Le ministère des Finances devrait incessamment soumettre le projet de loi des Finances 2025 à l’ARP. Une loi qui selon Kamel Maddouri, Chef du Gouvernement, doit traduire la vision socioéconomique de l’État : “l’amélioration des indicateurs économiques et financiers doit être accompagnée de mesures visant à consacrer le principe de justice fiscale, maîtriser l’inflation, renforcer le pouvoir d’achat, développer le système de protection sociale et répondre aux attentes et aspirations de toutes les catégories du peuple tunisien.”
Que devons nous attendre de la loi des finances qui doit être soumise pour discussion à l’ARP ce mois-ci au vu du document publié et comprenant ses grandes orientations ? A bien lire le document du ministère des Finances, les seules précisions qui vaillent que nous relevons sont relatives au cours du baril de pétrole et celui du cours de change du dollar.
Ce sont les hypothèses de la loi de Finances 2024 qui ont été retenues les concernant. Soit 1 dollar valant 3,2 dinars et un cours du baril de pétrole qui se situe entre 70 et 80 $. A ce propos, il faut espérer que les hostilités entre l’Iran et l’État sioniste ne dégénèrent pas en une guerre pouvant susciter une flambée des cours du pétrole.
“La loi de finances 2025, un véritable baromètre des ambitions économiques et sociales du gouvernement tunisien.”
En Tunisie, dans les grandes orientations de la loi de Finance, nous ne trouvons pas trace du taux de croissance ambitionné. Le taux de croissance constitue pourtant l’hypothèse fondamentale pour l’élaboration de toute stratégie budgétaire. C’est basique estime nombre d’experts car on ne peut faire de cadrage macroéconomique sans fixer le taux de croissance. C’est à partir du moment où nous fixons l’objectif taux de croissance que nous pouvons prévoir les recettes fiscales, le déficit budgétaire ou l’endettement supplémentaire.
Résultats de la course, dans l’attente que le projet de la loi des Finances soit soumis à l’ARP, nous ne pouvons pas avoir une idée précise sur les recettes prévisionnelles fiscales, celles non fiscales aussi, l’endettement supplémentaire, le déficit courant ou encore le déficit budgétaire, soit des agrégats économiques importants.
“Le taux de croissance, un indicateur clé absent des grandes orientations de la loi de finances 2025.”
D’un autre coté, nous sommes à deux mois de la fin de l’année budgétaire 2024 sans loi de Finances complémentaire. Nous en aurons besoin même si le décalage entre la loi de Finances initiale et celle complémentaire ne sera pas très important, étant donné que la loi des Finances 2024 a été préparée sur la base d’un taux de croissance prévisionnel de l’ordre de 2,2%.
Aujourd’hui, au meilleur des cas, la Tunisie réalisera un taux de croissance de 1%. Comment faire pour couvrir le gap ? C’est peut-être la promulgation d’une loi de Finances complémentaire qui permettra un recadrage macroéconomique plus précis pour le budget 2025.
Rappelons aussi que la Loi des finances 2024 s’est basée sur l’hypothèse d’une récole de céréales de l’ordre de 14 millions de quintaux, or la récolte en question n’a pas dépassé les 6,7 millions de quintaux, ce qui nous obligera à importer davantage de céréales, à augmenter le budget subvention sans oublier la production de phosphate qui a reculé en 2024. Autant de paramètres qui ont dû être pris en compte dans le projet de loi des Finances 2025.
“La loi de finances complémentaire s’avère nécessaire pour ajuster les prévisions budgétaires.”
En attendant, nous ne pouvons pas encore savoir ce que seront les mesures fiscales en 2025. “Il faut attendre le projet de loi des Finances 2025, aussi bien dans sa composante budgétaire que dans sa composante fiscale pour avoir le cœur net ”.
Sur un tout autre volet, on ne peut négliger le point de vue du président de la République Kais Saïed nouvellement élu s’agissant de mesures à prendre concernant les couches sociales défavorisées, le secteur informel ou encore les TPE.
Des choix socioéconomiques qui devraient aussi être traduits par des mesures concrètes dans le projet de loi des Finances 2025 ce que nous découvrirons après le 16 octobre.
Dans l’attente, croisons les doigts.
A.B.A