ChatGPT
intelligence artificielle

Ca a l’air de devenir un rituel. Pour la deuxième année consécutive, le Président Kaïes Saïed met à profit, la cérémonie organisée, au mois d’août de chaque année, au palais de Carthage à l’occasion de la célébration de la journée du savoir, pour exprimer son opposition à l’intelligence artificielle (IA). Pour lui, « Il s’agit d’un danger imminent qui menace toute l’humanité. Ce qu’on qualifie d’intelligence est en réalité une arme… Cet outil est manipulé par une seule partie ».

Pour légitimer et crédibiliser sa préoccupation de l’évolution rapide de la technologie de l’IA et de son impact sur la société, le chef de l’Etat a remis aux esprits des réserves similaires exprimées par le représentant de la légalité internationale, en l’occurrence, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Les réserves sont légitimes mais….

Il a rappelé que ce dernier « avait mis en garde, récemment, contre les risques de l’intelligence artificielle pour la paix et la sécurité mondiale, affirmant que “l’utilisation malveillante des systèmes d’IA à des fins terroristes ou criminelles pourrait provoquer des niveaux terribles de morts et de destruction, un traumatisme généralisé et des dommages psychologiques d’une ampleur inimaginable”.

Intelligence artificielle : A force d’émettre des réserves, la Tunisie risque de rater cette révolution technologique  

lI faut reconnaître, également,  que même les scientifiques les plus brillants avaient émis des réserves contre l’usage abusif et malveillant de l’IA.

« Je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l’humanité », déclarait le défunt Stephen Hawking en 2014 à la BBC.  Selon le savant  britannique, « les humains, limités par une lente évolution biologique, ne pourraient pas rivaliser avec l’Ia et seraient dépassés ».

S’entendre sur une responsabilité partagée à l’international

C’est dans l’esprit de contenir les éventuels dérapages de l’IA que l’ONU a organisé, les 30 et 31 mai 2024, à Genève (Suisse), un sommet sur l’intelligence artificielle(IA). Ce sommet international, comme celui qui s’était tenue les 1er et 2 novembre 2023 à Londres, avaient pour ultime objectif de s’entendre « sur une responsabilité partagée », de réfléchir aux possibilités d’utiliser les nouvelles technologies pour favoriser le développement durable  et de convenir d’une action commune pour dresser des barrières afin d’éviter toute dérive de l’IA.

“La Tunisie figure parmi les pays les mieux préparés à l’adoption de l’intelligence artificielle.” (Rapport Oxford Insights)

Pour y parvenir, l’Onu a déclaré « que trois aspects essentiels devraient être observés : la gestion des risques et de la sécurité, le développement des infrastructures et des ressources, et la collaboration internationale ».

En dépit de l’ensemble de ces réserves et précautions, celles du chef de l’Etat, abstraction faite de  leur légitimité incontestable,  interviennent, bizarrement,  au moment où l’IA est devenue hélas une réalité dans le monde et au moment où l’expertise développée par la Tunisie en matière d’IA commence à être reconnue internationalement.

Est il besoin de rappeler la Tunisie est classée 4eme à l’échelle africaine et à la 70ème  à l’échelle mondiale par le plus récent rapport «Government AI Readiness Index 2023» d’Oxford Insights, organisme spécialisé dans le degré d’évaluation de préparation des pays à l’IA.

Nous sommes devant le fait accompli. Nous subissons malgré nous le diktat de l’IA.

Ce bon classement  fait de la Tunisie  l’un des rares écosystèmes de la région ayant la capacité de se hisser au rang d’un hub d’innovation dans le domaine de l’IA. Plus simplement, la Tunisie figure parmi les pays les mieux préparés à l’adoption de l’intelligence artificielle.

Morale de l’histoire : nous sommes devant le fait accompli. Nous subissons malgré nous le diktat de l’IA. La génération IA est déjà là. En Chine, des entreprises sont gérées de A jusqu’à Z par des robots.

La Tunisie n’a d’autre choix que de développer son expertise en IA

Face à une telle réalité, les réserves ressassées par le chef de l’Etat vis à vis de l’IA peuvent faire encourir à la Tunisie le risque de rater une autre révolution technologique, comme cela était le cas pour le digital en 2005 (SMSI 2). Ce risque est, désormais, réel.

La solution idéale serait, de notre point de vue,  de continuer à soutenir les technologies de l’IA en Tunisie et à en faire un bon usage, celui là même qui consiste à complémenter plutôt qu’à concurrencer la pensée humaine.

Il n’est pas besoin de rappeler le noble objectif pour lequel l’IA a été créé. Il s’agit d’ automatiser des tâches spécifiques, libérant ainsi du temps et des ressources pour que les êtres humains puissent se concentrer sur des activités plus créatives, complexes et stratégiques. A bon entendeur.