La Tunisie abritera les 6 et 7 novembre 2024 la troisième édition du Forum des énergies renouvelables Afrique (REFA). Il s’agit d’un Forum annuel visant la promotion de l’investissement dans les énergies renouvelables sur le continent africain. Organisé par AFSIA (l’Association de l’Industrie Solaire en Afrique), la CSPV (La Chambre syndicale du photovoltaïque/UTICA), MESIA (Le Middle East Solar Industry Association) et Solar Power Europe. Cet événement sera coorganisé avec SITE (Salon International de la Transition Énergétique).
REFA qui verra la participation de plus de 100 exposants de l’industrie énergétique tunisienne et mondiale a été annoncé par Ali Kanzari, président de la CSPV mercredi 25 septembre 2024 à l’ouverture du SITE à Tunis. S’appuyant sur le succès des événements précédents, cette nouvelle édition promet de rassembler, les 6 et 7 novembre 2024, encore plus d’experts, d’aborder des échanges plus profonds et plus concrets et de pousser vers l’accélération des processus de transition énergétiques en Afrique.
Pour info, 600 millions d’Africains sont aujourd’hui privés d’électricité. Au mois d’avril 2024, la Banque mondiale a annoncé qu’elle s’emploiera à raccorder 250 millions d’Africains à l’électricité à l’horizon 2030, par le biais des systèmes décentralisés d’énergie renouvelable ou de réseaux de distribution.
“La Tunisie est l’un des pays les plus concernés par la transition écologique et l’investissement dans les ER en raison de sa dépendance énergétique.”
Étant le lieu de rencontre de tous les acteurs des énergies renouvelables du continent africain, investisseurs institutionnels et privés, promoteurs de projets et décideurs politiques, REFA devrait aussi jouer un rôle crucial dans le développement des ER sur le continent.
“Nous sommes fiers de collaborer avec des institutions prestigieuses telles que AFSIA, MESIA et Solar Power Europe et d’être soutenus par GET.invest, un programme européen appuyant les investissements dans les énergies renouvelables décentralisées dans l’organisation de REFA 2024,” a déclaré Ali Kanzari dans son allocution d’ouverture au SITE. Il a rappelé que le salon traduit la détermination de la Tunisie d’aller vers le développement des énergies renouvelables, considérées comme une priorité dans les stratégies de l’État.
“Accélérer la transition énergétique est une nécessité absolue et répondra au défi majeur de la décarbonisation”
La Tunisie est l’un des pays les plus concernés par la transition écologique et l’investissement dans les ER en raison de sa dépendance énergétique. “Il est important de souligner que la Tunisie importe actuellement 70% du gaz naturel d’Algérie pour produire son électricité. Accélérer la transition énergétique est une nécessité absolue et répondra au défi majeur de la décarbonisation pour les entreprises industrielles confrontées au Mécanisme européen d’Ajustement Carbone aux Frontières qui pénalisera, à partir de 2026, les entreprises exportatrices vers l’UE qui ne se sont pas alignées sur les réglementations européennes en matière de changement climatique” a rappelé le président de la CSPV.
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Pour précision, afin d’accélérer le processus de transition énergétique, le gouvernement tunisien a tout récemment signé des accords avec le Japon et la Norvège pour la réalisation de centrales photovoltaïques à Tozeur et Sidi Bouzid nécessitant un investissement de 79 millions d’euros pour une entrée en production à la fin de 2025. Les capacités de production dans le photovoltaïque annoncées par le gouvernement tunisien, sont de 50 MW à Tozeur et Sidi Bouzid, 100 MW à Kairouan et Gafsa et 200 MW pour couvrir les besoins en électricité du gouvernorat de Tataouine.
Un potentiel éolien non exploité de 200 GW
Kanzari a dans son intervention, à l’ouverture du SITE, mis l’accent sur l’éolien bloqué par de nombreuses réglementations complètement dépassées : “ Notre potentiel éolien est estimé à 200 GW, tandis que notre potentiel solaire est estimé à 900 GW”. Il a déclaré que l’objectif est d’atteindre un mix énergétique composé de 50% d’énergies renouvelables, soit une capacité de 8 GW d’ici 2035.
“Notre potentiel éolien est estimé à 200 GW, tandis que notre potentiel solaire est estimé à 900 GW”
Le président de la CSPV, a insisté sur l’importance de l’intégration des énergies renouvelables dans le réseau de la STEG. Une intégration essentielle pour réduire la dépendance du pays à l’énergie fossile. Il a aussi relevé la nécessité de moderniser les infrastructures électriques, pour garantir la stabilité et la fiabilité du réseau face à l’intermittence des énergies renouvelables. “Les réseaux intelligents, le recours au stockage d’énergie dans les batteries BESS, ou dans les barrages « STEP », l’interconnexion avec l’Europe joueront un rôle clé dans cette transformation, en permettant une gestion plus efficace et flexible de l’offre et de la demande d’électricité”.
L’hydrogène vert représente aussi une grande opportunité pour la Tunisie relève Ali Kanzari. Pour précision, Cette énergie représente 15 fois les capacités électriques actuelles du pays, toutes sources confondues (renouvelables et non renouvelables). La Stratégie nationale inclut un plan d’action pour l’exportation vers l’Europe de plus de 6 millions de tonnes d’hydrogène vert d’ici 2050. *
“En adoptant des technologies avancées pour la production et le stockage de l’hydrogène, la Tunisie peut se positionner comme un leader régional dans le domaine des énergies renouvelables, la réalisation de la Stratégie Nationale de l’Hydrogène vert pour booster l’économie et pour la création de 500 Mille emplois d’ici 2050 et réaliser deux points de croissance”.
“La Tunisie peut se positionner comme un leader régional dans le domaine des énergies renouvelables”
Les énergies renouvelables toutes sources confondues représentent aujourd’hui pour la Tunisie et l’Afrique un enjeu de taille, la sécurité nationale dépendant de la capacité des pays à assurer leur propre approvisionnement énergétique et satisfaire leurs besoins en la matière.
Imaginons un seul instant que l’Algérie, de laquelle dépend grandement notre pays en gaz naturel, décide un beau jour de fermer le robinet, c’est toute la Tunisie qui en pâtira, population et économie et c’est valable pour tous les pays africains dépendants des importations du pétrole ou du gaz. Friedrich Nietzsche disait : ”Accepter d’autrui qu’il subvienne à des besoins nombreux et même superflus, et aussi parfaitement que possible, finit par vous réduire à un état de dépendance”.
L’organisation de REFA en Tunisie offre des opportunités importantes à tous les acteurs privés et publics africains de faire avancer les énergies renouvelables sur tout le continent. La Tunisie, jadis pionnière dans la mise en place de plans de développement des ER, a tout intérêt à rattraper son retard et tant de temps perdu car aujourd’hui, elle est totalement dépassée par d’autres pays, lesquels, pourtant, se sont inspirés de sa démarche.
Pour avoir une souveraineté énergétique, il faut pouvoir et avoir l’autonomie d’approvisionnement.
A bon entendeur
Amel Belhadj Ali