Le ministre démissionnaire de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a fustigé jeudi les “somnambules qui proposent de dépenser toujours plus d’argent public” et “promettent de revenir sur la réforme des retraites”, dans une ultime pique aux oppositions de gauche.

Après sept ans aux commandes de Bercy, un record de longévité pour une ministre de l’Economie en France, Bruno Le Maire avait convié ministres, collaborateurs, parlementaires, acteurs économiques, agents du ministère, journalistes, pour des “adieux” préfigurant la passation de pouvoirs prévue théoriquement la semaine prochaine avec son successeur.

Si son discours a pu résonner comme un autosatisfecit (“Nous avons fait de la France la nation la plus attractive en Europe”), le bilan du ministre est assombri par un nouveau dérapage des finances publiques françaises, à l’heure où le pays, en proie à l’instabilité et à l’incertitude politiques, doit se doter d’une loi de finances pour 2025 dans les meilleurs délais.

Le déficit public de la France, qui fait l’objet d’une procédure européenne pour déficit excessif, devrait s’établir à 5,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2024 après avoir atteint 5,5% en 2023.

Bruno Le Maire a notamment invoqué des rentrées fiscales moindres qu’anticipé et une flambée des dépenses des collectivités territoriales, ce que ces dernières démentent.

“HYPOCRISIE”

“La France ne doit pas revenir en arrière sur le rétablissement de ses comptes publics, elle doit continuer de se fixer pour objectif de revenir sous les 3% de déficit public en 2027”, a-t-il déclaré.

“La sagesse recommande de tenir cette ligne, de réduire la voilure des dépenses, d’en étaler certaines, d’en reporter d’autres. Toute autre décision conduirait mécaniquement le prochain gouvernement à augmenter les impôts ou à plonger la France dans des difficultés financières aiguës et immédiates”, a-t-il poursuivi, dans un message à la future équipe de Michel Barnier.

Prenant pour cible le Nouveau Front populaire, qui préconise notamment une abrogation de la réforme des retraites et une hausse des dépenses dans les secteurs publics de la santé et de l’éducation, Bruno Le Maire a dénoncé “l’hypocrisie française”.

“Tout le monde réclame de l’ordre dans les comptes, personne ne propose des économies. Tout le monde veut le désendettement, personne ne soutient nos réductions de dépenses”, a-t-il dit.

Bruno Le Maire a recommandé récemment 30 milliards d’euros d’économies en 2025, puis 100 milliards d’euros supplémentaires d’ici 2028.

“Ce sont des somnambules, ceux qui proposent de dépenser toujours plus d’argent public. Ce sont des somnambules, ceux qui promettent de revenir sur la réforme des retraites sans toucher à la feuille de paye ni aux pensions et en promettant plus de pouvoir d’achat”, a-t-il alerté jeudi.

“Le réveil sera douloureux. Pas pour les somnambules, mais pour la France. Car le sommeil conduit toujours à la servitude”, a-t-il souligné en manière d’avertissement.