Il est primordial de renforcer la diplomatie économique afin de favoriser l’intégration de la Tunisie dans son milieu continental et d’optimiser son adhésion à l’accord, portant création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), ce qui lui permettrait de mieux se repositionner sur le marché africain, a souligné l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Etudes Quantitatives (ITCEQ) dans un rapport rendu public, mercredi.
“Une diplomatie économique efficace devait être construite autour de réseaux issus des différents ministères concernés, ainsi que du secteur privé, de la banque centrale, de la douane et de la société civile”, a ajouté l’ITCEQ dans ce rapport intitulé ” Analyse de performance et évaluation de l’adhésion de la Tunisie à la ZLECAf : Application d’un modèle de gravité augmenté”.
Il a, à cet égard, appelé le ministère des Affaires étrangères à étendre ses capacités institutionnelles et à mobiliser les ressources humaines compétentes et polyvalentes nécessaires pour la conduite de la diplomatie économique, jugeant cruciale une montée en compétence du cadre diplomatique .
“Les relations commerciales de la Tunisie avec ses partenaires africains peuvent, ainsi, être renforcées si des compétences diplomatiques sont combinées avec les outils économiques pour promouvoir les objectifs politiques, économiques et stratégiques de son adhésion à la ZLECAf”, insiste encore l’Institut.
Il a, par ailleurs, mis l’accent sur l’impératif d’accompagner et vulgariser les opportunités offertes sur le marché africain, et ce, en renforçant davantage le cadre institutionnel lié à la facilitation du commerce et l’investissement, surtout en relation avec le transport, la logistique, et l’appui financer et assurantiel des échanges. L’objectif étant de faciliter l’accès des entreprises tunisiennes aux marchés africains.
Nécessité d’élaborer une stratégie nationale d’insertion, d’intégration et de positionnement sur le continent africain
D’après l’ITCEQ, il est également de mise d’élaborer une stratégie nationale participative d’insertion, d’intégration et de positionnement sur le continent africain reposant sur une vision claire, stratégique et partagée par l’ensemble des intervenants.
Cette stratégie doit retracer les réalisations et identifier les points forts ainsi que les défaillances pour une co-diversification optimisée et orientée des produits destinés à l’exportation vers ce marché.
Il est également primordial qu’elle fixe les objectifs et politiques à mettre en œuvre pour exploiter les avantages et les opportunités qu’offre la ZLECAf, et, aussi, des priorités permettant de guider les choix et d’orienter les politiques d’ordre géoéconomique du pays.
Ladite stratégie doit également veiller à consacrer l’ambition nationale en faveur de l’industrialisation du pays par le commerce et du commerce par l’industrialisation et ce, via l’implication de l’ensemble des intervenants (l’État, le secteur privé, (les industriels nationaux), les structures d’appui, les banques, la société civile).
Pour réussir l’intégration dans son milieu africain et dans l’économie mondiale, la Tunisie est aussi appelée à accélérer la transformation structurelle de son économie qui reste, selon l’ITCEQ, étroitement, liée au développement du secteur manufacturier.
Néanmoins, cela reste tributaire de trois conditions primordiales à savoir la hausse du taux d’investissement productif, le développement de secteurs manufacturiers avec un potentiel de croissance, et l’accélération de la mise en œuvre de la stratégie nationale industrielle et des pactes sectoriels.
Pour rappel, la Tunisie qui a adhéré à l’initiative « Commerce guidé » lancée, le 7 octobre 2022, par le Secrétariat de l’Accord sur la ZLECAF, fait partie des 8 premiers pays africains (Egypte, Ghana, Cameroun, Rwanda, Kenya, Tanzanie et l’île Maurice) qui se préparent à lancer la ZLECAF, et ce, dans le cadre de ladite initiative.
L’Accord de la ZLECAF est entré en vigueur en mai 2019. Il a été ratifié par la Tunisie le 7 août 2020. C’est l’un des projets phares de l’Union africaine (UA) qui vise à renforcer la coopération sud-sud pour une Afrique intégrée, prospère et pacifique » en cohérence avec l’Agenda 2063 de l’UA.
Il s’agit également de consolider les relations commerciales entre les 55 Etats membres de l’union, dans un marché totalisant plus de 300 millions de consommateurs et de 3400 milliards de dollars d’échanges annuellement. Cet accord vise à lever les barrières douanières entravant la libre circulation des marchandises et des services entre les pays africains.
Selon les données du Centre de Promotion des Exportations (CEPEX), le potentiel inexploité en Afrique est estimé à environ 1,2 Milliard de dollars. Les opportunités d’exportation inexploitées représentent environ 61 % en Afrique du Nord (754 millions de dollars), 22% en Afrique de l’Ouest (soit environ 270 millions de dollars), 8% en Afrique de l’Est (94 millions de dollars).