Dans un récent rapport dont webmanagercenter s’est fait l’écho, au mois de mai dernier, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a fortement critiqué le rendement et la qualité de l’off shore en Tunisie lequel aurait montré ses limites. Ces dernières sont perceptibles, selon l’OCDE, à travers deux paramètres : la faible valeur ajoutée de ses exportations qui sont pourtant importantes et l’incapacité du secteur de créer des emplois pour les jeunes hautement qualifiés.

Autre limite relevée par le rapport de l’OCDE, le peu de qualification de la main d’œuvre embauchée « la contribution des IDE à la création d’emplois est certes importante et l’une des plus élevées de la région Mena, mais elle se limite aux emplois peu qualifiés », relève le document d’évaluation de l’OCDE.

Néanmoins, le rapport a eu pour mérite de ne pas se focaliser sur les points faibles de l’off shore. Il a proposé un ensemble de réformes pouvant améliorer la qualité des IDE en Tunisie. Il s’agit globalement d’accroître la contribution des IDE à une économie fondée sur la connaissance, de créer davantage d’emplois de meilleure qualité et de stimuler la productivité globale.

“L’offshoring en Tunisie est en train de passer d’un modèle low-cost à un modèle axé sur l’innovation.”

Concrètement, à court terme, l’OCDE suggère une série de mesures tendant à améliorer la contribution des IDE à la productivité, à l’innovation et à une meilleure création d’emplois pour les jeunes hautement qualifiés.

Les responsables en charge de promotion de l’Ide en Tunisie en sont, parfaitement conscients. Ils cogitent actuellement sur la stratégie à suivre pour continuer à attirer des IDE de plus grande qualité.

 IDE: Cap sur l’innovation et les nouvelles technologies

Intervenant lors d’un récent débat organisé, le 23 avril 2024,  par la Délégation de l’Union européenne en Tunisie sur le thème «Relancer les IDE dans le nouveau contexte mondial », Namia Ayadi, présidente de l’Instance tunisienne de l’investissement (TIA) a déclaré qu’en matière d’IDE, la tendance aujourd’hui en Tunisie est à l’innovation. « Nous avons besoin de passer d’un modèle qui est basé sur une industrie à faible valeur ajoutée vers un modèle où l’innovation et les nouvelles technologies doivent être au cœur de la croissance, d’où l’enjeu pour la Tunisie d’attirer des IDE innovants, utilisant les nouvelles technologies et prenant en considération des paramètres comme le défi climatique et la relocalisation », a-t-elle dit.

Il semble que des discussions ont eu lieu, à cette fin,  avec les sociétés off shore implantées dans le pays en vue de les sensibiliser à ces nouveaux déterminants et tendances de l’IDE.

“Les entreprises implantées en Tunisie répondent aux nouveaux défis de l’industrie en investissant dans la recherche et le développement.”

Apparemment le message a été entendu au regard de la qualité des nouveaux et récents réinvestissements dans des extensions.

En effet,  les sociétés off shore, particulièrement,  les équipementiers automobiles donnent l’impression qu’elles ont, non seulement, bien saisi le message mais également réagi en conséquence.

 L’off shore commence à s’adapter aux nouveaux déterminants de l’IDE

Deux récentes extensions de qualité méritent qu’on s’y attarde. La première est à l’actif de l’équipementier allemand Dräxlmaier. Le groupe, qui compte cinq usines en Tunisie et emploie 10 mille personnes, vient de créer un centre de recherche et d’innovation dans le pôle technologique de Sousse, avec un investissement de 100 millions de dinars (MDT). Ce centre, qui devrait générer 1000 emplois pour des ingénieurs et des jeunes diplômés, est destiné à renforcer la compétitivité du secteur au niveau national et international.

La deuxième est à l’actif de l’équipementier “Visteon », spécialisé dans la conception et la fabrication de systèmes de climatisation, d’éclairage et de composants électroniques pour automobiles ainsi que des solutions de connectivité intelligentes pour le cockpit numérique, a décidé d’agrandir son site de production en Tunisie et la création d’un nouveau TECH Centre spécialisé dans les technologies de design intérieur, la cybersécurité et les voitures connectées.

“La Tunisie doit améliorer son environnement des affaires pour attirer davantage d’investissements.”

L’entreprise prévoit d’intégrer la technologie avancée d’injection de magnésium au sein de son site tunisien, avec un investissement supplémentaire de plus de 30 MDT à même de le transformer en un site intégré de référence.

Par ailleurs, “VISTEON” envisage la création d’un nouveau TECH Centre «dédié aux technologies de pointe pour le secteur automobile», ce qui permettra «de générer 350 emplois d’ingénieurs d’ici 2026″.

C’est pour dire au final que ces nouveaux investissements répondent parfaitement aux nouveaux déterminants de l’IDE de nos jours. Au nombre de ceux-ci, figurent une main-d’œuvre à qualification numérisée, une production respectueuse de l’environnement et de la sécurisation des chaînes d’approvisionnement et la disponibilité de sites de production de proximité.

ABOU SARRA