Du dialogue des Iles, en passant par le dialogue des cordes, jusqu’au dialogue des nationalités dans « Rouh el arab », le violoniste-compositeur-arrangeur tunisien de renom Zied Zouari vient de laisser dans la soirée du 11 juillet 2024 dans l’écrin mythique du théâtre de plein air de Hammamet une trace singulière de son passage avec sa toute fraiche création musicale « Made in Africa ».

Avec comme en accoutumée son talent inoui nourri par ses innombrables voyages immersifs dans les musiques du monde, il a transporté le grand public qui a afflué en très grande masse, dans un périple vers les tréfonds des musiques tunisiennes pour raconter une histoire partagée, une histoire qui nous lie et unit, mettant en avant la diversité culturelle, artistique et musicale de l’ancienne lfriquiya qui donna son nom à tout un continent.

Dans ce projet présenté exclusivement pour la 58ème édition du Festival international de Hammamet, le virtuose du violon était accompagné d’un orchestre de 16 artistes entre instrumentistes et vocalistes dans une création où le rythme a bel et bien imposé sa force magistrale.

De sa présence, son charisme et son jeu de direction où la complicité et l’harmonie étaient les maitre-mots, se profile un nouvel aspect dans le parcours d’un artiste dont la passion pour les sons et les rythmes le conduisent cette fois à un retour aux origines, aux racines en quête de ce qu’il défend « la réconciliation identitaire avec notre africanité ».

Durant près d’une heure et demi, les yeux ont été braqués vers ce qui a été savamment diffusé par les sonorités des instruments à cordes, du combo jazz rock et des percussions livrés par des musiciens prodigieux. Misant sur trois invités spéciaux, le percussionniste Hamdi Jamoussi, le signataire de « Fallega « Nasreddine Chebli et le musicien Hassen Mchaikhi, le seul pratiquement aujourd’hui à jouer l’instrument à archet « El Gougay » et le « gumbri », deux instruments spécifiques du stambeli, Zied Zouari a donné comme il l’a espéré, un spectacle où ont été omniprésentes les correspondances entre les rythmes des musiques tunisiennes des tréfonds de la Tunisie issus de la hadhra, de la musique populaire comme el fazzeni, ou aussi les musiques confrériques comme le stambeli, … autant de rythmes qui ont retenti dans un spectacle bien métissé et qui s’est voulu dès le départ salvateur d’une certaine reconnaissance de l’africanité de la musique tunisienne qui nous a bercé tout au long de notre histoire et qui marque notre mémoire collective.

En attendant l’album qui sera selon Zied Zouari, prêt à l’automne prochain et disponible sur toutes les plateformes musicales digitales, « Made in Africa » a donné aussi à voir des tableaux chorégraphiques faisant monter encore plus l’adrénaline avec chaque morceau interprété et joué sous la houlette de Zied Zouari qui s’est montré comblé de partager cette prestation avec le large public réunissant notamment des fins connaisseurs et plusieurs de ses collaborateurs, dans l’écrin épuré et sublime du théâtre de plein air de Hammamet.

Zied Zouari a emporté, femmes, hommes, toutes générations, nationalités et tranches d’âge confondues, dans un sublime voyage à la croisée des répertoires dans une soirée d’afro jazz inoubliable certes pour le public qui a interagi avec une grande attention et curiosité à ce dialogue musical, fruit d’une nouvelle recherche sur les rythmes qui ont bercé les Tunisiens depuis la nuit des temps.

Avec cette vision musicale captivante qui forge par sa magie de nouvelles sonorités et formes d’entrevoir la musique contemporaine, Zied Zouari ne peut incarner par cette aventure qu’ambition dans le monde de rythmes, de mélodies et d’idées de musicalité transcendée en signant avec « Made in Africa » une véritable mosaique bien métissée où culture, musique et géographie fusionnent, pour nous emporter au cœur de la source originelle de notre existence, en nous offrant une sorte de méditation intime, un sens à notre appartenance, à notre vie.