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Devons nous considérer une croissance annuelle de 0,2% en glissement annuel sur le premier trimestre 2024 tiré vers le haut par le secteur des services (Cafés, restaurants et hôtels) et le secteur agricole, qui a progressé grâce à la hausse des exportations des produits agroalimentaires et en prime de l’huile d’olive, comme étant un signe réel de relance économique ?

Ceci, alors que les secteurs du BTP et de l’industrie accusent des baisses respectives de 6,8% et de 5%. Soit deux secteurs importants qui sont à la traîne depuis des années sans que l’on soit sûrs que leur situation s’améliorera prochainement ! Devons nous croire qu’un pays sans boussole s’agissant de stratégies de relance économique efficientes et concrètes, pourrait réellement rebondir et occuper une place “respectable” sur l’échiquier économique régional ?

Cela fait des années qu’on s’évertue à appeler les autorités compétentes à prendre conscience du spectre de désindustrialisation qui représente une menace grave pour le développement économique de notre pays. Personne n’a écouté nos appels et l’ignorance, le laxisme de l’État quant à l’importance d’une industrie forte pour le développement économique du pays risque, à termes, de mettre fin à toute ambition de réindustrialisation de la Tunisie.

Les industriels eux, d’après la dernière enquête réalisé par l’INS sur leur appréciations du contexte actuel et les perspectives de leurs activités, ne semblent pas très optimistes et bouderaient l’investissement, sachant que l’industrie est le secteur qui a le plus fort taux d’employabilité et dans une économie ne pas investir rime avec ne plus embaucher.

“Les industriels tunisiens broient du noir et n’envisagent ni d’investir ni d’embaucher.”

C’est le cas aujourd’hui dans certaines activités industrielles. S’agissant de l’investissement et pour la deuxième fois consécutive, on relève un solde d’opinion défavorable. Les décisions d’investir sont au dessous de la moyenne enregistrée tout au long des 4 dernières années. Les perspectives d’investissement pour la deuxième moitié de l’année sont négatives. De 13% au premier semestre 2024, les industriels qui pensaient investir sont passés à 7% au deuxième semestre de l’année.

Les opérateurs dans les industries manufacturières ne sont pas optimistes et en prime ceux évoluant dans les industries chimiques (solde opinion positif de 17% en 2023 tombé à -4 en 2024) le textile habillement et cuir (de 21% à 1%) et diverses industries aussi (de -17% à -21%). Seuls ceux évoluant dans le secteur des industries agroalimentaires et les composants mécaniques et électriques sont optimistes exprimant un solde d’opinion favorable passant 2 à 15% pour les premiers et de 8 à 14% pour les deuxième.

Les intentions d’investir sur la deuxième moitié de l’année, montrent des résultats mitigés selon les secteurs d’activités. Ainsi, les intentions d’investissement des industriels dans le chimique ont reculé de 17% en 2023 à -4% en 2024, dans le secteur du textile, habillement et cuir, on est passés de -17% en 2023 à -21% en 2024. En revanche, les intentions d’investir de ceux évoluant dans les industries agroalimentaires ont progressé de 2% à 15% et ceux opérant dans les composants automobile de 8 à 14%.

“Un pays sans boussole s’agissant de stratégies de relance économique efficientes et concrètes, pourrait réellement rebondir ?”

Commentaire de Hechmi Alaya dans le dernier numéro d’Ecoweek : “Le moral dans les chaussettes. Nos chefs d’entreprises industrielles n’ont pas foi dans le présent -et l’avenir- de l’économie tunisienne. Ils broient du noir et n’envisagent ni d’investir ni d’embaucher. Ils avaient déjà̀ le moral dans les chaussettes. Le phénomène s’est nettement accentué cette année aggravant l’attentisme qui marque l’arrêt des embauches et de l’investissement”.

Dans l’attente, l’État tunisien défend la logique d’un gouvernement social mais comment faire du social sans créer de la richesse, sans encourager les investisseurs et sans financer l’économie ? Du social avec quoi et pour qui ? Pour les chômeurs dont une partie ne bénéficie pas de programme de formation adéquats (Ceux surtout dont le niveau scolaire n’a pas atteint la 6ème année primaire) ou encore pour ceux dotés de diplômes qui ne sont pas adaptés aux besoins et aux attentes du marché ?

“L’ignorance, le laxisme de l’État quant à l’importance d’une industrie forte risque, à termes, de mettre fin à toute ambition de réindustrialisation de la Tunisie.”

Une politique économique dont les programmes, les stratégies, les plans ne s’adossent pas à un diagnostic non maquillé de la réalité peut-elle réussir ?

Opposer le peuple aux élites économiques pourrait-il permettre une stabilité sociale, ou encourager les jeunes à entreprendre ?

Un pays peut-il tenir sans compétences et sans capital ?

C’est à ces questions que les candidats en lice pour la présidence du 6 octobre doivent répondre pour que les électeurs sachent quel avenir les attends, eux et leurs progénitures ?

Amel Belhadj Ali