L’évènement, ces temps ci,  au centre ouest de la Tunisie est manifestement l’ouverture de la saison de la cueillette de l’alfa, plante naturelle couvrant environ 350 mille hectares de nappe alfatière.

L’information, qui concerne quatre gouvernorats (Kasserine, Sidi Bouzid, Gafsa et Kairouan), est fournie par le ministère de l’agriculture. Elle est publiée dans le JORT n°119 du 01 octobre 2024.

D’après la même source, la saison de cueillette de l’alfa est ouverte aux terrains appartenant à des particuliers et aux terrains relevant du domaine privé de l’État, du 1er septembre 2024 au 31 janvier 2025.

Il s’agit d’un évènement majeur en ce sens où la valorisation de l’alfa constitue un pilier de première importance dans le développement des régions précitées. Et pour cause.

Valorisation industrielle et artisanale de l’Alfa

La transformation industrielle de 40 mille tonnes d’Alfa achetées en moyenne par an par la Société Nationale de Cellulose et de Papier Alfa(SNCPA) chez les arracheurs d’alfa (6000 familles environ), contribue à la diminution du taux de chômage au niveau urbain et permet au pays de fabriquer un papier fin de haute qualité et  d’économiser des devises dédiées à l’importation de papier. L’alfa occupe, également, des milliers de personnes dans le milieu rural. Ces dernières étant engagées pour la moitié de l’année dans l’activité d’arrachage et de récolte de ce couvert végétal.

“La valorisation de l’alfa constitue un pilier de première importance dans le développement des régions précitées.”

L’artisanat de l’alfa est aussi une activité enrichissante d’un milieu d’origine pauvre. La fibre d’Alfa, de part sa nature fine, courte et assez rigide, constitue l’une des rares matières premières permettant de confectionner des articles et objets d’artisanat de grande qualité (tapis, paniers tressés….). Il s’agit, de nos jours, d’une activité rémunératrice particulièrement à l’export.

Néanmoins, les avantages que présentent la cueillette et la valorisation de cette plante naturelle ne doivent pas occulter les menaces qui pèsent sur les nappes alfatières.

Les menaces sont réelles et nécessitent des interventions d’urgence

Selon une étude intitulée « L’alfa industriel dans la région du centre-ouest de la Tunisie: pilier principal d’allègement de la pauvreté en milieu rural », effectuée par trois chercheurs, Salah Selmi, Tahar Alou, M.At/K Helal, «les nappes alfatières, situées dans un espace à climat difficile et constituant ainsi le dernier front de défense contre la désertification, subissent les méfaits de la sécheresse. Elles sont menacées par la dégradation ayant souvent pour causes des actions anthropiques (humaines) abusives.

Les chercheurs estiment que l’Etat devra concilier entre un objectif de développement durable basé sur l’aménagement de ces espaces et un objectif de soutien au développement local conjoncturel et ce, en l’absence d’autres alternatives efficaces ».

Au rayon des solutions, les chercheurs pensent que « l’aménagement des nappes alfatières passe nécessairement par sa mise en défens contre l’arrachage et le pâturage ».

“Les nappes alfatières, situées dans un espace à climat difficile et constituant ainsi le dernier front de défense contre la désertification, subissent les méfaits de la sécheresse.”  

Seulment une telle solution, pour peu qu’elle soit adoptée, va priver les populations pendant quelques années d’une source importante de revenu.

D’après l’étude, une telle situation « met en relief l’équilibre aussi important que précaire que l’administration doit établir et maintenir pour protéger les nappes alfatières contre la dégradation mais, en même temps, pour maintenir, si ce n’est pas améliorer, leur participation au bien-être des habitants de la région.

« La problématique du développement durable, impliquant l’adéquation de la conservation et/ou réhabilitation des ressources naturelles et le développement agricole soutenable, se pose donc avec pertinence, insistance et urgence », relève l’étude.