Le ministre de la jeunesse et des sports, Kamel Déquiche, a déclaré vendredi que le sport n’est plus un luxe ni une pratique à laquelle on s’adonne pendant notre temps libre, mais plutôt désormais un mode et un style de vie, une expression de la culture des peuples et un signe de progrès et de prospérité.

Intervenant à l’ouverture de la première conférence sur la stratégie nationale pour le sport à l’horizon 2035, Déguiche a expliqué que le sport a été pour certains pays un moyen d’influencer leur environnement extérieur sans recourir à la puissance des armes, citant pour exemple l’impact qu’avait eu la Coupe du monde de la FIFA au Qatar sur l’opinion publique internationale pour un premier mondial dans l’histoire des peuples arabes organisé dans la région.

“Au moment où le sport tunisien se prépare pour les enjeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, une stratégie intégrée a été adoptée pour offrir aux athlètes tunisiens un bon départ”, a fait savoir le ministre, exprimant son espoir de voir la délégation sportive tunisienne livrer une performance honorable à l’édition de Paris 2024, surtout après l’allocation d’un “budget supplémentaire” pour les sportifs qualifiés aux JO.

Il a, dans ce sens, souligné la création d’une “commission mixte” entre les ministères de la jeunesse et des sports et celui des finances pour faciliter la répartition et le versement des subventions, et le déblocage jusqu’ici de plus de 90 % du budget alloué à la préparation des équipes nationales, et la conclusion d’accords avec les athlètes tunisiens expatriés sous forme de contrats d’objectifs, en plus du soutien technique et logistique, dont ont bénéficié, notamment, Fares Ferjani (escrime), Ahmed Jaziri et Mohamed Amine Jhinaoui (athlétisme), et Salim Jamayi et Ghaylène Khatteli (canoé-kayak).

Pour Kamel Déguiche, la réalité du sport tunisien et les problématiques et lacunes auxquelles il est confronté dont l’infrastructure, le manque de financement et le phénomène croissant de la violence dans les stades et les salles de sport nécessitent une réflexion plus sérieuse et plus approfondie pour trouver des solutions, élaborer une stratégie future pour développer le sport tunisien et lui restituer ses gloires, en abritant à nouveau les plus grands événements sportifs continentaux et internationaux.

Et le ministre d’ajouter: “le modèle sportif adopté par l’Etat tunisien depuis plus de quarante ans a donné lieu à de nombreux résultats impressionnants et distingués aux niveaux continental et international et a fait naitre de nombreux champions dans diverses disciplines, à commencer par Mohamed Gammoudi en passant par Oussama Mellouli, Habiba Ghribi et Ayoub Hafnaoui, tous décorés d’or aux Jeux Olympiques, sans oublier l’épopée argentine du football tunisien en 978, mais ce modèle a atteint ses limites et montre des signes de fatigue, d’où la nécessité de sa révision afin que nos réalisations sportives ne soient pas perdues à cause de cette usure inévitable et naturelle”.

A cet égard, Déguiche a expliqué, que ce qu’il qualifie, de “signes de fatigue” se manifeste par des résultats moyens dans certains sports, notamment les sports collectifs, l’émergence de nouveaux sports en dehors de la culture sportive classique, qui ne sont pas pris en charge par nos textes juridiques ou nos infrastructures sportives, l’émergence de la culture du sport citoyen, la prédominance de l’argent dans les activités sportives classiques en général et les sports collectifs en particulier.

Selon lui, le secteur du sport a besoin aujourd’hui de nouvelles normes pour avancer, précisant que la réalisation de cet objectif est possible en présence de compétences sincères et capables qui croient en la nécessité de travailler davantage et de fournir plus d’efforts.

Partant de ce constat et croyant en l’importance du travail participatif, l’autorité de tutelle a décidé d’organiser la première conférence nationale sur la stratégie du sport à l’horizon 2035 en impliquant toutes les parties liées au sport, notamment les ministères concernés, les athlètes, les représentants des structures sportives et les journalistes sportifs pour débattre, échanger les vues et les propositions et élaborer une stratégie future pour la promotion et le développement du sport tunisien.

Le “projet de plan stratégique national du sport 2025-2035” est une vision ambitieuse qui vise à revaloriser le sport en Tunisie, à le promouvoir dans la société et à atteindre l’excellence aux niveaux local et international, à généraliser la pratique du sport à toutes les tranches d’âge et à toutes les régions de la République, à créer un système de détection des jeunes talents sportifs et à soutenir l’élite nationale dans le cadre du principe de l’égalité des chances, ainsi qu’à promouvoir le respect de l’éthique sportive et à instaurer les principes de la bonne gouvernance et de la transparence en matière de financement, affirme Kamel Déguiche.

Cette première conférence nationale qui se clôturera samedi, sera suivie d’une série d’autres conférences pour tenter d’aborder toutes les questions inhérentes au sport tunisien et de rechercher un nouveau modèle à ce secteur vital.