Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) Fethi Zouhair Nouri, a souligné, dans le rapport annuel de la BCT de l’année 2023, l’importance de maintenir une approche prudente et de faire preuve de beaucoup de patience dans la conduite de la politique monétaire, particulièrement face aux pressions inflationnistes incertaines.

Cette démarche est indispensable pour éviter des réactions précipitées, en réponse aux fluctuations brusques des prix, qui pourraient même compromettre la stabilité financière.

La BCT s’engage, ainsi, à adapter ses actions de manière mesurée et réfléchie, en tenant compte des impacts potentiels des chocs économiques. Cette conduite permettra de soutenir une croissance économique durable, tout en veillant à ce que les ajustements de politique monétaire soient bien calibrés et en phase avec les réalités économiques nationales et internationales.

Devant la persistance de ces défis, il est impératif de coordonner davantage les politiques budgétaires et monétaires pour renforcer la résilience de l’économie tunisienne, face aux chocs externes dans un environnement mondial turbulent, de préserver les équilibres macroéconomiques et d’assurer la stabilité financière et de stimuler la reprise économique et de converger vers une croissance soutenue et durable.

S’agissant de la situation économique du pays en 2024, Nouri a indiqué que la résilience de l’économie tunisienne serait encore au rendez-vous et la croissance économique s’établirait autour de 1,6%, grâce à une meilleure saison agricole et au bon comportement de l’activité touristique, en dépit de la faiblesse des industries manufacturières exportatrices et de la contre performance des secteurs des mines et des hydrocarbures.

Evoquant la question de l’inflation, le gouverneur de la BCT a, par ailleurs, souligné que même si l’inflation a montré des preuves de détente, depuis l’année dernière, l’incertitude pèse encore sur l’évolution future des prix et les risques de sa persistance sont encore réels, en relation, notamment, avec la remontée des prix internationaux sur fond de l’escalade des tensions géopolitiques, de l’aggravation du stress hydrique et de l’accentuation des pressions sur les finances publiques.

Il a rappelé que, de par sa mission de veille à la stabilité des prix, la BCT demeurera attentive aux évolutions futures de l’environnement économique et financier, afin d’éviter une nouvelle dérive inflationniste. Nouri a passé en revue la situation économique durant l’année 2023 et les résultats réalisés au cours de l’année dernière, ainsi que les missions de la banque, et son rôle dans la stabilisation du taux de change du dinar vis-à-vis des principales monnaies et à soutenir les réserves en devises, en dépit d’un accès limité aux ressources extérieures.

Concernant les finances publiques, le déficit budgétaire hors privatisations et dons s’est élevé à 7,4% du PIB, en 2023, contre 7,9%, en 2022, considérant la faiblesse de la croissance économique. Ce léger mieux est attribuable, d’un côté, à l’augmentation des ressources propres qui traduit l’amélioration du recouvrement et, de l’autre, à l’adoption d’une politique budgétaire rigoureuse, axée sur la maîtrise des dépenses.

Corrélativement, le taux d’endettement public a accusé une légère hausse pour passer de 82,3% à 83,0% du PIB, d’une année à l’autre. Néanmoins, ce ratio demeure à des niveaux relativement élevés, malgré la nette baisse de sa composante extérieure. Pour ce qui est de l’inflation, Nouri a souligné que la forte inertie de l’inflation tendancielle a amené la BCT à conduire une politique monétaire vigilante et à maintenir son taux d’intérêt directeur au niveau de 8%, tout au long de l’année 2023.

C’est de la sorte qu’elle a visé à contenir les risques inflationnistes et de soutenir une convergence plus rapide de l’inflation vers sa valeur de moyen terme, évitant ainsi un désencrage des anticipations inflationnistes. La politique monétaire relativement restrictive, adoptée par la BCT, conjuguée à la faible demande domestique, qui en a résulté, ont conduit à un rythme de progression faible des crédits et à une relative stabilité des réserves en devises et du taux de change du dinar.

D’ailleurs, affecté par la faiblesse de la croissance économique, en termes réels, l’encours des créances sur l’économie n’a progressé, durant l’année 2023, que de 2,5% contre 7,9% une année auparavant Le gouverneur de la BCT a présenté les grandes lignes des plans de la banque, dont le lancement, au cours de l’année, sous-revue son deuxième plan stratégique 2023-2025.

Dans ce cadre, un projet de mise en place d’un dispositif de management d’innovation de la Banque Centrale a été lancé, conformément aux orientations de ce plan qui vise à favoriser l’innovation et poursuivre la transformation pour renforcer la résilience de l’institution Il s’agit également de développer la formation, d’adopter une politique des services bancaires ouvertes, et d’œuvrer à moderniser l’infrastructure des marchés financiers, ainsi que de renforcer l’inclusion financière et de lutter contre l’exclusion financière