Un changement sensible a été enregistré au niveau de la composition de la dette publique de la Tunisie, avec l’augmentation de la dette intérieure de 42,7% du PIB au premier semestre de 2023, à 51,1% du PIB, au cours de la même période de cet exercice, a estimé le spécialiste en risques financiers, Mourad Hattab dans son analyse des « Résultats provisoires de l’Exécution provisoire du budget de l’Etat », publiés récemment par le ministère des Finances.

Pour Hattab, les mois prochains permettront d’évaluer cette politique de recours à l’endettement intérieur et son impact sur la croissance.

En effet, l’encours de la dette intérieur du pays a enregistré, à fin juin 2024, une hausse importante de 27,5% par rapport à la même période de 2023.

Hattab a fait remarquer que cette croissance représente un tournant décisif dans la stratégie de financement du pays, soulignant que cette nouvelle approche vise à réduire la dépendance de la Tunisie aux créanciers internationaux.

Et d’ajouter que l’approche en question favorisera une plus grande marge de manœuvre dans la gestion de la politique économique du pays.

Pour l’expert, la volonté de la Tunisie d’aller vers l’indépendance financière et de soutenir sa souveraineté, permettra une meilleure adaptation des politiques en fonction des besoins de l’économie du pays.

Toutefois, il a appelé à prendre plusieurs mesures, à surveiller soigneusement les indicateurs économiques et à maitriser la gestion de la dette intérieure pour tirer profit de cette nouvelle approche, tout en réduisant les risques.

Il a estimé qu’une bonne gestion de la dette intérieure accompagnée d’une batterie de réformes structurelles financières continues garantira une plus grande flexibilité économique. Selon Hattab, les autorités ont entamé cette démarche, depuis une période, d’où l’ajustement du solde de la balance courante, la baisse des demandes en liquidité sur le marché monétaire, outre la poursuite de la baisse des taux d’inflation.

Il a fait savoir par ailleurs, que la réussite de cette stratégie dépendra de la capacité du gouvernement tunisien à maintenir l’équilibre entre le financement interne et la stabilité macroéconomique, tout en poursuivant les réformes nécessaires pour renforcer les bases de l’économie nationale.