“Pour l’histoire… Il y a environ un an, j’ai rencontré l’un des principaux cadres du Mouvement Achaab et je lui ai reproché leur soutien inconditionnel au président Kaïs Saïed et leur manque de critiques constructives concernant les choix économiques. Il a rétorqué et je transmets fidèlement : ‘’ Écoute moi bien, il n’a pas de parti et nous sommes bien structurés avec des bases. Nous le soutenons pour qu’il ne nous nuise pas et, au contraire, nous préférons qu’il commette des erreurs pour qu’il perde de sa popularité !  Nous l’attendons au tournant”.

Pour F.A, auteur de ce post qui précise que les propos concerne l’un des dirigeants du Mouvement Achaab sans généraliser aux autres militants du parti : “ le grand rempart du président Kaïs Saïed n’est pas ses partisans, mais une opposition ratée qui se propose comme une alternative à lui, que le peuple a vu à l’œuvre et qu’il a rejetée parce qu’elle a ruiné le pays”.

Il a tout dit !

Quand le dynamo de l’engagement politique est fondamentalement opportuniste !

Quand ceux qui prétendent être des élites “opposantes” se conduisent comme les adeptes d’une secte qui vivent en vase clos dans le mépris des véritables désidératas du peuple et même de ceux qu’ils considèrent comme une “populace” !

Quand ces même élites s’engagent dans de faux consensus visant à renforcer leurs postures électorales en cherchant plus l’appui des chancelleries étrangères et des organisations internationales que celui de leurs propres électeurs !

Quand la voix du peuple rejetant le retour des acteurs d’une série d’échecs à tous les niveaux depuis plus d’une décennie, n’est pas écoutée par ceux censés les représenter, il ne faut pas s’étonner de voir les “défenseurs” de la démocratie et des droits de l’homme échouer !

Les résultats des élections présidentielles et la victoire de Kais Saïed pour un deuxième mandat, quoiqu’on puisse en dire, étaient attendus, non seulement parce que tout a été fait pour qu’elles le soient mais parce que ses rivaux et ses adversaires ont failli et n’ont pas pu convaincre le peuple de leurs capacités à changer sa vie vers le mieux !

Entendons nous bien, changer la vie des Tunisiens, et c’est ce que n’ont pas compris les prétendus élites politiques, ne se limite pas à des plaidoyers interminables sur la démocratie et les droits de l’homme, elles consistent surtout à les convaincre qu’on est meilleurs dans la gestion du pays sur le plan essentiellement socio-économique !

Or discours, sit-in, marches et manifestations n’ont jamais eu pour motivation l’amélioration de la qualité de vie des citoyens mais ont brandi plutôt des slogans sur la démocratie, les droits de l’homme et les libertés. Ce qui dans le contexte de janvier 2011 était valable ne l’est plus aujourd’hui car le peuple est dégoûté des oppositions en pacotille, des fausses alliances, du mensonge et de la mesquinerie d’une partie non négligeable des acteurs politique sur place !

Qu’on aime, ou on n’aime pas Kais Saïed, cet homme devenu par un concours de circonstance extraordinaire président de la Tunisie en 2019 a le mérite d’être clair aux yeux du peuple. Ses orientations politiques, ses choix économiques même si critiquées et irréalistes, et à juste titre, pour nombre d’experts et d’économistes sont appréciés par une partie du peuple tunisien. Certes par des personnes non édifiées sur la chose économique mais aussi par beaucoup d’autres qui se disent aujourd’hui : “au moins nous savons à quoi nous attendre et ce qui pourrait se passer” !

En fait, les opposants n’ont pas compris que le peuple ne veut plus de surprises et est dégoûté par les fausses promesses et les alliances intéressées !

En fait, les opposants n’ont pas compris que le peuple ne veut plus de surprises et est dégoûté par les fausses promesses et les alliances intéressées !

