L’Algérie est en passe de dépasser le Nigeria en termes de PIB nominal en 2024, selon les prévisions du FMI. Cette performance est remarquable, surtout si l’on considère que la population algérienne est quatre fois moins nombreuse que celle du Nigeria. En effet, malgré l’avantage démographique du Nigeria, qui pourrait naturellement accroître son PIB, l’Algérie devrait afficher un PIB de 266,78 milliards de dollars contre 252,74 milliards pour le Nigeria, qui reculerait à la quatrième position en Afrique.

L’Algérie bénéficie d’une économie plus développée, avec des secteurs industriels et tertiaires plus dynamiques que ceux du Nigeria. Malgré des défis tels que la diversification de l’économie pour réduire la dépendance aux hydrocarbures, des investissements publics, privés et étrangers stimulent cette transition. Cette stabilité attire les investisseurs, contrairement au Nigeria où la corruption et l’insécurité freinent les investissements étrangers, surtout hors secteur des hydrocarbures.

Les indicateurs socio-économiques reflètent également la meilleure gouvernance en Algérie. Le taux d’inflation y est beaucoup plus faible que celui du Nigeria, où la dévaluation continue de la monnaie exacerbe les difficultés économiques. En outre, le taux d’électrification de l’Algérie est de 100 %, contre seulement 60,5 % au Nigeria. L’espérance de vie en Algérie est aussi nettement supérieure, atteignant 77,1 ans en 2022 contre seulement 53,6 ans au Nigeria.

Cependant, un éventuel passage de l’Algérie à l’anglais comme première langue étrangère pourrait freiner cet élan économique. En rejoignant la zone anglophone, l’Algérie risque de se couper de l’Afrique francophone, la région la plus dynamique du continent. L’Afrique subsaharienne francophone a connu une croissance économique supérieure au reste du continent au cours de la dernière décennie, avec une inflation plus faible et un endettement mieux maîtrisé. Le dynamisme économique de cette région s’illustre par la présence croissante de grandes entreprises et par l’industrialisation croissante de pays comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Maroc.

Enfin, la francophonie offre à l’Algérie des avantages géopolitiques importants, notamment dans sa relation avec les pays du Sahel. Plutôt que de délaisser le français, il serait plus judicieux de suivre l’exemple du Maroc et de la Tunisie, qui ont maintenu le français tout en renforçant l’enseignement de l’anglais comme deuxième langue étrangère. Cela permet de préserver l’ouverture sur le monde tout en conservant des liens forts avec l’Afrique francophone.

Source :
Ilyes Zouari – Président du CERMF (Centre d’étude et de réflexion sur le Monde francophone)
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