Bien qu’il soit une tradition en prélude des soirées du Festival international de Carthage, l’Hymne national avait un charme particulier dans la soirée du jeudi 25 juillet, jour de célébration de la fête de la République. Un charme relevé artistiquement avec un récital tunisien par ses paroles, par son habillage musical et par la voix qui le porte et qui n’est autre celle du fils et disciple du maître du malouf Tahar Gharsa et l’élève de l’illustre Khemais Tarnene, celle de Zied Gharsa.
Pour un habitué de la scène de Carthage, ce fut de nouvelles retrouvailles avec et le festival et ses adeptes pour leur offrir une odyssée musicale bien variée avec un répertoire ancien et nouveau qui ne cesse d’attirer la sensibilité des tunisiens et qui continue à résonner dans les coeurs comme un chant profond qui prolonge une une tradition immémoriale.
De sa voix de ténor affirmée, prenante, maîtrisée et mélodieuse, Tahar Gharsa, mémoire vivante de la musique authentique tunisienne qu’il a su indéniablement conserver, enrichir pour faire évoluer avec tant de virtuosité, a présenté dans l’écrin de l’amphithéâtre bien bondé, et réhaussé de la présence de plusieurs ministres et ambassadeurs accrédités en Tunisie, une mosaique bien métissée de sonorités et de rythmes traduisant la richesse des spécificités mélodiques et rythmiques tunisiennes. A commencer par une “wasla” en hommage à l’icone du Malouf Cheikh Khémaies Tarnene à l’occasion de la commémoration du soixantième anniversaire de son décès (1964) avant d’enchainer durant près de trois heures non stop dans une soirée qui a pris un rythme crescendo.
Avec un mélange musical oscillant entre malouf, maquamets et mouachahats, Zied Gharsa, de sa voix bien timbrée, a proposé en première partie du récital, du malouf, qui a encore une fois montré son infinité avant d’enchainer avec des morceaux les plus appréciés, des morceaux tunisiens de fonds comme de forme anciens et nouveaux qui s’inscrivent dans sa logique de dépoussiérer le patrimoine musical tunisien pour l’enrichir davantage d’une touche au grès du jour mais sans l’alourdir.
Accompagné d’une troupe bien garnie de musiciens sous la houlette du maestro Kamel Abassi, Zied Gharsa aux claviers et au chant, a interprété de ses nouveautés comme “Aziza”, avant de livrer un condensé de l’ancien comme “alech thayer fiya” “bahtha hbibti”, “azayez galbek” “trahwija”, «Meguies» etc autant de chansons tunisiennes devenues les plus connues.
Pour cette première soirée de la programmation dédiée à la musique tunisienne authentique, le public assez discipliné venu pour bien écouter et savourer principalement, a répondu bien présent prouvant encore une fois une fidélité et un amour à cet art intrinsèquement tunisien qui perdure encore et toujours grâce notamment à Zied Gharsa, qui n’a pas manqué d’inviter à plusieurs reprises l’assistance à faire la chorale avant que la soirée ne transforme les lieux en une véritable arène de fête où le chant, les youyous et la danse atteignent le summum.