Le cabinet britannique de gestion des risques globaux “Control Risks” qui publie au début de chaque année la traditionnelle carte mondiale des risques (Risk map), a prévu parmi les risques probables en 2024, celui qu’il appelle « le grand réalignement ». En théorie, il s’agit, d’après le cabinet, de la capacité des entreprises d’agir mondialement et de survivre localement.
Les 4000 entreprises offshore implantées en Tunisie, des ateliers d’assemblage utilisant, pour la plupart, une technologie rudimentaire et employant une main d’œuvre peu qualifiée, sont concernées, particulièrement, par ce risque.
Urgence de disposer d’une main d’œuvre numérisée
Pour faire face à l’accélération de la numérisation de l’industrie, ces entreprises à hauteur de 80% européennes, sont appelées à s’adapter à cette nouvelle exigence de numérisation tous azimuts et à disposer, dorénavant, d’une main d’œuvre à qualification numérisée.
C’est, désormais, le profil de la future main d’œuvre demandée. Dorénavant, cette main d’œuvre, par l’effet de la mobilisation d’investissements lourds dans la robotique et l‘intelligence artificielle, devra, pour être recrutée, disposer nécessairement d’une qualification numérisée. D’après les projections d’une étude effectuée par le cabinet français, Cap Gemini, spécialisé dans les services numériques, ce sont 53% des ouvriers contre 30% aujourd’hui, qui doivent être dotés, à moyen terme, de compétences numériques nécessaires au bon fonctionnement des machines.
“La numérisation est un enjeu crucial pour la survie des entreprises offshore en Tunisie.”
Un tel déterminant, pour être disponible dans les pays récepteurs d’IDE, va exiger d’eux d’investir lourdement dans la formation et l’éducation numérisées.
Au regard de l’importance des fonds à mobiliser pour financer ces futurs programmes de formations, les pays récepteurs d’IDE ne seront pas seuls à le faire.
L’UE met la main dans la poche pour financer la numérisation de son offshore
Conscients de ces nouveaux enjeux, les bailleurs de fonds européens ont décidé d’aider, indirectement, les entreprises offshore européennes installées en Tunisie.
Les français ont pris les devants, du moins ils étaient les plus visibles, à travers une récente convention conclue, le 12 juillet 2024, entre la structure d’appui à l’offshore français en Tunisie, la Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso Française (CCITF) et la Fondation Tunisie pour le développement.
“La formation des jeunes aux compétences numériques est une priorité.”
« Cet accord vise à promouvoir la formation et l’emploi des jeunes, tout en facilitant leur insertion et leur placement dans les entreprises membres de la CCITF, ainsi qu’à stimuler l’innovation au sein de ces entreprises », lit-on dans le communiqué publié par la CCITF.
Les objectifs de ce partenariat sont au nombre de trois :
- Formation et emploi des jeunes dans le cadre du programme Elife : Mise en place de modules de formation pour les jeunes en recherche d’emploi et ceux dont la carrière est menacée, afin de répondre aux besoins en ressources humaines qualifiées des entreprises adhérentes.
- Open Innovation : Facilitation des synergies entre les entreprises adhérentes de la CCITF et les startups accompagnées par The Dot, grâce à la mise en relation et la promotion de l’innovation.
- Mentorat et coaching : Soutien aux programmes d’entrepreneuriat menés par la Fondation et The dot par le réseau d’experts CCITF.
Et pour ne rien oublier, les mécanismes ELIFE et The DOT sont des programmes promus, certes, par une ONG tunisienne, La Fondation Tunisie pour le Développement dont une des activités est la formation, mais financés, en grande partie, par des fonds européens.
Ainsi, le programme Elife, qui bénéficie de l’appui financier de l’Agence française de développement (AFD), a pour objectif de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes diplômés dans le numérique.
“L’intelligence artificielle transforme les besoins en matière de compétences.”
Quant au programme « The Dot », c’est un incubateur de startups soutenu par le ministère tunisien des technologies de la communication et par le programme Innovis de l’Union européenne. Innovis est, pour information, piloté en Tunisie par Expertise française, GIZ (Allemagne) et la Fondation Tunisie pour le développement.
Par delà ces éclairages, nous pensons que l’engagement des français et des européens en général à contribuer à la formation d’une main d’œuvre numérisée en Tunisie ne peut être que saluée. De telles initiatives, s’agissant particulièrement de la formation, ne peuvent que donner le bon exemple aux autorités tunisiennes appelées, avec les progrès technologiques dopés par l’Intelligence artificielle, à investir lourd dans l’éducation numérisée et la digitalisation.