La France semble afficher un manque d’intérêt significatif pour l’Afrique francophone, comme en témoignent les faibles volumes d’échanges commerciaux et d’investissements. En 2023, cette région n’a représenté que 3,4 % de son commerce extérieur, avec seulement 0,5 % en République Démocratique du Congo (RDC). Pendant ce temps, la Chine occupe une place dominante avec plus de 30 % des échanges en RDC.
Le désintérêt français est également visible dans le domaine de l’éducation : en 2022-2023, seulement 0,7 % des étudiants étrangers en France étaient d’origine congolaise. Djibouti, un autre pays stratégique, voit une présence française très limitée face à la montée de la Chine, bien que sa position géographique en fasse une plaque tournante du commerce.
Sur le plan de l’aide au développement, l’Union européenne absorbe une part majeure des contributions françaises, notamment au profit des 13 pays d’Europe de l’Est, qui reçoivent 1,5 fois plus d’aides que l’ensemble des 27 pays francophones du Sud. Ce déséquilibre s’illustre par des exemples frappants : en 2022, l’Estonie, avec seulement 1,3 million d’habitants, a reçu presque autant d’aide que la RDC, pourtant peuplée de 101 millions de personnes. Ce manque de vision à long terme se traduit par une politique qui, paradoxalement, semble renforcer la position de pays comme l’Allemagne, plutôt que celle de la France au sein du monde francophone.
La France néglige ainsi des opportunités économiques et géopolitiques cruciales en Afrique francophone, malgré un potentiel de coprospérité basé sur les échanges linguistiques. Pourtant, la progression mondiale du français est en grande partie due aux pays francophones extra-européens. Un réajustement stratégique s’impose pour que la France tire profit de cet espace, au lieu de se concentrer sur des alliances moins bénéfiques au sein de l’Union européenne.