Ils n’ont pas compris que le peuple tunisien n’est pas seulement celui qui vit dans les quartiers chics, qui est intéressé par des discussions d’intello animées par ce qu’on appelle “gauche caviar” ou droite bien née qui s’ennuie et se détend par les discussions de salon ! Des mondes, dans lesquels il ne se trouve pas et qu’il ne comprend même pas ! Ils n’ont pas compris que dans l’ère Kais Saïed malgré ce qu’on considère comme absence des réalisations notables, il y a eu certaines réalisations auxquelles le peuple accorde de  l’importance et en prime :

  • l’arrestation des leaders d’Ennahdha accusés de tous les maux. A ce propos, les candidats défaits lors des dernières élections présidentielles, qui ont courtisé les sympathisants du parti islamiste, devraient se poser la question : pourquoi ils n’ont pas voté pour nous en masse alors que nous leur avions promis de libérer leurs leaders ?
  • la neutralisation des syndicats devenus indomptables après le 14 janvier et qui ont porté de grands torts à l’économie nationale et à l’Administration publique, déclenchant des grèves à tout va, criant à tout va, “nous sommes les plus forts”, les responsables et détruisant la hiérarchie administrative ;
  • quelques coups de pieds dans les fourmilières de l’Administration publique, même si insuffisants, mais qui ont réussi à activer les démarches pour certains projets et de remettre sur la table d’autres bloqués depuis des années pour des questions de pure formalité. Pour l’anecdote : un petit agriculteur de Kébili disait à un jeune entrepreneur juste avant les élections : J’ai mis des années à solliciter les administrations locales pour avoir l’autorisation de creuser un puit, je n’ai réussi à l’avoir qu’après que le président de la République a parlé de la nécessite de faciliter les procédures à des personnes comme moi et rien que pour cela, je l’élierai ;
  • la guerre menée contre les cartels bien que les stratégies de lutte contre le népotisme et la corruption ne sont pas efficientes et n’ont pas donné leurs fruits face à la généralisation de la corruption dans toutes les administrations et les institutions publiques.

Les 5 ans passées de Kais Saïed n’ont pas été celles des meilleurs choix économiques et décisions politiques mais elles ont donné à une grande partie du peuple, celle qui s’est rendue dans les urnes, les raisons de le réélire et c’est ce qui importe !

Que le choix ait été judicieux ou pas, il reviendra au président élu de leur prouver qu’ils ont été bien avisés en le réélisant.

Que le choix ait été judicieux ou pas, il reviendra au président élu de leur prouver qu’ils ont été bien avisés en le réélisant.

N’oublions toutefois pas que seulement 6% des 18-35 ans qui représentent 32,6% de l’ensemble des électeurs se sont rendus aux urnes, que 42% seulement des femmes plus nombreuses à être inscrites sur les listes électorales, se sont acquittées de leur devoir électoral et que seulement 29% des 1 975 542 électeurs des plus de 60% se sont rendus dans les bureaux de vote.

Est-ce à dire qu’une grande partie du peuple tunisien a boudé les élections présidentielles ?

Cela dépends des différentes lectures. Les chiffres disent que le nombre de ceux qui ont choisi Kaïs Saïed au premier tour est supérieur à celui de ceux qui ont élu Béji Caïd Essebssi au deuxième tour au mois de décembre 2014 ! Soit près de 2 millions 439 milles voix alors que ceux qui ont voté BCE étaient de plus de 1,7 millions de voix ! C’est dire !

N’empêche, il ne faut pas tourner le dos à ceux qui n’ont pas trouvé d’intérêt à se rendre aux urnes. Car ils attendent plus et mieux. Ils attendent l’apaisement, ils attendent le retour des compétences, ils attendent un discours présidentiel unificateur et édificateur, ils attendent le rétablissement de la confiance entre les décideurs politiques et le peuple toutes catégories confondues, des plus riches aux plus pauvres et des plus compétents au moins qualifiés et des plus instruits et cultivés aux moins instruits.

Les 5 années précédentes ont été celles de l’assainissement -un assainissement tout relatif-il faut le reconnaître- les 5 prochaines années devraient être celles de la reconstruction du pays ! “La seule véritable erreur est celle dont on ne retire aucun enseignement.” Dixit l’auteur John Powell.

Amel Belhadj Ali