Le gouvernement américain vient de publier son rapport annuel sur la liberté religieuse en Tunisie et dans 198 autres pays étudiés. Pour montrer l’intérêt que les Etats unis accordent à ce rapport qui couvre l’année 2023, c’est Le secrétaire d’État américain Antony Blinken qui en a présenté, le 26 juin 2024. , les conclusions.
Officiellement, ce rapport soutient « la vision américaine d’un avenir où chacun a non seulement la possibilité de choisir ses croyances et de les pratiquer, mais aussi le droit de ne pas croire ou de ne souscrire à aucune religion».
De nobles objectifs, mais…
Mieux, les Etats Unis estiment que « le respect de la liberté religieuse renforce d’autres droits, tels que celui de parler librement, de se réunir pacifiquement et la capacité à participer à la vie politique. «La protection de ce droit universel offre aux gens les moyens de s’exprimer, de vivre pleinement leur potentiel et de contribuer pleinement à la société», fait remarquer, Antony Blinken.
Financé à hauteur de 100 millions de dollars par an par le département d’Etat, ce rapport, qui est à sa 25ème édition, est concocté par les ambassades et consulats américains dans les 199 pays étudiés. Les diplomates américains scrutent, l’espace d’une année, l’état des législations touchant la liberté religieuse, l’application concrète de ces lois et les « abus » affaiblissant cette liberté.
Ils s’emploient aussi avec des exemples précis, à défendre des situations où des individus seraient inquiétés, voire emprisonnés, pour leur croyance.
Dans la section consacrée à la Tunisie, le rapport ne relève pas des actes et menaces qui pèsent sur la liberté religieuse. Il fait état de discussions intenses menées par l’Ambassadeur des Etats en Tunisie sur le respect de la liberté religieuse.
A ce sujet, le rapport évoque des entretiens qu’a eus le diplomate américain non seulement avec les autorités officielles du pays (présidence de la république, ministères des affaires étrangères et de l’intérieur, ministère des affaires religieuses…) mais également avec des minorités religieuses bahaïe, juive, chrétienne.
Les entretiens ont porté, selon le rapport, sur les difficultés rencontrées par ces minorités mais aucune précision n’est apportée sur la nature des problèmes rencontrés.
Le rapport évoque des initiatives financées par les Etats Unis en vue de favoriser le dialogue entre les religions et l’identification précoce des signes d’extrémisme religieux. Le document parle d’un programme dédié, à cette fin, au mouvement scout tunisien, de la restauration de manuscrits de Coran à Kairouan et de l’octroi d’une bourse d’étude à une ONG tunisienne appelé à s’initier au dialogue entre religions .
Concernant les minorités religieuses, le rapport évoque l’organisation, en juin 2O23, d’un atelier régional auquel ont pris part une quinzaine de représentants de minorités religieuses basées en Tunise, au Maroc et au Liban.
Un rapport partisan, loin d’être indépendant
Par delà ces éclairages, empressons nous de signaler, que ce rapport, même s’il reconnaît que « la liberté religieuse ne cesse de se dégrader et d’être violée dans le monde », est loin d’être objectif et indépendant. Et pour cause. Il prend parti pour l’Etat sioniste d’Israel et occulte le droit du peuple palestinien musulman de vivre dignement.
Pour ne pas s’étaler trop sur la position anti-palestinienne et islamophobe du département d’Etat, retenons cette séquence du rapport. Ce document s’inquiète de ce qu’il appelle, les conséquences des « horribles attaques terroristes du 7 octobre, journée la plus meurtrière de l’histoire d’Israël » avec le constat d’une « forte augmentation de l’antisémitisme ».
Dans son discours, Antony Blinken a fait assumer, indirectement, au mouvement palestinien Hamas l’exacerbation à travers le monde des crimes de haine à caractère religieux.
La question qui se pose dés lors est de s’interroger sur les raisons qui poussent les États-Unis à surveiller de près la liberté religieuse dans le monde.
Est-il besoin de relever que les Etats Unis à travers ce rapport disposent d’informations de première main sur les minorités religieuses dans le monde. A titre indicatif, les Etats Unis sont les seuls à nous apprendre que le nombre des adhérents à la secte Bahaie en Tunisie varie entre 100 et 1000.
Du reste, connaissant bien le côté subversif des Etats Unis, Il n’est pas étonnant que par delà le noble objectif recherché à travers la défense de la liberté religieuse, le pays de l’oncle Sam pourrait utiliser ces minorités pour déstabiliser les pays persécuteurs, et ce, pour sauver juste ses propres intérêts.
Abou SARRA