Le Festival International « Regards de Femmes » de Hammamet se déroulera dans sa cinquième édition du 12 au 16 octobre 2024 à Nabeul. La soirée d’ouverture sera marquée par un hommage à la mémoire de l’actrice Rim Hamrouni, (décédée le 19 février 2023) à travers une performance musicale spéciale assurée par l’auteur-compositeur Rabii Zammouri (musique) et l’artiste Lobna Noomen (au chant), qui interpréteront la musique du film “Le Sentier de Aïcha”, écrit et réalisé par Salma Hobbi et produit par Maher Mtir.
Ce court métrage (26 min, fiction-drame), lauréat du Prix de la meilleure interprétation féminine décerné à Ichraq Matar pour son rôle dans « Isha » lors du Work Film Festival 2024 à Trévise (Italie), a également été choisi comme film d’ouverture de “Regards de Femmes” 2024.
Organisé par le ciné-club de Hammamet sous l’égide de la Fédération Tunisienne des Ciné-Clubs (FTCC), ce nouveau rendez-vous cinématographique qui met à l’honneur les productions réalisées par des femmes comprend dans la compétition officielle des courts métrages une sélection de 16 films provenant de six pays : Tunisie, Algérie, Liban, Egypte, Sultanat d’Oman et Maroc.
Le comité directeur, présidé par Manel Souissi, fondatrice du festival, a annoncé la composition du jury formé de la cinéaste tunisienne Nada Mezni Hfaiedh, de la comédienne Wajiha Jendoubi, du producteur Mosleh Karim et de l’actrice Ichraq Matar de Tunisie et du scénariste égyptien Mohamed Abdel Khaleq.
Hors compétition, une section sera dédiée au cinéma palestinien, intitulée « La Palestine à travers leurs yeux », avec la projection de quatre films réalisés par des cinéastes palestiniennes. La section « Regards croisés » mettra quant à elle à l’honneur le cinéma espagnol.
Dans le cadre de l’atelier « Minute Lumière », 10 jeunes participeront à une formation sur la réalisation de films avec un téléphone portable, sous la supervision de la professeure universitaire Ines Harrathi. Par ailleurs, un atelier de développement de projets de courts métrages permettra à huit jeunes réalisatrices de travailler leurs scénarios tout au long du festival, sous la direction de la scénariste Samia Amami.
Le programme de cette édition comprend également des masterclass animées par la chercheuse et cinéaste palestinienne Khadijeh Habashneh.
Outres les tables rondes créatives “Intelligence artificielle et créativité cinématographique : attentes, motivations et craintes” et “Festivals de films de femmes et ateliers de formation : leviers pour renforcer la créativité des cinéastes”, un débat sera également organisé autour du beau livre publié en 2023 aux Editions Nirvana “Les Tunisiennes font leur cinéma” de Henda Haouala qui revient sur les réalisatrices Tunisiennes et leurs personnages féminins dans un contexte politique particulier.
Enfin, le festival propose un podcast intitulé « Elles et le cinéma », produit par la FTCC, qui donnera la parole aux invitées et participantes du festival.
Manel Souissi : Narratrices silencieuses derrière la caméra, elles ont transformé leur marginalisation en une source d’inspiration
Au sujet du choix du slogan de cette édition 2024, “femmes de cinéma qui ont vaincu l’exclusion”, la directrice du festival Manel Souissi explique que les femmes ont toujours été reléguées à la marge de l’industrie cinématographique, évoluant dans l’ombre d’une histoire dominée par les hommes. Pourtant, leur contribution a été essentielle, apportant des perspectives uniques et des voix sincères qui ont façonné le cinéma avec une sensibilité inégalée.
Elles étaient les narratrices silencieuses, derrière la caméra, offrant au monde des récits singuliers et captivants.
L’exemple d’Alice Guy-Blaché, pionnière du récit cinématographique à une époque où le cinéma n’était considéré que comme une simple captation d’instants de vie quotidienne, est édifiant. Cette cinéaste française, a-t-elle ajouté, ayant réalisé l’un des premiers films de fiction, “La Fée aux Choux” (court métrage muet) a été cependant vouée à l’oubli, tout comme de nombreuses autres femmes pour ne citer que Louise Weber, Ida Lupino, Maya Deren, Germaine Dulac, Safiatou, Atiyat El Abnoudi, Nabiha Lotfi…
Malgré leurs talents indéniables, ces femmes ont affronté d’énormes obstacles : manque de financement, limitations dans la production et la distribution, et un système qui leur refusait des opportunités suffisantes pour exprimer pleinement leur art.
Pourtant, loin de se laisser décourager, elles ont transformé leur marginalisation en une source d’inspiration, en créant des œuvres remarquables.
Ainsi, “Regards de femmes” se veut une célébration de ces femmes de cinéma qui ont transcendé la marginalisation pour inscrire leurs noms dans l’histoire du cinéma à travers des récits audacieux et authentiques.
Lancé en 2017, le festival « Regards de Femmes » est le premier festival dédié aux femmes réalisatrices célébrant le cinéma au féminin. Une manifestation qui promeut et valorise le travail des femmes dans le monde artistique et culturel en général, et tout particulièrement le secteur audiovisuel et multimédia et qui développe les capacités des membres actifs du ciné-club Hammamet dans la gestion d’un festival de cinéma.