Pour sa soirée de clôture, la 58ème édition du Festival international de Hammamet (FIH) a accueilli une production du Théâtre de l’Opéra de Tunis signée par le musicien, chercheur et compositeur Karim Thlibi qui se démarque dans ses oeuvres par un style où le spirituel et le psychologique marquent sa créativité musicale.
Créée il y a environ deux ans, elle a été revue en fonction de la triste actualité palestinienne pour être présentée lors de cette soirée qui vient donner le clap de fin de l’édition 2024 du FIH.
Sur la scène du théâtre de plein air, les notes fusent, les voix résonnent, traversant l’air et les corps, les écrans affichent des images tournées par Abdelhamid Bouchnek et Rami Jarboui, donnant à voir le drame qui allait se nouer devant le public.
Associant l’Orchestre Symphonique tunisien sous la houlette du maestro Mohamed Bouslema, les Voix de l’Opéra de Tunis et une pléiade d’artistes solistes en l’occurrence Nai Barghouti, Dali Chebil, Saber Radhouani, Sirine Harabi, Haythem Hadhiri, et les musiciens Zied Zouari, Hsin Benmiloud, Hedi Fahem, Hamdi Jammoussi, Nasreddine Chably, Haroun Karoui, le public s’est retrouvé face une œuvre à la tonalité épique.
Présentée comme un psychodrame musical conçu à partir d’une œuvre de Mohsen Ben Nefissa, “Imagine” explore “l’étendue des capacités de la musique tunisienne en en repoussant les limites préétablies, tout en explorant les thématiques existentielles qu’elle aborde à travers les modes d’expression artistiques aussi variés que la musique, le chant, la danse et l’image, comme si les mots n’avaient pas la capacité de formuler les questionnements essentiels qu’elle soulève” selon le communiqué du Centre culturel international de Hammamet.
Mélangeant les genres, allant du patrimoine tunisien à l’opéra, du traditionnel au contemporain en passant par la musique électronique, elle prend tous les aspect d’une œuvre totale et universelle, pouvant traverser le temps et les espaces, en touchant les spectateurs, en suscitant en eux des émotions diverses et intenses, et en leur rappelant la fragilité de la condition humaine.
A travers l’histoire tragique d’une vieille femme laissée pour compte, mais qui ne baisse pas les bras et qui continue malgré tout à contempler la beauté de la nature qui nous a été offerte. Elle tombe et se relève inlassablement, indomptable rebelle, pour survivre dans un monde impitoyable. Une histoire qui semble aussi une métaphore du combat quotidien que l’on mène sur Terre, de notre naissance jusqu’à notre mort, pour tenter de vivre dignement.
Durant deux heures de sensations fortes et de réflexion, l’oeuvre a donné à vivre des fragments de vies tragiques à travers le prisme d’imagination de Karim Thlibi qui transcende les normes et les préjugés, pour un voyage quasi mystique qui vient de clôturer la dernière représentation de la 58e édition des arts de la scène. Mais l’aventure continue la semaine prochaine avec un autre art, le cinéma, avec “Les Ecrans de Hammamet” du 5 au 11 août 2024.