Après une nuit de travail intensif avec ses collègues pour transformer l’espace de l’Institut Français de Tunisie en une clinique mobile de dépistage précoce du cancer du sein, Malek Boudrabal, secrétaire générale de l’Association Tunisienne de Soutien aux Patients Atteints du Cancer du Sein, parcourt les lieux pour offrir conseils et soutien aux femmes participant à la journée de sensibilisation de l’événement “Octobre Rose”.
Avec un regard empreint de chaleur, Malek observe les visages des femmes assises côte à côte dans la salle d’attente de l’institut, décorée aujourd’hui de ballons roses. Elles attendent leur tour pour un examen gynécologique. Pour Malek, “plus les femmes procèdent tôt au dépistage, plus leurs chances de prévenir la maladie augmentent.”
Animée par une passion inépuisable, cette femme consacre son énergie à guider et soutenir les femmes dans leur parcours de prévention et de traitement. Sa détermination trouve sa source dans une expérience vécue en 2005, lorsqu’elle a dû subir une mastectomie pour retirer une tumeur cancéreuse qui s’était propagée dans son sein, modifiant sa vie à jamais, mais la transformant en icône de la défense de la santé des femmes.
Malek raconte à TAP : “J’ai découvert par hasard, il y a 19 ans, alors que j’avais 30 ans, que j’étais atteinte d’un cancer du sein à un stade précoce… Je travaillais alors à la télévision nationale comme scénariste pour une émission médicale. Le docteur Khaled Rahal, qui avait traité ma mère pour la même maladie, était l’invité de l’émission.”
Consciente du rôle potentiel des gènes héréditaires dans le risque accru de développer ce type de cancer, Khaled Rahal, à l’époque chef du service de chirurgie oncologique à l’Institut Salah Azaiz, l’avait invitée à passer une mammographie. Le diagnostic fut un choc : elle était atteinte d’un cancer du sein.
Le choc fut encore plus grand lorsque le médecin constata que les cellules cancéreuses s’étaient propagées dans plusieurs zones du sein, ce qui le poussa à prendre la décision radicale de procéder à une mastectomie totale. Comme beaucoup de femmes ayant vécu cette expérience, Malek a ressenti un mélange de choc, d’inquiétude et de confusion face à ce diagnostic.
“Le fait que ma mère ait dû subir un protocole de radiothérapie et de chimiothérapie épuisant après la découverte tardive de son cancer m’a poussée à accepter l’idée de la mastectomie pour préserver ma santé”, confie Malek, “mais il m’a été difficile d’accepter que je perdrais un organe de mon corps pour toujours.”
Contrairement à sa mère, Malek a choisi une reconstruction mammaire simultanée, mais l’intervention n’a pas réussi en raison du rejet de l’implant par son corps, ce qui a renforcé son sentiment de frustration.
Aujourd’hui, grâce à son engagement dans l’association, Malek se bat pour sensibiliser les femmes à l’importance du dépistage précoce, rappelant que plus le diagnostic est tardif, plus les risques de propagation du cancer augmentent.
Khemais Ben Brik