent vis-à-vis des vaccins importés, mise en évidence pendant la pandémie de COVID-19,” assure Wamkele Mene. “Nous avons introduit une stratégie continentale pour la fabrication de vaccins, en collaboration avec l’Africa CDC et l’AUDA-NEPAD, pour mettre en œuvre ce cadre d’action.”
Nous avons introduit une stratégie continentale pour la fabrication de vaccins
L’industrie automobile africaine est également un secteur sur lequel mise la ZLECAf, soutenue par un fonds de 1 milliard de dollars de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank).
L’investissement dans les infrastructures de transport est également essentiel pour soutenir l’industrialisation et la croissance économique
“Le Centre africain pour le développement des ressources minérales (AMDC), basé à Addis-Abeba, a identifié d’importantes opportunités dans les chaînes de valeur des batteries et des véhicules électriques. En utilisant des ressources telles que le cobalt de la République démocratique du Congo, cette initiative vise à établir des chaînes de valeur régionales pour les minéraux verts, attirer d’importants investissements et stimuler la croissance économique sur tout le continent. L’investissement dans les infrastructures de transport est également essentiel pour soutenir l’industrialisation et la croissance économique,” ajoute le SG de la ZLECAf.
la ZLECAf étudie avec Afreximbank un projet visant à établir une plateforme panafricaine de paiements et de règlements pour faciliter le commerce.
Il rappelle que l’Afrique a besoin d’environ 170 milliards de dollars par an d’investissements dans les infrastructures, avec un déficit de financement actuel d’environ 68 à 108 milliards de dollars.
Wamkele Mene a également souligné le coût de la convertibilité des devises dans les échanges commerciaux entre pays africains. À ce propos, la ZLECAf étudie avec Afreximbank un projet visant à établir une plateforme panafricaine de paiements et de règlements pour faciliter le commerce.
Les Jeunes et les Femmes Construiront l’Avenir de l’Afrique
Dans le cadre de l’initiative visant à intégrer le continent à travers la ZLECAf, l’Assemblée de l’Union africaine (UA) a adopté un instrument juridique historique visant à ouvrir la voie aux femmes et aux jeunes pour qu’ils jouent un rôle important dans l’intégration commerciale du continent pour une prospérité partagée.
“Nous appelons les gouvernements africains à effectuer environ 40 % de leurs achats auprès de producteurs locaux, en mettant l’accent sur les femmes et les jeunes.”
Le Protocole de la ZLECAf a mis en place un cadre réglementaire pour promouvoir un développement socio-économique durable et inclusif, soutenir les PME, les commerçants informels et les jeunes entrepreneurs en éliminant systématiquement les obstacles entravant leur participation au commerce transfrontalier. “Nous appelons les gouvernements africains à effectuer environ 40 % de leurs achats auprès de producteurs locaux, en mettant l’accent sur les femmes et les jeunes.”
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La digitalisation et le commerce électronique sont également essentiels pour renforcer l’inclusivité et lever les obstacles au commerce intra-africain, souligne le SG de la ZLECAf. “Les plateformes électroniques réduisent les coûts de transaction et facilitent les paiements transfrontaliers, rendant plus facile la participation des petites entreprises au commerce international. La jeunesse africaine s’intègre facilement dans l’économie numérique, une niche importante de croissance en Afrique.”
Un Protocole sur le e-commerce a été récemment adopté par la ZLECAf pour favoriser la transformation numérique et l’inclusion financière. Ce protocole concerne aussi la digitalisation des documents commerciaux et des processus douaniers entre pays africains pour simplifier les opérations commerciales et réduire les obstacles bureaucratiques.
En supprimant les barrières commerciales et en renforçant la coopération, nous pouvons édifier des corridors commerciaux interconnectés à travers le continent
L’Afrique doit être entreprenante pour décider de sa destinée, estime Wamkele Mene. “Nous sommes décidés à soutenir les entreprises locales, investir dans les infrastructures et encourager les jeunes entrepreneurs… En supprimant les barrières commerciales et en renforçant la coopération, nous pouvons édifier des corridors commerciaux interconnectés à travers le continent. Ces corridors faciliteront le mouvement des biens et des services, tout en favorisant l’échange culturel et l’unité.”
Nous devons prendre des mesures audacieuses pour que la richesse de l’Afrique profite à l’ensemble de sa population, transformant notre continent en un phare d’espoir et de progrès sur la scène mondiale
Pour y parvenir, il est essentiel de se concentrer sur le développement des infrastructures, de soutenir les PME et les startups, d’adopter les technologies numériques, d’investir dans l’éducation et le développement des compétences, et de favoriser les partenariats public-privé. “Nous devons prendre des mesures audacieuses pour que la richesse de l’Afrique profite à l’ensemble de sa population, transformant notre continent en un phare d’espoir et de progrès sur la scène mondiale,” conclut le Secrétaire Général de la ZLECAf.
Pourrions-nous aujourd’hui reprendre la célèbre citation sur la Chine* pour l’Afrique ? L’éveil de l’Afrique fera-t-il trembler le monde ?
Amel Belhadj Ali
“Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera”