Proposée à la vente par un audit, au temps du gouvernement de Nejla Bouden, la Tunisian Foreign Bank (ex-Union tunisienne de banques), banque de droit français basée à Paris et affiliée à la Fédération bancaire française, ne sera pas, en fin de compte cédée à un repreneur stratégique.

Les principaux actionnaires de la TFB, la société tunisienne de banque (STB, 39,9%), la Banque de l’Habitat (BH BANK, 27%) et la Caisse des dépôts et des consignations (CDC, 9,9%), en ont décidé ainsi. Mieux, ces mêmes actionnaires ont convenu de lui donner les moyens matériels et humains nécessaires pour se redresser à court terme.

La TFB un trésor à préserver

Interpellé récemment par les médias locaux sur le bien fondé de cette décision, le Directeur général de la Société tunisienne de banque (STB), Rachid Batita a déclaré que les actionnaires de la TFB « ont estimé qu’avoir un agrément d’une banque en France et par-delà en Europe est une précieuse opportunité qu’il faut préserver et protéger ».

Quant aux moyens mis à sa disposition pour se redresser, il y a lieu de citer une augmentation de capital de 11 millions d’euros et la nomination à la tête de la banque d’un haut cadre chevronné connu par son expérience avérée dans le domaine bancaire et ses qualifications professionnelles et managériales.

“Le choix de Mondher Ghazali à la tête de la TFB témoigne de la volonté des actionnaires de doter la banque d’une expertise reconnue en matière de banque et de finance.”

Il s’agit de Mondher Ghazali qui a exercé, notamment, entre 2000 et 2010, à la Société Générale (3ème banque de France) comme inspecteur principal en charge de la supervision mondiale des relations avec les régulateurs et de l’Audit interne de la Banque de financement et d’investissement.

Enseignant-chercheur en économie bancaire et financière, notamment à l’Université de Paris IX Dauphine, à l’Université de Paris II Assas, à l’IAE de Paris et au CNRS, et consultant dans le domaine du Microcrédit, Mondher Ghazali a été choisi pour diriger la TF Bank sur la base d’un appel à candidatures.

Il aurait présenté la meilleure feuille de route pour redresser la TFB.

D’importants moyens mis à la disposition de la TFB pour se redresser

Au nombre des moyens mis à la disposition de la nouvelle équipe de TFB figure également, l’adoption d’un business plan réaliste et cohérent avec l’assistance d’un cabinet conseil de renommée internationale et la collaboration de toute l’équipe de la TFBank. La TFB va en plus disposer incessamment d’un système d’information moderne et adapté à ses besoins qui va lui permettre de sécuriser ses opérations et de répondre aux besoins de sa clientèle et assurer une diversification et une amélioration de la qualité des services rendus.

Par delà ces leviers de décollage, il faut reconnaître que la TFB revient de loin. Pour mémoire, elle a connu de sérieuses difficultés liées à son efficacité commerciale et sa gouvernance en plus des charges d’exploitation énormes qui dépassaient de loin son PNB.

“Avec un plan de redressement solide et un nouveau leadership, la TFB a toutes les cartes en main pour retrouver sa place sur le marché.”

Point d’orgue des contreperformances à l’actif de la TFB : le blâme et l’amende de 700.000 euros que les autorités françaises du contrôle bancaire lui ont infligée pour défaut de système de contrôle interne et pour manquement à ses obligations en matière d’organisation comptable.

Face à une telle situation, le gouvernement de Najla Bouden avait décidé de restructurer la TFB et de vendre la participation de l’Etat tunisien au capital de la banque à un partenaire stratégique. A l’époque, trois propositions de candidatures pour le rachat de la part de l’Etat tunisien ont été présentées au gouvernement tunisien. Deux propositions ont émané de banques privées de droit tunisien tandis que la troisième était venue d’un groupe d’investissement britannique dénommé Envema Group, pas vraiment connu dans la sphère financière.

“La TFB bénéficie d’un positionnement stratégique unique en Europe et en Tunisie, ce qui représente un atout considérable pour son développement futur.”

En dépit de ses difficultés, les experts estiment que la  TFB dispose d’un potentiel énorme et d’un vaste champ de manœuvre pour s’imposer en tant que banque rentable.

Pour les experts, abstraction faite de ses déboires, la TFB, qui compte cinq agences en France et une succursale offshore à Tunis, jouit de deux atouts : son positionnement à Paris au milieu de l’Union européenne avec laquelle la Tunisie réalise plus de 75 % de son commerce extérieur, et la disponibilité d’une clientèle potentielle de plus d’un million Tunisiens résidents en France et une communauté d’environ 30.000 Français en Tunisie.

“La TFB a l’opportunité de devenir la banque de référence de la diaspora tunisienne grâce au nouveau code des changes.”

Par ailleurs, avec le projet du nouveau Code de change et les avantages qu’il propose aux Tunisiens résidents à l’étranger (TRE), la Banque sera la banque de référence de la Diaspora. Elle sera en mesure de leur fournir le meilleur service en vue de booster son activité ainsi que la collecte des dépôts épargne, par la même occasion. Bon vent …

Abou SARRA