Le régime offshore tunisien a montré ses limites. Ces dernières sont perceptibles à travers deux paramètres : la faible valeur ajoutée de ses exportations qui sont pourtant importantes et l’incapacité du secteur de créer des emplois pour les jeunes hautement qualifiés. C’est en ces termes que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a évalué, ces derniers jours, la qualité des Investissement directs étrangers (IDE) en Tunisie.
Autre limite relevée par le rapport de l’OCDE, le peu de qualification de la main d’oeuvre embauchée « la contribution des IDE à la création d’emplois est certes importante et l’une des plus élevées de la région Mena, mais elle se limite aux emplois peu qualifiés », relève le document d’évaluation.
Et l’OCDE de préciser : « la plupart des possibilités d’emploi se trouvent dans des professions moins qualifiées ».
Les points faibles de l’off shore en Tunisie
Parmi les autres talons d’Achille de l’off shore en Tunisie, le document évoque la petite taille des entreprises off shore. Sur un total de 4000 entreprises exportatrices ou partiellement exportatrices, 50% sont des micro entreprises (NDLR : de véritables ateliers).
Le rapport épingle, également, l’off shore tunisien pour le travail peu rémunéré et pour la malléabilité du travail féminin : « La plupart des travailleurs des entreprises étrangères sont des femmes, dans des proportions plus élevées que dans les entreprises tunisiennes, mais ces femmes occupent souvent des emplois mal rémunérés dans le textile ou dans le secteur du tourisme », lit -on dans le rapport.
“L’investissement étranger, c’est un peu comme une plante : il faut la cultiver pour qu’elle donne de bons fruits.”
L’OCDE s’est focalisée sur la diminution de la productivité de l’off shore en Tunisie depuis 2011. « En 2022, les entreprises étrangères étaient 40 % à 50 % moins productives que les entreprises tunisiennes et les salaires qu’elles versent ne sont que légèrement plus élevés », note le document.
Des réformes à engager
Le rapport devait passer en revue un ensemble de réformes pouvant améliorer la qualité des IDE en Tunisie.
Il s’agit globalement d’accroître la contribution des IDE à une économie fondée sur la connaissance, de créer davantage d’emplois de meilleure qualité et de stimuler la productivité globale.
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A court terme, l’Ocde suggère une série de mesures tendant à améliorer la contribution des IDE à la productivité, à l’innovation et à une meilleure création d’emplois pour les jeunes hautement qualifiés.
“La qualité des emplois créés par les IDE est un indicateur clé du développement économique d’un pays.”
L’OCDE propose, dans ce sens, « l’amélioration de la cohérence des politiques en alignant la politique et la promotion de l’investissement sur la « Vision 2035 » de la Tunisie et sur les plans nationaux pour en faire une économie fondée sur les connaissances, avec le capital humain comme source d’innovation ».
Il a été également proposé de coordonner les efforts des différentes institutions pour atteindre cet objectif.
Il faut, par ailleurs, renforcer les efforts qui sont à même de « réduire la dichotomie entre les régimes offshore et onshore, afin d’étendre les motivations des investisseurs au-delà des activités à faible valeur ajoutée, à bas salaires et destinées aux exportations en zone franche vers des segments plus productifs de la chaîne de valeur et des secteurs de services qui créent des emplois pour les demandeurs d’emploi hautement qualifiés », lit-on dans le rapport.
“Un modèle économique basé uniquement sur l’exportation de produits à faible valeur ajoutée est voué à l’échec à long terme.”
La même source propose de renforcer la concurrence, par la réduction des obstacles liés à l’investissement étranger dans certains secteurs comme les services aux entreprises et les TIC. Cela pourra dégager des gains de productivité à l’échelle de l’économie et de soutenir un secteur privé plus dynamique qui crée des emplois plus nombreux et de meilleure qualité.
En conclusion, le rapport de l’OCDE recommande en accompagnement de ces mesures, une bonne gouvernance et un bon management des IDE. Cette bonne gouvernance aurait pour composante la création de mécanismes de surveillance et d’évaluation solides L’objectif étant de mesurer l’incidence des IDE sur la productivité, l’innovation et les résultats du marché du travail. Cela favorisera, d’après l’OCDE, l’anticipation des besoins en compétences des entreprises étrangères implantées en Tunisie.