Géographe et réalisateur engagé dans des films documentaires, Habib Ayeb a présenté la première de son nouveau documentaire “Chili” ou “Sirocco” samedi soir à la salle Le Rio à Tunis. Ce long-métrage, le septième dans sa filmographie, aborde la question des changements climatiques, leurs causes et leurs répercussions sur les individus et les sociétés.

Dans une déclaration à l’Agence TAP, le cinéaste a expliqué que le documentaire est né de l’idée d’explorer les causes des changements climatiques tout en cherchant à placer cette problématique dans un contexte historique, politique et mondial.

Le film, qui a nécessité deux ans de préparation et un mois et demi de tournage, explore une multitude de facteurs liés aux changements climatiques, qu’ils soient environnementaux, sociaux, économiques ou politiques, en se penchant sur l’impact de ces transformations sur la nature ainsi que sur les secteurs de l’agriculture et de la pêche.

Etant un expert en la matière, le réalisateur rappelle que les effets des changements climatiques remontent à la période de la révolution industrielle, une période marquée par la prolifération des usines et l’utilisation massive de gaz nocifs pour l’environnement, ayant largement profité aux pays développés. En revanche, ce sont les pays du Sud qui, affectés déjà par les problèmes de la pauvreté et du chômage, se trouvent de surcroit face à un autre problème, et ce qui en suit comme la désertification, la baisse des ressources halieutiques et agricoles.

Le documentaire dont le titre « Sirocco » évoque la chaleur suffocante, une des conséquences des abus de l’homme sur la nature (déforestation etc), a été tourné dans quatre pays : le Maroc, où l’agriculture est particulièrement affectée, l’Italie, touchée dans le secteur de la pêche, la France, confrontée à la détérioration de sa production vinicole, et enfin, la Tunisie où la réduction des ressources halieutiques à Bizerte et Djerba, ainsi que les effets de la sécheresse sur l’élevage dans le nord-ouest et sur la production de dattes dans le sud, affectent lourdement les agriculteurs.

Le débat ayant suivi la projection du film qui se veut une sorte de plaidoyer pour faire face aux ravages climatiques et à leurs conséquences écologiques, humaines et politiques, a porté notamment sur les politiques environnementales en Tunisie et le rôle des activistes écologistes dans la lutte contre les changements climatiques et leurs effets.

Chercheur et professeur émérite à l’Université de Paris 8 à Saint-Denis, Habib Ayeb est membre- fondateur et président de l’Observatoire de la Souveraineté Alimentaire et de l’Environnement (OSAE). Il a également dirigé les Journées Cinématographiques Méditerranéennes à Chenini-Gabès. Spécialiste en géographie sociale, ses domaines de recherche portent entre autres sur la souveraineté alimentaire, l’environnement, le changement climatique, la marginalité et la pauvreté, les dynamiques de résistance…

Ses terrains de recherche portent principalement sur la Tunisie et l’ensemble de l’Afrique du Nord. Parmi ses films l’on cite «Couscous : les graines de la dignité», Fellahin» (Paysans), “Gabes Labess”, «Om Layoun»…