Qui l’eut cru ? Selon l’ indice de développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) de 2024 publié par l’Union internationale des télécommunications (UIT), la Libye, pays instable, divisé, par l’effet de la guerre civile, entre l’Ouest et l’Est et fragmenté entre diverses milices aux objectifs concurrents, vient, contre toute attente, d’être classé premier pays d’Afrique en matière de connectivité numérique.
La Tunisie à la 8ème place
La Tunisie, qui a abrité en 2005, la 2ème phase du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), ne figure pas dans le Top des 5 premiers pays qui affichent des niveaux de développement des TIC les plus élevés en Afrique. Ces derniers étant dans l’ordre la Libye (1ère), le Maroc (2ème), les Seychelles (3ème), l’Ile Maurice (4ème) et l’Afrique du Sud (5ème).
Avec un score de 77,2 points sur 100, la Tunisie arrive à la huitième position. Elle est devancée, outre par le Top 5 continental précité, par l’Algérie (80,9) et le Botswana (78,7). En Afrique du nord, la Tunisie fait mieux que l’Egypte (76,8).
Ce score classe, néanmoins, la Tunisie au-dessus de la moyenne africaine estimée à 50,3 points. Bien qu’elle ne soit pas dans le «Top 5 continental», le rapport fait état d’une progression remarquable de la Tunisie.
“La Libye, malgré son instabilité, est devenue le leader inattendu de la connectivité numérique en Afrique.”
Ainsi, en l’espace d’une année, son indice de développement des TIC est passé de 74,1 points en 2023 à 77,2 points en 2024, soit une hausse de 3,1 points.
Le rapport explique cette évolution par l’augmentation du pourcentage d’individus utilisant Internet, qui est passé de 89% en 2023 à 92,8% en 2024. Est il besoin de rappeler ici que la moyenne mondiale est de l’ordre de 70,5%.
Cette progression est aussi due à la pénétration de la téléphonie mobile à large bande et le taux de couverture 3G à 98% et 4G à 99,5%.
La Tunisie sur la voie de réaliser de meilleurs scores
Au rayon des réformes à entreprendre pour améliorer les scores tunisiens, le rapport recommande de réduire les disparités régionales et sociales en matière d’accès et d’utilisation des TIC. Pour l’histoire, ces fractures numériques se sont manifestées de manière dramatique lors du confinement imposé par la pandémie du Corona virus Covid 19. Lors de ce confinement, le travail à distance a plus profité aux communautés connectées aux TIC et lésé celles qui en sont privées, particulièrement dans le monde rural. C’est dans cette perspective que le rapport suggère de déployer un surcroît d’efforts afin de développer l’économie numérique et de la généraliser.
“Le développement du numérique est un enjeu majeur pour le développement économique de la Tunisie.”
A court terme, les projets en cours pour digitaliser l’administration tunisienne et pour lancer, en novembre 2024, la technologie 5G en Tunisie ne manqueront pas d’améliorer le classement de la Tunisie. Le gouvernement tunisien mise particulièrement sur la technologie 5G qui donne accès à des débits dépassant largement ceux de la 4G, avec une haute fiabilité, tout en augmentant le nombre de connexions simultanées par surface couverte. Cette même technologie vise à supporter jusqu’à un million de mobiles au kilomètre carré (dix fois plus que la 4G).
Trois licences seront accordées aux opérateurs ; Tunisie Telecom (opérateur public), Ooredoo Tunisie et Orange Tunisie (privés).
Les critères d’évaluation
Pour revenir au rapport «Measuring digital development-ICT Development Index 2024», il concerne 170 pays et territoires à travers le monde et évalue le développement des TIC en se basant sur 10 indicateurs : le pourcentage des particuliers utilisant Internet, la pénétration de la téléphonie mobile à large bande mobile, le trafic Internet à large bande mobile, le prix des données mobiles et des services voix et le taux de possession de téléphones mobiles», assure le rapport.
Les pays listés sont évalués sur la base de score allant de 0 à 10. Les scores des différents indicateurs sont ensuite combinés avec le même degré d’importance pour dégager un score global pour chaque pays allant, lui aussi, de 0 (absence totale de connectivité) à 100 points (connectivité optimale).
Connectivité universelle et connectivité significative.
Mention spéciale pour la distinction que fait le rapport 2024 entre ce qu’il appelle la connectivité universelle et la connectivité significative.
D’après la même source, «La connectivité universelle fait référence à un accès généralisé des personnes, des ménages et des communautés aux infrastructures de communication numériques comme l’Internet, la téléphonie mobile, indépendamment de leur situation géographique (urbaine ou rurale) de leur genre et de leur éducation.
La connectivité significative va au-delà en impliquant une utilisation réelle et bénéfique de ces technologies. Cette dernière doit permettre une véritable inclusion numérique, à l’inverse d’une simple présence d’infrastructures.
“La Tunisie doit réduire les disparités numériques et développer l’économie numérique pour ne pas être laissée pour compte.”
Car avoir une connexion Internet ne suffit pas si on ne sait pas l’utiliser efficacement pour accéder à l’information, aux services en ligne ou aux opportunités économiques. La connectivité significative nécessite donc des compétences numériques, du contenu pertinent dans les langues locales, ainsi qu’un environnement propice qui tient compte de l’électricité, des coûts qui doivent être abordables…
La Tunisie a obtenu un score de connectivité universelle de 65 et une connectivité significative de 89, 5.
A l’échelle mondiale, parmi les pays qui ont atteint un score parfait de 100 en connectivité universelle, figure des pays comme le Qatar, Singapour et les Emirats rabes unis(EAU).