Un colloque international intitulé « Avant-gardisme et pluridisciplinarité » sera organisé, cette semaine à Tunis, à la mémoire de l’historienne et universitaire Mounira Chapoutot Remadi disparue il y a an, le 22 octobre 2023.

Le colloque se tiendra les 24, 25 et 26 octobre, en collaboration entre l’Académie Tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts, Beit al Hikma, et la Bibliothèque Nationale de Tunisie (BNT). Il se tiendra les 24 et 25 octobre au palais de l’Académie, à Carthage-Hannibal, et le 26 octobre au siège de la Bibliothèque Nationale de Tunisie, à Tunis. L’évènement commence quotidiennement à 9h00 du matin.

Les thèmes de l’avant-gardisme et de la pluridisciplinarité s’inscrivent dans l’esprit qui a caractérisé Mounira Chapoutot-Remadi : l’érudition, la transdisciplinarité et la transmission des savoirs. Des universitaires et experts de renom ainsi que membres de l’Académie traiteront de l’histoire et de la société à travers ses multiples dimensions : anthropologique, humaine, socio-politique et scientifique.

Historienne, spécialiste du Moyen-âge, du monde arabe et musulman, Mounira Chapoutot-Remadi (27 avril 1942 Tunis- 22 octobre 2023 Paris) était Professeure émérite à la faculté des Lettres de Tunis et membre de l’Académie Beit Al-Hikma, où elle avait dirigé le Département des Sciences humaines et participé à l’organisation de colloques de haute facture, ainsi qu’à l’enrichissement des échanges intellectuels et académiques sur des questions majeures.

Ayant joué un rôle précurseur dans son domaine, l’histoire, en Tunisie et en Orient, elle s’est positionnée dans la pluridisciplinarité quant au choix de certains sujets de thèses de ses étudiants, pour adopter une posture transdisciplinaire à la fin de sa carrière en intégrant le groupe « Food Studies » qu’elle contribué à fonder à Beit al Hikma.

Le long de sa carrière académique, Mounira Chapoutot a brillé par ses approches pluridisciplinaires, aussi bien dans ses recherches que dans son enseignement. Convaincue et décidée, elle a agi dans la discrétion et fait dans la subtilité. Aussi a-t-elle introduit les méthodes de l’anthropologie, de la géographie physique, de la démographie, sans oublier la psychologie et la médecine (à travers l’épidémiologie, la pharmacopée et la thérapeutique). C’est ainsi qu’elle a eu à encadrer des thèses et des mémoires sur l’histoire de la médecine et l’histoire des mathématiques.

Mounira Chapoutot Remadi portait sur le monde le regard de l’Historien. Elle reliait le présent au passé et se projetait dans le futur. Tout fait, tout événement prenait, avec elle, une profondeur historique et suscitait des spéculations prospectives. Elle fut l’une des premières à s’intéresser à l’anthropologie historique et au patrimoine matériel et immatériel. Appréhendant l’histoire non pas uniquement à travers les faits politiques mais dans toutes ses dimensions humaines y compris technologiques et scientifiques elle est considérée une historienne accomplie.

Interpellée par ce qui est nouveau, elle était d’une curiosité intellectuelle insatiable, transgressant les frontières entre les cultures et les disciplines et ouvrant des champs de recherche originaux et innovants. Avant-gardiste dans le choix des sujets qu’elle avait traités dans ses cours et ses recherches ou qu’elle avait proposés à ses élèves dans le cadre des mastères ou des doctorats, elle avait un esprit très ouvert sur les autres disciplines telles que la médecine, les mathématiques, les sciences fondamentales, les lettres et les arts. Elle était aussi très passionnée par les romans et faisait partie des jurys de prix littéraires de grande renommés. Elle a toujours encouragé l’échange, l’interaction et la coopération au-delà des frontières disciplinaires.

D’une longue carrière d’enseignante et de mentor ainsi que d’une expérience de bâtisseuse, Mounira Chapoutot Remadi partageait avec les pionniers qui ont construit l’université tunisienne, le sentiment d’être investie d’une responsabilité vis-à-vis des plus ceux qu’elle a contribué à former et des jeunes en général, avec le souci de préserver les acquis qu’elle a participé à concrétiser.